Pour booster la recherche clinique au Mali afin d’offrir des soins de qualité à la population malienne, les autorités maliennes et américaines ont initié l’ouverture du Centre Universitaire de Recherche Clinique en anglais : « University clinical research center (UCRC) ». En effet, de sources sanitaires, cet investissement colossal de plusieurs milliards de nos francs, peine à avoir l’impact escompté dans la recherche clinique au Mali. Pour cause, une pratique illégale instaurée au niveau du leadership du centre, au vu et au su du monde scientifique malien, freine malheureusement son émergence. 

Nos indiscrétions nous révèlent que l’UCRC est une initiative de quatre partenaires historiques notamment le Ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MEESRS), le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB) et les Instituts Nationaux de la Santé des USA (NIH).

Et de poursuivre que depuis sa création en 2014, l’UCRC, un centre d’une importante capitale dans le domaine de la lutte contre certaines pathologies, est dirigé par un directeur intérimaire, le Pr Seydou Doumbia qui malheureusement se trouve être le Doyen de la Faculté de Médicine et d’Odontostomalogie (FMOS) de l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB). Alors que le Mali regorge d’éminents chercheurs de hauts niveaux qui peuvent diriger de telles structures avec faste. Mais c’est dommage que certains cadres continuent encore d’user de leurs réseaux d’amis ou de leurs postes pour faire croire qu’ils sont indispensables et croire être les seuls capables dans ce pays en foulant aux pieds toutes les règles en la matière.

Le cumul de fonctions contraire à l’esprit de l’Arrêté N°2014-0084 / MESRS-SG

Nos sources sont formelles, ce cumul de fonctions viole allègrement l’Arrêté N°2014-0084 / MESRS-SG fixant les modalités d’élection des doyens, des vice-doyens et des assesseurs des facultés et universités du Mali. Car, cet arrêté stipule clairement en son article 4 que : « Les fonctions de Doyen, de Vice-doyen et d’Assesseurs sont incompatibles avec l’exercice de toutes autres fonctions publiques ou privées ».

Nonobstant la teneur de cette disposition réglementaire comment ce « professeur indispensable » est parvenu à se hisser à la tête de ces deux structures ? C’est désormais la question qui taraude l’esprit de plusieurs observateurs du monde scientifique malien. À en croire, nos sources, cela a été possible grâce à la complaisance voire la complicité du Pr Adama Diaman Keita alors Recteur de l’USTTB.

Et d’ajouter que pour contourner les textes et assurer sa réélection en 2019, le Doyen Seydou Doumbia est parvenu à conserver illégalement son poste à l’UCRC. Ainsi, avec la complicité du recteur de l’USTTB d’alors, il s’est fait nommer directeur intérimaire depuis janvier 2015 à travers la Décision 2015-0022/USTTB RSG, soit cinq ans comme Directeur intérimaire. Toute chose qui handicape le bon fonctionnement d’une telle structure comme l’UCRC qui a besoin d’une direction plus disponible pour booster la recherche clinique. Car, faut-il le rappeler, de nos jours, l’UCRC est la principale structure de prise en charge du diagnostic de la pandémie du Coronavirus (COVID-19) au Mali. Et compte tenu de l’urgence sanitaire liée à la propagation de cette maladie, ce centre a besoin d’un directeur disponible.

Complaisance des autorités universitaires

En effet, c’est un secret de polichinelle qu’un Doyen de faculté qui gère plusieurs milliers d’étudiants et enseignants-chercheurs avec ses nombreuses occupations liées à sa fonction ne peut certainement pas gérer simultanément avec l’efficacité requise une structure autre comme l’UCRC, un centre dédié à la recherche.

Sous nos cieux, le Mali semble devenir un pays de toutes les exceptions sinon comment comprendre qu’on peut garder jalousement un poste de directeur intérimaire pendant cinq ans cumulativement avec la fonction de Doyen en violation des textes en vigueur sans qu’aucune autorité universitaire ne pipe mot.

Il est désormais temps de mettre fin à ces pratiques moyenâgeuses pour bâtir le nouveau Mali dont nous espérons de toutes nos forces. À ce titre, le MEESRS et le Rectorat de I’USTTB sont interpelés pour mettre fin à un tel abus de pouvoir qui est de nature à rendre nos structures de recherche inefficaces. Il est aussi impératif que ces derniers prennent toutes leurs responsabilités pour mettre de l’ordre au niveau de l’UCRC afin que ce centre puisse retrouver son fonctionnement normal pour servir convenablement les chercheurs maliens.

L’habitude étant une seconde nature, nos sources nous indiquent que le Doyen Seydou Doumbia n’en est pas à sa première expérience. En effet, par le passé il a occupé illégalement une autre fonction publique de premier rang, en occurrence le poste de directeur adjoint de l’Entomologie du Malaria Rescarch Training Center (MRCT) et, ce depuis 2006, donc illégalement aussi depuis sa première élection au décanat en 2014.

Les prochains jours nous édifieront sur les réelles volontés des autorités universitaires à mettre fin à ces pratiques qui plombent le développement de la recherche clinique dans notre pays.

Nous y reviendrons !

Mama PAGA

Source: Journal le Pays-Mali