Point besoin de recourir à un décompte macabre pour convaincre de l’horreur que vit notre pays du fait de psychopathes obscurantistes aux motivations obscures. Le Mali a saigné et saigne encore ; les Maliens ont pleuré et pleurent toujours. La souffrance est ineffable. La consolation néanmoins dans cette situation cataclysmique, c’est la mobilisation exceptionnelle de la Communauté internationale au chevet du Mali.

 

Mais, une mise à jour du logiciel s’impose autant du point de vue de la sémantique que de l’opérationnel.

Le soutien international apporté au Mali se manifeste sous la forme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il se trouve que la stabilisation qui a, entre autres, comme synonymes l’affermissement, le raffermissement ne s’avère pas congruent avec le cas de figure qui est le nôtre ; d’autant plus qu’on est censé raffermir quelque chose qui est, d’une certaine manière, déjà solide. Or, il n’y a quasiment plus rien de solide au Mali. L’État est illico presto remplacé par les jihadistes dans les zones qu’il déserte quand ils ne le contraignent pas à calter ; dans la même République deux lois font la cavalcade (les textes de la République et la Charia) et sont appliqués, selon les localités, aux citoyens ; sur le même territoire, l’État lève l’impôt autant que les jihadistes ; la justice dans le même pays est distribuée aussi bien par l’État que par les jihadistes. Ce tableau apocalyptique justifie amplement un ajustement sémantique par un remplacement de ‘’stabilisation’’ par ‘’imposition’’. Ce qu’il faut imposer, c’est la sécurité et la paix suivra comme corollaire.

Il faut également un ajustement opérationnel du mandat de la MINUSMA, parce que quoique devenu fort au terme de la résolution 2480 (2019), ses effectifs sont restés au même niveau (au maximum 13 289 militaires et 1 920 policiers). Faute d’effectifs suffisants, le front de Tombouctou est dégarni au profit du Centre devenu une nouvelle zone de déploiement. Conséquence. La Mission onusienne n’est pas plus performante à Tombouctou qu’elle ne l’est au Centre en raison d’un éparpillement improductif des hommes, mais également des moyens matériels qui sont tout autant limités. Dès lors, l’ajustement à opérer, c’est plus d’hommes, davantage de moyens matériels et une meilleure couverture des zones méphitiques par les hordes de séides.

L’ajustement apodictique à opérer devrait également et surtout se faire contre la montée des populismes, la défiance généralisée envers les forces étrangères, le dégagisme et la pratique désinvolte d’un cynisme sans horizon qui sont nourris par une franche de la population. Nous comptons d’abord sur nos FAMa. Il n’y a pas matière à chipoter là-dessus. Mais, le soutien de pays amis dans la riflette mondiale contre le terrorisme, nous ne saurons le décliner au nom d’un chauvinisme ébouleux et fantaisiste.

PAR BERTIN DAKOUO

INFO-MATIN