L’appel de fonds de la communauté humanitaire au Mali s’élève, cette année, à 390 millions de dollars. Ce financement recherché à travers le Plan de Réponse Humanitaire (PRH) vise à couvrir les besoins humanitaires de 3,6 millions de personnes, soit 1,3 million de plus qu’en 2019 à la même période. Cette augmentation s’explique par la persistance des conflits et l’instabilité sécuritaire notamment dans la région transfrontalière du Liptako-Gourma combinée aux effets des poches de sècheresse et des inondations. Ces fonds serviront à sauver des vies, faciliter l’accès aux services sociaux de base, assurer la protection des populations et renforcer leur résilience.

Toutefois, il convient de noter que cet appel a été élaboré avant la déclaration de la pandémie de COVID-19 qui affecte maintenant le Mali. Avec cette nouvelle donne, la réponse humanitaire va demander plus de ressources financières afin de répondre de façon adaptée aux besoins vitaux des personnes affectées par les conflits et les aléas climatiques mais également de mener des actions de prévention et de prise en charge des cas de COVID-19.

Face à cette nouvelle situation, le Gouvernement du Mali, à l’instar des autres pays touchés par la COVID-19, a pris des mesures restrictives de prévention qui limitent la présence et la mobilité du personnel humanitaire sur le terrain et empêchent des activités comme des distributions d’aide à grande échelle. Sur le plan opérationnel, des ajustements sont opérés afin d’accorder la priorité aux interventions autour des actions vitales les plus pressantes qui doivent être poursuivies ainsi que des actions répondant à des besoins urgents en lien avec le COVID-19.

Cette année marque le début d’un Cycle de Programmation Humanitaire couvrant la période allant de janvier 2020 à décembre 2022. Le PRH s’inscrit dans une logique de coordination renforcée et alignée sur la planification nationale notamment à travers le cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019-2023) et selon les nouvelles directives du cadre de coopération des Nations Unies avec le Gouvernement du Mali pour le développement durable (UNSDCF 2020-2024).

‘’Le Gouvernement du Mali fait de l’assistance et de la protection des populations vulnérables une priorité. Cette responsabilité, nous l’assumons, aux côtés de nos partenaires humanitaires,’’ a dit, M. Hamadou Konaté, Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté. ‘’ Je me réjouis de l’engagement des acteurs humanitaires d’aligner leur plan de réponse aux programmes d’urgence et de développement nationaux. Ceci est un pas réel en vue d’assurer la synergie nécessaire entre nos actions pour sauver et changer positivement des vies.’’

Le Mali reste confronté à des défis humanitaires majeurs que sont : les mouvements de populations, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, le faible niveau d’accès aux services sociaux de base, les épidémies et les opportunités limitées pour la relance des moyens de subsistance dans les zones affectées par le conflit.

‘’Avec l’accroissement continu des besoins humanitaires au Mali, il est aujourd’hui impératif d’intensifier la réponse humanitaire tout en trouvant des solutions adéquates aux causes profondes des vulnérabilités des populations,’’ a dit Mme Mbaranga Gasarabwe Coordonnatrice Humanitaire pour le Mali. ‘’ De plus, la communauté humanitaire est aujourd’hui mobilisée pour soutenir les actions visant à arrêter la propagation du COVID-19 afin de prévenir une aggravation de la situation humanitaire déjà préoccupante avec un quart de la population dans le besoin’’.

Les violences liées au conflit ont entraîné le déplacement interne de 218 536 personnes (chiffres publiés en février 2020) contre 84 500 il y a un an. Environ 96 pour cent des personnes déplacées internes vivent dans des zones où l’accès à l’eau est inférieur à la moyenne nationale de 68,8 pour cent et 60 pour cent d’entre-elles n’ont pas accès à des abris adéquats. Avec l’insécurité grandissante dans la région du Liptako-Gourma, le Mali accueille depuis le début de cette année plus de 7 500 réfugiés nigériens et burkinabés. En outre, plus de 4 000 réfugiés maliens, dont 2 777 enregistrés sont rentrés du Burkina Faso à cause de l’insécurité dans certaines parties de ce pays.

Le nombre de personnes en insécurité alimentaire sévère est passé de 548 644 en mars 2019 à 1,3 million en mars 2020. Par ailleurs, 3,6 millions de personnes sont en insécurité alimentaire modérée et pourraient évoluer sous la forme sévère en cas de chocs. La prévalence de la malnutrition aiguë sévère des enfants de moins de cinq ans a atteint le seuil d’urgence de 2 pour cent.

Sur les 324 millions de dollars recherchés en 2019, un total de 167 millions de dollars a été mobilisé au 31 décembre 2019, soit un taux de financement de 52 pour cent. Ces fonds ont permis d’assister 1,3 million de personnes. ‘’J’exprime toute ma gratitude aux partenaires techniques et financiers qui ont rendu ces actions possibles. Cette année, nous avons encore plus besoin de leurs contributions et de celles d’autres donateurs pour sauver des vies au Mali et participer aux efforts visant à rendre les populations plus résistantes face aux chocs,’’ a conclu Mme Mbaranga.

Distribué par APO Group pour Office for Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA).

Source: africanews