Après le DNI (Dialogue National Inclusif) et ses recommandations boudées par l’écrasante majorité du peuple, l’agenda du pouvoir continue néanmoins son petit bonhomme du chemin. Le récent séjour du Premier ministre à Kidal en est certainement un maillon essentiel. Si l’on s’en tient aux aspects extérieurs et visibles de la visite que Dr. Boubou Cissé, Premier ministre et chef du gouvernement, vient d’effectuer dans l’Adrar des Ifoghas, tout est parfait.

 

Le Mali a tout l’air de recouvrer, sans aucune fausse note, sa souveraineté entière sur cette vaste partie de son territoire national qui échappait à son autorité depuis 2014. Le Premier ministre semblait être en terre bien malienne où les problèmes ont beau être cruciaux, ils n’étaient heureusement et tout naturellement rien d’autre que des urgences citoyennes auxquelles l’État central se devait d’apporter des solutions satisfaisantes. Tout a été mis en oeuvre pour que cela soit bien perceptible. Outre l’Ortm, des radios et des journaux ayant pignon sur rue, Dr. Boubou Cissé s’est fait plaisir en invitant à l’accompagner dans ce périple des amis à lui, connus au moins pour leurs capacités en communication. De sorte que l’opération communication sera un retentissant coup de COM’. Mais à y voir de très près, même sans avoir besoin de microscope, des microbes sont détectables. Toute l’affaire, à ne pas s’y méprendre, pourrait se révéler n’être qu’un coup de Jarnac. L’agenda caché du président de la République est tout simplement en train de se dérouler. On va, par touches successives, vers la réunion des conditions, peu importe que celles-ci soient honnêtes ou viles, patriotiques ou perfides, afin de justifier l’organisation d’un référendum constitutionnel à mi-mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta, pour légitimer à la hussarde l’indépendance de l’Azawad. Les observateurs les plus distraits auront noté, durant toute la durée de la visite du Premier ministre, le profil bas observé par le MNLA, qui n’a pourtant renoncé à aucune de ses velléités indépendantistes. C’est trop beau pour être vrai. La phase décisive a certainement commencé le 13 février dernier avec l’arrivée à Kidal de l’armée nationale dite reconstituée, terminologie trompeuse, qui charrie un subterfuge dont les militaires eux-mêmes ne sont pas dupes du tout. Fait notoire, ce bataillon dit « armée malienne reconstituée » n’a pu rallier Kidal que sous haute escorte de plus de 200 Casques bleus, ce qui est en soit révélateur. En plus, ce corps expéditionnaire est sous la responsabilité du commandant Mamadou Keïta, qui a été justement un grand blessé lors des batailles livrées par l’armée nationale pour conserver Kidal, mais qui est finalement tombée entre les mains des ennemis de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali. Il y a comme une exploitation talentueuse des blessures de ce brave officier, patriote jusqu’au bout des ongles, c’est cynique. Dr. Boubou Cissé a paré au plus pressé. L’administration malienne est envisagée à retrouver ses bureaux et ses missions régaliennes à Kidal. Des programmes de réalisation d’infrastructures importantes, voire indispensables, sont annoncés et seront bientôt mis en oeuvre. Mais le MNLA demeure droit dans ses bottes, confiant en l’accord secret qu’il a conclu avec IBK, lequel accord secret a été révélé dernièrement par Dr. Choguel K. Maïga, ancien ministre de la république. Et il reste sans doute beaucoup d’autres zones d’ombres à éclairer.

Bocar Mahalmadane M.

LE COMBAT