ARENE POLITIQUE

UN SEISME S’ANNONCE AU SEIN DE LA CMP AVANT LA PROCHAINE PRESIDENTIELLE

C’est un secret de polichinelle que dire, de nos jours, la Convention des partis politiques pour la Majorité Présidentielle (CMP) est en train de se réduire comme peau de chagrin, dans la mesure où certaines formations politiques qui y avaient adhéré, ont tout simplement claqué la porte et pour diverses raisons. On se souvient que le bal des démissions du sein de cette coalition de partis politiques, censés défendre le programme de gouvernance et aussi les actions du Président de la République, a commencé par le départ du parti « Alliance Démocratique pour la Paix » (ADP-Maliba) en août 2016, suivi deux mois plus tard, soit en octobre de la même année, par le parti ‘’Solidarité africaine pour la Démocratie et l’Indépendance’’ (SADI).

Un an plus tard, soit en octobre 2017, c’est le parti ‘’Convergence d’Action pour le peuple’’(CAP) qui démissionnait de la CMP et le parti ‘’Yèlèma’’ de Moussa Mara en faisait autant en juillet 2017. La dernière démission du sein de la Majorité Présidentielle est celle du parti ‘’Congrès National d’Initiative Démocratique-Faso Yiriwa Ton’’ (CNID-FYT) de Me Mountaga Tall, en date du 5 février 2018. Si les observateurs et autres politologues maliens sont unanimes à dire que c’est le cas du parti ‘’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice’’ (ADEMA-PASJ) qui devient intriguant au sein de la CMP, eu égard au fait que jusque-là, cet ex-parti majoritaire du Mali ne parvient pas à se fixer sur une position claire et définitive, quant à son soutien aux actions de la coalition, eh bien un autre fait plus inquiétant profile à l’horizon et qui pourrait sérieusement handicaper cette mouvance dite majoritaire. En effet, depuis quelques temps maintenant, certains partis politiques membres de la CMP ne cessent de se plaindre du traitement inégalitaire dont ils sont régulièrement victimes de la part notamment du parti présidentiel. Ces formations politiques qui dénoncent leurs marginalisations dans la distribution des postes de l’appareil d’Etat, seraient au nombre de 14 et auraient décidé de mener une action collective en se retirant tout simplement de la Convention des partis politiques pour la Majorité Présidentielle (CMP).

 

Il faut dire que depuis longtemps, à titre individuel, chacune de ces formations politique avait nourrit des velléités de claquer la porte de ce regroupement, mais rechignait toujours à le faire, dans l’espoir que les choses vont s’améliorer avec le temps. Mais peine perdue, les choses ne font qu’aller de mal en pis. La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase ces temps-ci et qui aurait poussé ces 14 partis politiques à envisager leur retrait collectif de la CMP, tient essentiellement en deux points. D’abord, les comportements inconvenants de certaines têtes couronnées du parti présidentiel qui se croient tout permis et qui considèrent les dirigeants des autres partis de la convention comme des moins que rien qui ne doivent leurs survies que grâce au RPM. C’est dans cette situation, on ne peut plus inconfortable pour les alliés du parti présidentiel, que le tout nouveau ministre du Développement Local (un portefeuille taillé sur mesure), Soumana Mory Coulibaly s’est permis une de ces sorties malencontreuses à l’endroit des dirigeants des partis membres de la CMP, de la région de Ségou, lors d’une rencontre avec ceux-ci. Au cours de cette rencontre, ce ministre issu des rangs du RPM, aurait instruit, sur un ton de mise en garde, à ses interlocuteurs d’informer leurs hiérarchies respectives que désormais, tous ceux qui ne s’inscrivent pas résolument dans les sillages de la Convention pour la Majorité Présidentielle (CMP) ou qui auraient des ambitions présidentielles doivent quitter cette coalition majoritaire.

Cette tête couronnée du RPM aurait même annoncé un remaniement ministériel pour le courant du mois d’avril prochain et aurait affirmé que tous les ministres qui ne seraient pas militants de partis résolument engagés pour la CMP, seront purement et simplement mis à l’écart. Si Soumana Mory se permet une telle sortie comme si c’est lui qui décidait de qui doit entrer ou sortir du gouvernement, en lieux et places du Président de la République et du Premier ministre, cela est des moins surprenants dans la mesure où son mentor Bocari Tréta aussi a souvent usé de ce refrain qu’on a assez entendu et qui devient d’ailleurs sans importance. En tout cas cette sortie du ministre Soumana Mory n’a pas manqué d’irriter ses interlocuteurs qui ont immédiatement rapporté ces propos à leurs hiérarchies et c’est ainsi que les 14 alliés du RPM ont décidé de s’unir pour une démission collective du sein de la CMP, dans les jours à venir. Un autre fait qui aurait irrité les partis membres de la CMP serait en rapport avec l’usage que voudrait faire le RPM, d’une subvention de 50 millions de francs CFA que le Président de la République aurait donnée à la Majorité Présidentielle. A vrai dire, il n’est pas étonnant de voir nos formations politiques s’entredéchirer dès lors qu’il s’agit d’une répartition d’argent, que ce soit entre les partis politiques ou entre les dirigeants desdits partis. Il a été prouvé à maintes reprises que sous nos tropiques, on ne vient pas à la politique par conviction idéologique ou civique, mais on n’y vient plutôt pour des intérêts égoïstes. Cela est valable au niveau de tous les partis et caractérise tous nos hommes politiques, sans exception. En tout cas avec les différentes démissions qui ont déjà été enregistrées au sein de la CMP, si les velléités de démission collective de ces 14 formations politiques venaient à se concrétiser comme annoncé, la CMP pourrait perdre sa raison d’exister.

PAR Mamadou GABA

Source: Nouvel Horizon