Appelé ‘’Finale’’ par les fêtards, le dernier week-end avant le début du mois sacré de Ramadan est un week-end pas comme les autres : alcool, sexe, chicha et fric coulent à flots. C’était le cas, dans la nuit du vendredi au samedi 4 mai 2019, comme notre équipe a pu le constater sur le terrain, au cours d’une immersion qu’elle a initiée à cet effet.

Nous sommes dans la nuit du vendredi au samedi. Dernier week-end. En tout cas, quelques poignées d’heures nous séparent à peine du Mois Béni de Ramadan. En début de soirée déjà, ça saute à l’œil : l’ambiance est inhabituelle. Du monde, encore du monde… et ça bouge dans tous les sens. Surtout aux devantures des maquis et chambres de passe, boîtes de nuit, bars-restos… ! A 23 heures, la route de Koulikoro traversant plusieurs quartiers des commune I et II du district était monstrueusement obstruée par des files  de véhicules. La raison est simple : plusieurs boîtes de nuit et fastfood longent cette artère hyper fréquentée.

Route de Djélibougou. Non loin d’une ambassade de la place. Il est exactement 00 h 36. Dans cet établissement comprenant à la fois un bar et des chambres de passe, l’affluence est frénétique. Les belles de nuit ont entamé la chasse au …client. Elles, prenant position dans les coins et recoins. Chacune semble avoir sa stratégie. Certaines ont déjà repéré leurs proies et les négociations sont parfois animées. D’autres péripatéticiennes sont tranquillement assises en revanche, préférant sans doute être approchées les  premières. Le barman de son côté est confronté à une forte demande de boissons et les serveurs s’affairent à ramasser des bouteilles vides.

Pour mieux observer, nous avons pris place à côté de deux clients buvant tranquillement leurs ‘’petites’’ – appellations des bouteilles de bière. « Vous êtes venus depuis longtemps et vous n’avez rien commandé. Si vous n’avez rien à prendre,  cédez la place à nos clients car vous-constatez qu’il y’a beaucoup de gens qui n’ont pas eu de places », nous intima un serveur. Façon de nous inviter à débarrasser le plancher.

À 2 h, déjà le casse-tête du gérant est manifeste. Il est débordé. Les ‘’noctambules’’ se font de plus en plus nombreux et toutes les tables sont occupées. Discussion animée entre travailleuse du sexe (TS) et un client car les deux semblent se connaître.

– ‘’Chéri, allons-y !’’

 ‘’Attends, je finis mon verre, mais c’est le  prix habituel que j’ai avec moi ‘’.

 – ‘’ Eh, toi aussi, faut augmenter un peu, tu sais que le bar sera bientôt fermé à cause du carême »,

– ‘’ Ce que j’ai, c’est ce que je t’ai dit, tu vois que j’ai acheté des boissons déjà », a déclaré le client qui a fini par avoir gain de cause car les deux se sont dirigés par la suite vers la chambre trouvant juste derrière le bar.

Nous nous rendus dans un maquis, Rue Princesse, Quartier Hippodrome. Naguère très fréquenté et d’accès gratuit, semble-t-il, ce maquis a innové à travers une exigence. Cette fois-ci, pour les nuits de la ‘’Finale’’ le ticket d’entrée est cédé à la somme de 5000 FCFA. Ni plus ni moins. A prendre ou à laisser. Malgré tout, il était plein à craquer. A l’intérieur régnait une véritable ambiance de folie en plus du décor : en quantité et en désordre des bouteilles d’alcool de tout genre sur les tables, par terre, dans les allées…

Entre les couples en chaleur, les consommateurs assoiffés,  et les fumeurs de chichas qui se négociaient à 7.500 FCFA, le propriétaire de ce maquis a été certainement l’un des grands gagnants de la finale. Tout porte à croire qu’il a dû bien se frotter les mains.

En tout cas, ‘’la finale’’ dans la capitale malienne est un visage de notre société à découvrir et il importe de méditer sur un comportement aussi paradoxal dans une société qui se dit musulmane à plus de 95% ! C’est comme si, délibérément, on joue son jubilée sur l’aire des jeux et vices avant de se résigner de s’en priver pour un mois au plus, histoire d’observer le jeûne !

La rédaction

Source: Le challenger