Le Mali, confronté déjà à une crise sécuritaire qui perdure depuis plusieurs années, doit faire maintenant à une seconde vague de  pandémie de coronavirus. Au-delà de la crise  sanitaire, une autre  crise,  économique celle-là, se profile à l’horizon. Elle risque d’être plus dévastatrice que la crise sanitaire.

Pour faire face à la pandémie de Covid-19 et endiguer sa propagation, le Mali a pris des mesures sanitaires et sécuritaires et déployé des efforts de compensation financière afin de soutenir la population avec des mesures d’atténuation, notamment dans l’économie formelle, mais aussi informelle. Cependant, au-delà d’une urgence sanitaire, la crise de Covid-19 a créé une récession mondiale historique qui touche en premier lieu les personnes les plus vulnérables.

Selon les Nations Unies, la pandémie de Covid-19 affecte profondément notre pays. Ces effets indirects sont potentiellement beaucoup plus dévastateurs que ses effets directs. La récession économique globale et ses conséquences sur l’économie nationale vont entraîner une chute anticipée de la croissance du Produit Intérieur Brut de plus de 80%. Celle-ci va passer de 5% à 0,9% en 2020. Pour la première fois depuis six ans, la croissance du PIB va être bien en-deçà de la croissance démographique. Cette chute va jeter 800 000 Maliens dans la pauvreté. La contraction économique va affecter la capacité de l’Etat à mobiliser les ressources domestiques nécessaires à son développement. Ceci compromettra plus encore les progrès vers les Objectifs de Développement Durables. Le taux de pression fiscale, qui était prévu à 15,5%, et qui était sur une pente favorable, va chuter à 13,3%, soit un manque à gagner de plus de 230 milliards de Fcfa pour l’Etat en 2020. La crise aura de lourdes conséquences pour les générations futures : la dette va passer de 39% à 45% du PIB.

Des empois en danger

Une augmentation brutale des pertes d’emploi est observée, en particulier dans les secteurs tertiaire et secondaire. En effet, la fermeture des lieux de loisirs  (Bars, restaurant, boites de nuits) a fortement impacté les travailleurs de ces secteurs.

Aussi, expulsion, fermeture de boutiques, endettement, mise en chômage technique, licenciements d’employés sont le quotidien du secteur de l’hôtellerie à cause de la Covid. Les grands hôtels de Bamako sont ceux qui ont été le plus touchés par la Covid. Si les promoteurs des hôtels moyens se sont limités au chômage technique en quelques mois, certains grands hôteliers ont été obligés, en plus du chômage technique, de remercier plusieurs dizaines d’employés. Si certains estiment que les mesures d’accompagnement annoncées par l’ancien chef d’État du Mali, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), concernaient aussi le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, d’autres pensent le contraire. “Ce qui est dit est différent de ce qui est fait dans la gestion de ce fonds”, se plaint le promoteur de l’hôtel Bon accueil international, le Professeur Satigui Diallo. Ce dernier dément même les allégements sur les impôts, l’eau et l’électricité promis par le président IBK.  Tout ce que cet hôtel a reçu de l’État, à en croire son promoteur, ce sont des sacs de riz, de farine, des pâtes alimentaires. Ces vivres sont aussi destinés aux employés qui sont mis en chômage technique, a soutenu le promoteur.

Les transports ont été l’autre secteur durement touché par la crise. En effet, la fermeture des frontières a impacté négativement les transporteurs maliens. Certaines sociétés ont été obligées de licencier  une partie de leurs salariés. Même  avec la reprise entre les Etats de la sous-région, l’activité n’a pas repris sa dynamique d’antan. En outre, les compagnies de transport doivent mettre en place des mesures sanitaires, nécessaires à la protection des voyageurs comme le port obligatoire du masque, le gel hydro alcoolique, le respect de la distanciation physique dans les cars. Ces mesures engendrent un coût supplémentaire et un manque à gagner pour les transporteurs.

La fermeture des frontières a aussi engendré une diminution de la mobilité des personnes, des biens, des services et des capitaux. Le Mali, vivant en grande partie de l’importation de biens et de services, verra, à long terme, son stock de produits alimentaires diminué. Cette diminution présentera une opportunité d’augmenter les prix pour les vendeurs. L’inflation qui en sera issue se traduira par une baisse du pouvoir d’achat des ménages, et donc de la consommation domestique.

Les mesures d’appui à l’économie, particulièrement pour les petites entreprises, risquent d’être insuffisantes pour mitiger l’impact de la crise.

Aussi, Il  apparaît évident que, maintenant plus que jamais, le gouvernement, les investisseurs, doivent venir en aide au secteur des PME. Celles-ci constituent une ligne de défense essentielle pour garantir que les  PME à faible revenu puissent avoir accès à des  facilites pendant la pandémie de Covid-19. La baisse des ventes, la difficulté d’accès aux  partenaires et la réduction de la production mettent en danger les entreprises, les emplois et l’accès à u développent durable, dans les communautés déjà confrontées aux difficultés de tout ordre. Le secteur privé doit  être aide aider à avoir  un accès à l’aide financière et technique afin de maintenir à flot les PME productrices  de richesses et d’emplois et à les aider à mettre sur pied des activités plus fortes et plus résistantes ayant des retombées encore plus importantes afin qu’elles puissent rebondir après cette crise.

M. SANOGO

Source: Aujourd’hui-Mali