La restitution du rapport de synthèse de l’évaluation des juridictions du Mali et de la validation du rapport de relecture du Statut de la magistrature, tels sont les sujets au centre d’un atelier de deux jours qui réunit depuis hier et aujourd’hui les professionnels de la justice à l’hôtel Azalai Salam.

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Il s’agira aux termes de définir le portrait-robot du futur magistrat, de sa qualité et les exigences dont il devrait faire preuve tout au long de sa carrière.

Si la première journée était consacrée à une introduction pertinente aux débats qui réunissent les professionnels de la justice, les travaux de ce jour ambitionnent de réfléchir aux évolutions du statut de la magistrature. Les participants s’efforceront aussi à bâtir le portrait-robot du futur magistrat de l’année 2030, de la qualité humaine qu’il doit avoir et les exigences morales, professionnelles et éthiques et déontologiques dont il devrait faire preuve tout au long de sa carrière, de son statut et de son rang de magistrat.
C’est le ministre de tutelle, Me Mamadou Ismaël KONATE, a officié la cérémonie d’ouverture qui a vu la participation à ses côtés des présidents de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême, ainsi que l’Ambassadeur des États-Unis au Mali, Paul FOLMSBEE.
Ce dernier a rappelé que le rapport de synthèse de l’évaluation des juridictions du Mali, financé par USAID, fait suite à la signature avec le ministre des Affaires étrangères, le 5 décembre 2015, d’un document portant « l’initiative pour la gouvernance de la sécurité ».
Il a souligné que par cette initiative, d’un montant global de 65 millions de dollars, son pays réaffirme ainsi son attachement à la sécurité des Maliens et à l’intégrité du Mali.
Citant le deuxième président américain, Thomas Jefferson, qui disait que : « Le prix de la liberté, c’est la vigilance éternelle », le diplomate américain se dit convaincu que l’initiative, sur le plan judiciaire, soutiendra le ministère de la Justice dans la mise en œuvre du Programme d’Urgence pour le Renforcement du système judiciaire adopté en 2016, laquelle vise dit-il le renforcement des institutions qui pilotent le secteur de la sécurité, dont la justice. Il s’agit, selon lui, de forger des systèmes sécuritaires performants, capables d’assurer la sécurité des citoyens.
Le ministre de la Justice, pour sa part, a informé que le gouvernement de la République a entrepris un nécessaire, mais indispensable reconstruction en urgence de l’État de droit et de la justice.
Ce faisant, l’État a eu pleinement conscience du rôle impérieux de la justice dans l’instauration et la consolidation d’un État de droit, républicain, laïc et démocratique, à même de restaurer la confiance du peuple et du justiciable, de relancer le développement et de promouvoir l’investissement et créer le bonheur pour tous.
Une telle démarche ne pas, selon le Garde de sceaux, sans obstacle, tant les défis sont énormes. Une manière pour le chef du département de rappeler que la consolidation de l’état de droit implique une profonde modernisation de l’appareil judiciaire du pays, mais surtout l’engagement des professionnels de la justice que sont les magistrats, ces hommes et ces femmes qui servent la justice et dont les mentalités devraient nécessairement évoluer et se renouveler.
En félicitant la direction nationale de l’administration de la justice pour la qualité du travail, au terme d’une fastidieuse mission avec l’appui du Mali justice Project de la coopération américaine, le ministre KONATÉ a indiqué que le rapport d’évaluation soumis à la réflexion durant les deux jours de travaux, renseigne que le chemin à parcourir reste long et demeure sinueux à bien des endroits.
En établissant un état des lieux objectifs des conditions matérielles et organisationnelles des procédures qui sont mises en œuvre et de l’environnement dans lequel se rend la justice, le rapport, selon N° 1 du département, donne matière à réflexion sur l’existant, mais sur les besoins restants à combler pour une dotation budgétaire adéquate du secteur de la justice.
En tout cas, le ministre est clair et catégorique : ce rapport présenté ne concerne pas que les magistrats et les greffiers.
« Il s’adresse à tous ceux qui, de près ou de loin, font du Droit et de la justice leur métier, leur cause ou leur combat à travers la distribution saine d’une justice transparente, conforme aux attentes légitimes du justiciable », a-t-il rassuré.
Au-delà des constats qui confirment de ce que chaque professionnel du monde de la justice sait et de ce qu’il perçoit dans le pays, il sera mis en perspectives des difficultés et des recommandations en vue des décisions efficaces et cohérentes.
Déplorant le budget 2017 du département qui reste largement en deçà des attentes, le Garde des sceaux a invité les magistrats à l’imagination et à l’innovation aux fins de gérer de manière parcimonieuse les maigres ressources.
Aussi le ministre, a-t-il exhorté les professionnels de la justice à suppléer le manque de matériels, d’équipements et d’infrastructures par leur engagement volontaire d’acteurs d’hommes et de femmes, épris de justice.
Conscient que ces situations décrites nécessitent des réponses vigoureuses, il a annoncé que le département entend engager dans les prochains jours plusieurs actions au nombre desquelles : le recrutement d’au moins une centaine de magistrats dès cette année ; la formation continue et permanente avec le programme de formation des juges commerciaux qui sera lancé au courant de ce mois ; et la dotation de l’institut national de formation judiciaire d’une salle de visioconférence polyvalente destinée à accueillir des sessions d’échange et de formation à distance, avec notamment les professionnels de la justice de la sous-région, de la région, du continent et d’ailleurs.
Autre préoccupation, autre ambition du ministre Konaté : la construction et la rénovation des maisons d’arrêt, des palais de justice, des commissariats de police, de brigades de gendarmerie, des maisons de justice sur toute l’étendue du territoire.
Par ailleurs, le chef d’œuvre de l’administration de la justice a rappelé que le département ne saurait avoir une ambition qui ne tiendrait qu’aux seuls chiffres. D’où cet autre désir de voir le juge à trancher les litiges dont il est saisi dans un délai raisonnable, dans la transparence, la sérénité et dans un cadre digne de la justice. Il s’agit également de donner des garanties réelles en ce qui concerne l’indépendance du juge et de la justice.
De la conviction faite par le ministre garde des sceaux, rien de devra contrarier la sérénité qui est nécessaire dans l’administration de la justice.
Sur le plan de l’éthique individuelle, il a expliqué que l’indépendance est un état d’esprit, sur le plan collectif, c’est une condition pour la démocratie, pour la république, pour l’état de droit, c’est le fondement même de la séparation des pouvoirs.
« Autant, il ne saurait y avoir de pressions et de suspicion sur la justice, autant les pressions quelles qu’elles soient, d’où qu’elles viennent sur la justice sont inacceptables, intolérables », a dénoncé le ministre pour qui les magistrats doivent avoir toutes les garanties statutaires, matérielles et professionnelles de leur indépendance et de leur impartialité.

Par Mohamed D. DIAWARA ET MEMADJILEM NADJILAR ÉVELYNE (STAGIAIRE)

 

Source: info-matin