L’utilisation de certains produits classés dans le lot des aphrodisiaques par les femmes est devenue un phénomène de mode au Mali. Avant, ces produits étaient utilisés par  les hommes  souffrants d’impuissance sexuelle  ou d’autres complications érectiles afin de leur permettre d’accomplir leurs obligations conjugales ainsi que d’une catégorie de femmes atteintes de frigidité. Mais aujourd’hui  cette tendance s’est renversée,  ce sont les  femmes, de jeune âge en bonne santé qui  l’utilisent  beaucoup, essentiellement  pour  avoir  un désir sexuel stimulant et puissant au cours du rapport sexuel. Peu   importent les conséquences  de ces pratiques.

« Poudre de la craie, menthe claire, cool mint, miel parleur, comprimé collé serré, gel, poudre pimenté, golden root… », la liste de ces produits est longue, mais jamais prescrite par un spécialiste, toujours recommandée de bouche à l’oreille. Au-delà des  médicaments traditionnels qui sont du domaine des Maîtresses de la chambre nuptiale (Magna-baga) il existe maintenant sur le marché des comprimés pour augmenter la libido  (fer, comprimés, bonbons, chun-gûm et  Maggi). Quel qu’en soit l’état du marché, les vendeurs de ces produits ne souffrent jamais de manque de clientèle.

Badiallo Traoré, vendeuse des produits aphrodisiaques au marché ‘’ Rail da’’ de Bamako , témoigne que  cela vaut 5 ans qu’elle vend ces produits. «  Auparavant c’était les médicaments traditionnels mais actuellement il y’a eu beaucoup de changements, avec l’arrivée des comprimés et des injections au grand bonheur des hommes et des femmes  » affirme-t-elle.

Selon Mme Traore, le prix de ces produits varie entre 500 à 10.000 FCFA. Au nombre de ses clients, des femmes mariées et des jeunes filles. Elle a précisé que les produits aphrodisiaques les plus utilisés par les femmes sont les ‘’miels parleurs’’, gel et  comprimé, car leurs  effets  sont plus rapides et efficaces, avant d’ajouter qu’elle peut faire une vente de 75 000fcfa de ces produits  par jour.

Elle a précisé  que son  produit vient de la Guinée Conakry et du Sénégal, parfois de la Chine.

Awa Diarra jeune fille âgée de 25 ans étudiante  à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) dira qu’elle est venue acheter  les produits aphrodisiaques pour sauver  son mariage, car elle a menti à son époux qu’elle est  vierge. Selon elle, les produits que Mme Traoré l’a proposé s’appelle : ‘’comprimé collé serré’’ en injection. Elle ne doute point sur son effet excitant, rapide et efficace. « Avant  l’acte on place un comprimé dans le vagin pendant 30 minutes. Il serre le vagin comme si tu n’as jamais connu un homme » explique-t-elle, tout en rassurant que ces produits envoient au septième ciel les hommes au cours de l’acte, pour la simple qu’avec les frottements ils sentent beaucoup de sentiment. « Il rend l’homme fidèle  et il sera fou amoureux. Je ferai tout  pour satisfaire mon  mari dans notre foyer  conjugal tant que Badiallo vend ces produits »a-t-elle dit.

Les conséquences de la quête du plaisir à moindre coût !

Peu de femmes qui utilisent ces produits sont informées de leurs conséquences néfastes. FT, une travailleuse de sexe  rejette catégoriquement cette hypothèse. « J’ai toujours fait usage de mes médicaments de femme. Je ne suis jamais tombée malade, aucun de mes compagnons de lit ne s’est déjà plaint d’une quelconque infection » a-t-elle témoigné d’un ton fort.

Par contre, selon Dr Mamadou Keïta spécialiste en gynécologie à la maternité d’Hamdallaye, l’utilisation de ces produits (moderne et traditionnel) par les femmes a des conséquences très graves. Surtout, selon lui, s’ils sont placés dans le vagin sans le contrôle ou conseil médical.

« Ces produits contiennent des substances chimiques toxiques en terme de germe, qui, s’lls ne sont pas bien conditionnés et protégés, créent un grand désordre », affirme-t-il.

Dr Keïta dira qu’au niveau de la flore génitale ils peuvent dégrader l’état de la qualité de la muqueuse vaginale et infecter les femmes.

«Quand la muqueuse vaginale est fragilisée au lieu de tirer un réel plaisir dans le rapport, on en ressent du mal parce que ça provoque la sècheresse vaginale et l’infection » a expliqué le Gynécoloque, tout en indiquant que l’infection crée un état vaginite, réel et désagréable, qui au cours de rapport sexuel provoque l’atrophie. Et d’jouter que l’atrophie rend très étroite la vulve et agresse la micozoginale.

En guise de conseils, le spécialiste en gynécologie invite toutes les femmes  en cas de problèmes d’approcher  un agent de santé, plus précisément un gynécologue pour garder leur intimité. Dr Keïta a conclu que si les femmes ne font pas attention à ce problème ça peut être préjudiciable tôt ou tard.

Le plaisir oui, mais en bonne santé !

Par Fatoumata Coulibaly

Source: Sursaut