Secrétaire aux revendications du Comité du Syndicat National de la Santé, de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille (SNS-AS-PF), du CHU du Point-G , Secrétaire à l’Organisation au niveau National, Secrétaire à la mobilisation des jeunes International du service public de la fédération Mali, Fodé SINAYOKO travaille au service de Néphrologie du CHU du Point-G. Gratifié d’un esprit de travail bien fait pour le bien être des patients, il interpelle les acteurs concernés, dont le ministre de tutelle.  

 

‘’Depuis plus de 15 ans, je travaille au CHU Point-G, un hôpital de 3ème référence. Il consulte plus de 1.000 personnes par an. Cependant, il y a des inquiétudes à souligner afin de mettre certaines choses à bon port. La prolifération des cliniques et des laboratoires privés autours de nos hôpitaux n’est pas fortuit. Les promoteurs de ses structures sanitaires non-étatiques profitent de la démission de l’Etat dans la dotation des hôpitaux en matériel indispensable pour la prise en charge des maliens, pour s’en faire d’avantage les poches.

Je présente quelques exemples concrets qui prouvent à suffisance, la mort programmée des hôpitaux publics maliens dans un avenir proche : Les scanners sont fréquemment en pannes ; Les appareils de fibroscopies sont toujours en panne ; Les laboratoires manquent constamment de réactifs ; Les enfants meurent d’hypothermie souvent, faute de lampe chauffante ; Les morgues reçoivent par semaine un nombre inimaginable de corps…

La baisse du budget de fonctionnement des hôpitaux

En effet, la réduction du budget de fonctionnement des hôpitaux de 60%, n’a pas été sans conséquence. D’ailleurs, les travailleurs courent régulièrement derrière leur salaire, prime de garde, ristournes et autres indemnités. Face à cet état de fait, je me pose souvent des questions, notamment : Quels sont les buts exacts des visites des Ministres dans nos hôpitaux ? Est-ce nécessaire qu’ils y font des défilés à chaque fois qu’ils sont nommés ?  Pourquoi passent-ils leurs temps à faire des promesses qui ne seront jamais tenues… Je me permets de dire cela, pour avoir été témoins de plusieurs cas.

En effet, les Ministres, après leurs nominations, défilent dans les hôpitaux avec des caméras pour faire des promesses allant dans le sens de l’amélioration du plateau technique et du cadre de vie des personnels. Mais hélas, plus rien… On se souvient encore du cas d’un des ministres qui a été publiquement interpelé par un manœuvre, suite à une promesse non tenue. Tout comme ses prédécesseurs, l’actuel Ministre Michel Hamala Sidibé n’a pas dérogé à cette tradition. Il est passé dans plusieurs hôpitaux, tant à Bamako, qu’à l’intérieur du Pays.

Il a été largement imprégné des difficultés de nos hôpitaux. Surtout, ceux liés aux problèmes de budget de fonctionnement. L’interdiction de la télévision dans les salles de garde avait pour objectif d’obliger les agents de garde à mieux surveiller et à être à la disposition des patients. Mais hélas, comment est-ce que ses derniers peuvent mieux se concentrer sur la surveillance des patients, quand ils sont obligés de sortir de l’hôpital à la recherche de la nourriture et du simple eau minérale à boire. L’eau et la nourriture de la cantine de nos hôpitaux ne sont ni de qualité ni de quantité. D’aucuns me diront qu’il y a des salles de garde disposant de réfrigérateur certes, mais peu en ont qui fonctionnement normalement aujourd’hui, en tout cas au niveau du CHU du Point-G.

L’agence nationale d’évaluation des hôpitaux (ANEH), une structure qui évalue les hôpitaux pour les classer par ordre de mérite, n’a plus de raison d’être au Mali. Son existence est conditionnée à des normes qui ne sont pas du tout acquis au Mali. Si nos hôpitaux respirent encore un tout petit peu, c’est grâce aux syndicats et à quelques agents soucieux du sort des patients. C’est pourquoi, je ne saurai taire les noms des braves hommes comme : Djimé Kanté du CHU Gabriel Touré, Boubacar Maiga de l’Hôpital de Kati ainsi que Karim Traoré du CHU du Point-G. Ils ne sont pas les seuls, il y’ en a beaucoup d’autres.

À l’hôpital du point-G, où je travaille, je ne suis pas fier de tout ce qui s’y passe, mais il faut avoir l’honnêteté de dire, que tout n’est pas sombre non plus. Avec la nomination de l’actuel DG, des chantiers ont été ouverts, des promesses ont été faites (même si elles tardent, l’espoir est permis). Les hôpitaux sont importants pour le pays. Chacun de nous peut s’y retrouver à tout moment tant que nous vivons ici au Mali.

Dans nos hôpitaux, les malades souffrent le martyr, les responsables des disfonctionnements ont des noms et les causes sont bien connues. Certains agents du personnel soignant s’adonnent à des pratiques que nul ne saurait encourager (ceux qui me connaissent peuvent témoigner de mon combat contre ces mauvaises pratiques). Le plateau technique, la qualité de la formation, le nombre inferieur du personnel de qualité mis à la disposition des structures hospitalières font qu’elles ne sont pas dignes de donner des soins de qualité. Les responsables mis souvent à la tête des grands hôpitaux n’ont pas la compétence requise, même pour diriger un centre de santé communautaire. Un bon médecin n’est pas forcément un bon gestionnaire hospitalier. Qu’il me soit permis de rendre un hommage mérité à M. Mamady Sissoko ayant marqué ses traces à l’hôpital du Point-G. Oui, je le dis à qui veut l’entendre, Mamady Sissoko est un exemple d’excellent gestionnaire, qui fait bouger les choses dans le bon sens.

Je ne saurai clore ce message sans faire un clin d’œil sur la grande corruption de certains agents de santé vis-à-vis des patients. Des fois, il n’y a aucune différence entre des agents sanitaires de l’hôpital et les commerçants du grand marché. La prise en charge se négocie selon la capacité financière ou le statut du malade ou son accompagnateur. Ceux-là qui doivent garantir, au préalable, la prise en charge aux citoyens sont soignés partout sauf dans les hôpitaux publics par peur d’infections nosocomiales à cause des conditions d’hygiène plus que jamais mauvaises’’.

Dognoume DARRA

Le Confident