Les assurés de l’Assurance Maladie Obligatoire de la ville de Kadiolo sont régulièrement confrontés au manque d’ordonnanciers estampillés « AMO » au Centre de Santé de Référence (CSRef).

 

Le Centre de Santé de Référence (CSRef) de Kadiolo est malade de la bonne gestion des ordonnanciers estampillés AMO. Au sein de cette structure sanitaire, la rupture des ordonnanciers perdure depuis 2 ans, selon un agent de la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS) qui a voulu garder l’anonymat.

La semaine dernière, des enseignants du Lycée de Kadiolo se sont trouvés au même moment au CSRef : Sinaly Coulibaly, professeur d’économie, Doubatié Dembélé, professeur de physique-chimie et Sidiki Diourté, professeur de langue sénoufo. Il y avait aussi Mamadou N’Diaye, professeur d’EPS dudit lycée, admis à la retraite. Affiliés à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), ils ont été obligés de payer entièrement leurs ordonnances au lieu des 30% conformément aux dispositions de l’AMO à cause de la pénurie de carnets. Sinaly Coulibaly a déboursé 7500 FCFA pour les produits d’ordonnance, la même semaine, sa conjointe vint au CSRef et il paya encore 8000 FCA.

Quant à Sidiki Diourté, victime d’un accident depuis le 18 octobre dernier, il a payé pour la radiographie de son épaule droite la somme de 15 000 FCFA, la chirurgie ophtalmologique lui a couté 10 000 FCFA, l’ordonnance prescrite s’élevait à 14 225 FCFA, soit un total de 39 225 FCFA, qu’il a dû payer  rubis sur ongle.

Pour le traitement de ses deux filles, Mamadou N’Diaye n’a pu payer que 7000 sur 19 000 F CFA. Pour Doubatié Dembélé, la facture des produits d’ordonnance a été salée car le montant culminait à 50.000 FCFA.

Même votre fidèle serviteur n’a pas été épargné, car il a entièrement pris en charge le cas d’une de ses nièces, atteinte de fièvre typhoïde.

Cette rupture d’ordonnanciers a également occasionné un drame. Le fils de 2 ans de l’enseignant Abdoulaye Coulibaly, qui venait de se voir fixer à la main un cat-hétaire, à travers lequel gouttait le sérum, rendit l’âme, 10 minutes plus tard. Faute de fiche AMO, il était resté plus d’une heure sans être examiné par un toubib.

Selon lui Nabaga Berthé, gérant du Dépôt Répartiteur du Cercle (DRC), approché par nos soins au CSRef, c’est une anomalie structurelle. « C’est un seul guichet à Bamako qui dessert tous les CSRef du Mali, un seul fournisseur confectionne les carnets et les commandes sont satisfaites à la même date pour toutes les régions. D’où la lenteur bureaucratique. On ne nous envoie que 2 cartons de 100 carnets chacun, alors que le nombre d’affiliés à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM) augmente de façon exponentielle. Dès que je constate un épuisement du stock de carnets à concurrence de 50% je réitère la demande de dotation en carnets, mais le processus étant long, c’est toujours la pénurie », a-t-il martelé.

Depuis le 23 octobre dernier, nous avons enregistré l’arrivage de 2 cartons de 100 carnets chacun. A l’écouter, à la date du 25 octobre, il ne lui reste qu’un carton et il a déjà fait une demande de 500 carnets. Selon lui, aujourd’hui, il y a plus de 100 prestataires de carnets AMO, secteur public et secteur privé confondus

A la question de savoir qui va rembourser les assurés, le gérant répond que c’est à la CANAM qu’ils doivent aller poser cette question, car ajoute-t-il, cela n’est pas de son ressort.

Aujourd’hui, force est de constater que c’est la fin des blancs-seings accordés aux gérants des Dépôts répartiteurs de cercle, chargés de délivrer les carnets AMO et de la résignation passive.

Mohamed KONE, correspondant à Kadiolo

Source: Le Challenger