Pathologie féminine fréquente, le kyste ovarien peut toucher les femmes à tous les âges. C’est une tuméfaction (augmentation anormale) renfermant du liquide et se développant sur les ovaires (organes situés à l’extrémité des trompes, elles-mêmes reliées à l’utérus). Dr Mamadou Keita, gynécologue exerçant au Centre de référence (CSREF) de la Commune VI précise que les kystes ovariens représentent 5% à 7% des motifs de consultations et 10% de toutes les interventions gynécologiques. Ils sont plus fréquents chez les femmes en période d’activité génitale, mais peuvent se voir également chez la jeune fille de 10 à 16 ans et chez la femme après la ménopause. D’après le spécialiste, on distingue différents types de kystes ovariens, et les symptômes varient en fonction du type. Il s’agit des kystes fonctionnels de l’ovaire et des kystes organiques de l’ovaire.

 

Les kystes de nature fonctionnelle ou physiologique sont les plus fréquents avec une fréquence de 20% chez les femmes en période d’activité génitale et 5% après la ménopause. Consécutif à un dysfonctionnement de l’ovaire (hyperfonctionnement des hormones régulant l’ovaire), ce type de grosseur est susceptible de disparaître spontanément en seulement quelques cycles (régression observée dans 90% des cas). Dans ce cas, deux types de kystes fonctionnels sont fréquents : le kyste folliculaire (lié à des fluctuations du cycle menstruel) ; ce type de grosseur résulte du développement anormal d’un follicule (petite poche ovarienne renfermant du liquide, dans lequel se forme et se développe un ovule). Ainsi, comme le follicule est anormal, l’ovule ne peut pas être libéré dans les trompes utérines, empêchant ainsi l’ovulation de se produire. Quant au kyste lutéal, il résulte d’une augmentation du volume du corps jaune (glande sécrétant des hormones, qui se forme temporairement dans l’ovaire après chaque ovulation).

Dans les deux cas, ces kystes peuvent changer de volume, disparaissant avec les règles et réapparaissant au cycle suivant. Les kystes fonctionnels peuvent survenir dans certains cas, suite à un traitement stimulant l’ovulation en cas de stérilité (assistance médicale à la procréation).

Quant aux kystes organiques de l’ovaire, ils sont de cause inconnue et demeurent permanents. Le gynécologue du CSREF de la Commune VI explique que contrairement aux kystes fonctionnels, leur morphologie (volume) ne change pas quel que soit le moment du cycle menstruel. Plusieurs types de kystes organiques ovariens sont représentés parmi lesquels les kystes séreux (les plus fréquents), les kystes mucoïdes ou mucineux, les kystes dermoïdes et les kystes endométriosiques, liés à une endométriose : « présence de muqueuse utérine (endomètre) en dehors de la cavité utérine qui est sa localisation normale ».

Selon le spécialiste dans 50% des cas, le kyste ovarien peut rester à l’état latent, sa présence étant décelée lors d’un examen clinique ou d’une échographie ou pour une autre raison. Dans les autres cas, plusieurs signes, souvent douloureux, peuvent se manifester tels que des douleurs pelviennes (dans la partie inférieure du bassin) modérées, d’un seul côté du corps donnant l’impression d’une pesanteur, des métrorragies (saignement génital survenant en dehors des règles), une pollakiurie (envies fréquentes d’uriner avec émission de petites quantités d’urine), et des troubles digestifs par compression : constipation.

Pour prévenir la maladie, le praticien recommande de mettre l’accent sur l’éducation, l’information la sensibilisation des patientes sur les kystes fonctionnels et des consultations gynécologiques régulières et souvent la prise de contraceptif oral peut prévenir l’apparition de certains kystes. Le traitement repose sur la surveillance médicale. « Lorsque la patiente présente un kyste fonctionnel ovarien sans complication grave, une simple surveillance médicale est mise en place. Il n’y a pas nécessité d’instaurer un traitement », indique le gynécologue en précisant que cette surveillance médicale consiste à réaliser une échographie afin de vérifier que le kyste disparaît bien au bout des trois cycles menstruels. Mais lorsqu’il y a développement d’un kyste organique et que des complications surviennent, dans ce cas, une intervention chirurgicale est nécessaire.

Ces complications qui demandent une intervention chirurgicale en urgence  sont, entre autres, la torsion de l’ovaire qui survient en cas de kyste « lourd » et se manifeste par une importante douleur, accompagnée de nausées ou vomissements. L’hémorragie intra-kystique, la rupture du kyste de l’ovaire : elle fait suite à une torsion de l’ovaire ou une hémorragie intra-kystique et l’abcès ovarien (présence de pus).

Fatoumata NAPHO

Source : L’Essor