Il faut croire que le Mali est à l’honneur dans les médias français. Entre le mois de décembre de l’année dernière et ce mois de janvier, ça tire de partout. Les attaques viennent de tous les supports que peuvent offrir les médias : journaux, radios, télévisions et réseaux sociaux. Les attaques ont les mêmes commanditaires, les milieux hostiles au Mali et à ses dirigeants, les milieux dont l’ignorance de notre pays confine au mépris. Les cibles ne changent pas encore moins la violence des attaques.

En ce mois de janvier finissant, les Maliens ont été ahuris de voir sur les plateaux de télévision (Europe 1, ce qui est bien une première ; on a connu TF1, France 2, TV5 et même LCI, mais Europe 1, c’est bien nouveau) et dans les colonnes de journaux (Le Figaro, etc.), des attaques ciblées et concordantes. Les auteurs sont abreuvés aux mêmes sources d’information et semblent unis dans leur acharnement contre le président de la République et contre le Mali. IBK est traité de tous les noms, avec cette morgue et cette condescendance dont seuls peuvent s’en rendre capables ceux qui sont aveuglés par la haine. IBK serait un démagogue qui ne serait mû que par son souci de réélection, n’hésitant pas à opposer les populations du Sud à celles du Nord, IBK tiendrait en otage la France dont les forces militaires seraient les seules véritablement opérationnelles et efficaces dans la lutte contre les terroristes. Et la seule fois où les journalistes usent du conditionnel, comme pour donner l’impression qu’ils ne sont pas très sûrs même si cela parait vraisemblable, c’est quand ils affirment que le président français Emmanuel Macron aurait demandé à IBK de ne pas se présenter à l’élection présidentielle du mois de juillet à venir. Voilà la finalité de toute la démarche boiteuse et biscornue : IBK ne doit pas être candidat à sa propre succession parce que même l’ancien colonisateur ne voudrait pas de lui. Qu’il s’agisse de Vincent Hervouet sur Europe 1, de Patrick Saint-Paul, de Isabelle Lasserre et de Thierry Oberlé dans le Figaro, les intentions sont les mêmes : vouloir déstabiliser le Mali en tapant sur ses dirigeants.

Avant les articles et émissions de ces derniers jours, notre pays était à l’honneur dans les médias français. En effet, deux articles, rien que ça, avaient été publiés dans le prestigieux journal « Le Monde Afrique », en 24 heures… chrono, consacrés au Mali. Il y aurait de quoi bomber le torse comme un coq monté sur ses ergots. « Les responsables maliens donnent le sentiment que la réconciliation ne les concerne pas » affirme de manière sentencieuse dans un article un certain Bruno Joubert qui fut dans une autre vie chargé de l’Afrique à la présidence la République sous Nicolas Sarkozy dans la parution du 21 décembre 2017. « Quand le Mali, grand corps malade, se pose en ‘’protecteur’’ de la France », de la chroniqueuse du journal Sarah Jane-Fouda dont l’objectif est de « démonter la rhétorique d’Ibrahim Boubacar Keïta, président d’un pays menacé de disparition sans l’intervention de Paris », article publié le 20 décembre 2017. Ces articles clôturaient la série de décembre entamée le 8 décembre 2017 par un article tout aussi gratuitement sévère, « Le Mali doit redécouvrir la décision démocratique », signé par un collectif de chercheurs, de journalistes, de diplomates, etc. Il y aurait de quoi se bomber le torse devant l’intérêt que suscite notre pays dans une rédaction aussi prestigieuse que celle du journal Le Monde, sous des plumes habituellement pertinentes et moins péremptoires.

Il n’est pas dans notre intention de polémiquer mais nous comptons fermement éviter les pièges grossiers que nous tendent leur ignorance du Mali et leur mépris dégoulinant de tous leurs pores des Maliens et de leurs dirigeants. Quand ceux qui ont assassiné Kadaffi et démantelé la Libye déversant du même coup des milliers de terroristes et des millions d’armes qui ont fondu sur le Mali et les pays du Sahel tentent de nous faire la leçon, c’est le vice qui donne des leçons à la vertu. Pensant s’exonérer d’un crime pour lequel son ex-mentor est poursuivi par la vindicte populaire de la société civile africaine en attendant le passage de témoin souhaité à la CPI, Joubert nous étale son ignorance du Mali et son mépris de l’autre en nous renvoyant aux notions éculées du Nord contre le Sud sur fond de comparaison avec un pays frère comme le Niger. On ne saisit que mieux l’ampleur du drame qui frappe l’Afrique quand on sait que ce sont des hommes comme Joubert qui conseillaient le président français.

Les autorités maliennes ont affirmé dès l’abord, que l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale n’était pas parfait mais qu’il n’y avait aucune autre alternative. Il faut l’assumer dans son contenu et l’appliquer rapidement pour que le Mali retrouve la Paix. « Allons lentement, nous sommes pressés », tel est le sens de la démarche des autorités que certains assimilent à de la lenteur. Nous ne voudrions pas revenir sur des actes posés à la hâte et qui disparaitraient à la première difficulté. Ce qui fait tout ce qui est l’Accord prévoit est mis en œuvre ou est en cours d’être mis en œuvre.  Et l’Accord implique d’autres acteurs qui ont aujourd’hui plus de problèmes entre eux qu’avec les autorités centrales. Concernant la comparaison avec le Niger dont le Premier ministre est du Nord, nous laissons Joubert à son ignorance de l’actualité malienne de ces 20 dernières années. Aujourd’hui, le Premier ministre malien est du Nord et il dirige un gouvernement où il figure au moins 10 ministres du Nord (son prédécesseur aussi originaire du Nord).

Quant à la chroniqueuse, nous aurions volontiers gardé le silence n’eût été cette haine du Président IBK qui sert d’encre pour une plume délibérément acérée pour l’occasion. Elle est énervée parce que le président IBK a déclaré que le Mali est la digue qui ne devrait pas rompre. Ces propos sont tenus par tous les président du G5 Sahel qui par extension affirment que le Sahel constitue le dernier rempart. Le président français Emmanuel Macron n’en dit pas moins quand il pense que l’avenir de la civilisation se joue dans le Sahel et que la sécurité de la France s’y joue. N’en déplaise à la chroniqueuse, le Mali est debout. Et il marche. Là aussi, les Maliens ne sont pas pressés parce qu’ils savent que le pays revient de loin. Ce qui a fait dire à François Hollande lors du dernier sommet Afrique-France tenu à Bamako en Janvier qu’il ne connait pas dans l’histoire, l’exemple d’un pays comme le Mali qui s’est relevé en si peu de temps après ce qui lui est arrivé.

Les saillies de ces derniers jours sur fond de mépris et d’ignorance ne sont ni les premières du genre et ne seront certainement pas les dernières. Au fur et à mesure que les échéances importantes pour le Mali approcheront, il y ‘en aura certainement de plus en plus régulières et de plus en plus brutales. Mais au Mali, comme en France d’ailleurs, nous savons que tout ce qui est excessif est vain. Eux, contrairement aux « chiens » mis aux trousses du Mali et de son Président, ne devraient pas ignorer que nous sommes tous dans le même bateau et que chacun devrait travailler à ce qu’il arrive à bon port.

Ali Kéita

Magnambougou, Sokorodji

22 Septembre