Pourquoi l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, ne rentre-t-il pas au pays ? Qu’est-ce qui explique le prolongement de son séjour à Dakar et pourquoi a-t-on l’impression qu’il se plaît plus dans la capitale sénégalaise que dans son propre pays, et qu’il n’est même pas pressé de regagner, définitivement, sa mère patrie.

«Dès que ma résidence à la base B sera achevée, petit-frère, je rentrerai». Voilà, en substance, ce que nous a répondu le président Amadou Toumani dans sa résidence à Dakar, au petit palais, en face de l’Hôpital-Le-Dantec. On était encore en 2012, vers la fin de l’année, et on n’était pas nombreux à nous montrer chez celui qui venait d’être destitué par un putsch qualifié de coup d’Etat le plus ridicule au monde. Pourquoi le président avait-il insisté sur «sa résidence» ? C’est plus tard que nous comprendrons.

En effet, beaucoup de Maliens ne s’en souviennent pas, mais, quelques mois avant la fin de son mandat, Amadou Toumani Touré avait initié, avec une entreprise chinoise, la rénovation de la villa des hôtes dans laquelle il passait, d’ailleurs, tous ses week-ends ; rencontrait des amis et profitait de la compagnie de ses parents et connaissances, loin du protocole normal et habituel de Koulouba. L’intention affichée et légale d’ATT était d’habiter cette villa après avoir quitté ses fonctions de président de la République.

Il faut noter que le statut d’ancien président lui donne droit à une résidence offerte par l’Etat. Alpha en bénéficie, Dioncounda en a eu droit (après qu’IBK l’eut délogé de la première résidence à la base, celle dans laquelle habitent les Premiers ministres). Après le coup d’Etat, les travaux à la villa des hôtes (destinée à ATT) avaient démarré avant qu’ils ne connaissent un ralentissement pendant la transition.

Quand il a été investi, après quelques éclaircissements, IBK a décidé de relancer la rénovation du bâtiment et on croyait, ATT en premier, que c’était pour qu’il rentre de Dakar et y prenne ses quartiers.

Malheureusement, l’actuel président avait un tout autre plan : il s’est réservé, à lui tout seul, cette villa cossue. C’est donc, peut-être, parce qu’il est un sans domicile fixe dans son propre pays, que le père de la démocratie malienne préfère continuer à profiter des plages des Almadies, à Dakar, pour un moment encore.

Makan Koné 

Source: Nouvelle Libération