Le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, qui vient de visiter plusieurs corridors à l’intérieur
du pays, prévient : notre pays ne pourra pas gagner la guerre contre le Covid-19 «si nous ne prenons pas des mesures fortes».

La fulgurance de la contamination au coronavirus reste un véritable casse-tête pour tous les pays. Les corridors terrestres représentent, aujourd’hui, un réel danger pour le nôtre. Ils enregistrent un flux important de passagers. C’est le cas des frontières de la Région de Sikasso et de Koutiala qui jouxtent les limites de pays déjà contaminés au Covid-19. Le constat fait par le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, qui vient de visiter les différents corridors, est qu’on ne peut pas contrôler ce flux. Il faut donc prendre des mesures fortes et rester vigilant pour contrôler la maladie. Le ministre Sidibé prône donc de la réactivité rapide au niveau des points d’alerte dans toutes les structures sanitaires. «Même si on a anticipé pour le corridor aérien, il urge maintenant de voir les dispositions prises au niveau des corridors terrestres, a dit Michel Hamala Sidibé, avant de marteler que nous n’allons pas gagner la guerre contre cette épidémie, si nous ne prenons pas des mesures fortes».
Le chef du département de la Santé et des Affaires sociales a assuré qu’il y a un staff bien préparé et bien équipé, mais que cela ne suffit pas. C’est pourquoi, il a jugé nécessaire de prendre de grandes mesures étant donné que la contagion est locale dans les pays voisins. Au niveau des corridors visités, le ministre Sidibé a fait part de son inquiétude parce que ceux qui ne peuvent pas prendre l’avion empruntent la route. «C’est quasiment impossible de gérer cette voie de passage», a-t-il admis, ajoutant que la situation nécessite de faire intervenir d’autres départements comme celui de la Sécurité et de la Protection civile pour se préserver d’une contamination au coronavirus à partir des frontières terrestres. Zégoua fait frontière avec la Côte d’Ivoire. Il a été la première étape de la visite de Michel Hamala Sidibé la localité est traversée chaque jour par une douzaine de cars. Ici, le dispositif de prévention est bien en place avec des gels ou solutions hydro alcooliques, des thermomètres pour surveiller la température et des kits de lavage des mains au savon. Six agents en blouse et munis de bavettes prennent simultanément la température des passagers et appliquent le gel sur leurs mains. Des policiers et gendarmes aussi sont présents pour dissuader d’éventuels réticents. Dans les environs, un centre a été aménagé pour confiner et prendre en charge d’éventuels cas. Le bâtiment dispose de 6 lits et selon le responsable du centre, Mamadou Oumar Keïta, le corridor enregistre quotidiennement au moins 500 passagers le jour et 600 autres la nuit.
À Hérémakono que traversent 465 passagers par jour, il existe également un cordon sanitaire. Là, la délégation a coïncidé avec un bus, en partance pour Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). Dès l’arrivée de ce véhicule de transport en commun, toute l’équipe de Dr Aminata Goïta s’est mise en branle pour contrôler les passagers, les uns après les autres. À Koury (Koutiala), en revanche, le ministre Sidibé a constaté l’absence de cordons sanitaires dans certains villages, mais les agents s’employaient à faire passer des messages de sensibilisation à l’intention des passagers sur les gestes-barrières. Le corridor en question enregistre beaucoup de passagers, en provenance du Burkina Faso, du Ghana, du Togo et du Niger.
À Koutiala, le médecin chef, Dr Youssouf Diam Sidibé et son équipe ont déjà fait une mobilisation interne pour organiser la riposte contre la maladie sur les différentes frontières. Ils ont élaboré un plan d’intervention avec des partenaires volontaires, comme l’Association malienne d’éveil au développement (AMEDD) et Médecins sans frontières (MSF). Le plan prévoit 10 salles de prise en charge avec une capacité de 9 lits chacune. En outre, il y a 5 salles pour le confinement.
Le ministre de la Santé et des Affaires sociales s’est dit conscient du danger que peuvent représenter ces corridors terrestres et a instruit la mise en place des systèmes d’alerte précoce et l’application rigoureuse des mesures de prévention. Michel Hamala Sidibé a également insisté sur le fait que la lutte est multisectorielle avant d’expliquer clairement que notre système de santé n’est pas capable de faire face à ce choc (en cas d’épidémie) parce que nos cordons terrestres sont fragiles. Il a donc demandé aux leaders communautaires de se pencher sur la manière de gérer les foires hebdomadaires qui sont des lieux de forte concentration de personnes venant de pays voisins.

Fatoumata NAPHO

Source: Journal L’Essor-Mali