Le dossier des militaires et paramilitaires inculpés dans l’affaire des bérets rouges ne finit jamais de livrer tous ses secrets. En effet, le régime s’enfonce chaque jour davantage dans les violations de la loi caractérisées par de petits calculs et des élucubrations de certains caciques pour continuer à amuser la galerie et cacher la réalité.

Après des argumentations creuses selon lesquelles suite à la tenue du semblant de procès organisé à Sikasso courant novembre 2016, les inculpés ne sont plus en détention provisoire, mais c’est plutôt, une ordonnance de prise de corps qui a été prise contre eux. Dans ce cas, toute possibilité d’accorder la liberté provisoire aux détenus est désormais écartée, car selon les esprits tordus, le dossier est sous la responsabilité de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako jusqu’à la convocation d’une nouvelle session pouvant se pencher sur l’affaire des bérets rouges. Ce, aucune limite (temps) n’est fixée en la matière. Le hic, cette machination était même soutenue par certains hommes de droit.

De l’avis des spécialistes, cette argumentation viole l’une des dispositions du Code de procédure pénale (Cpp) notamment en son article 151 qui stipule qu’en matière criminelle, les détenus peuvent, en toutes les étapes de la procédure, formuler des demandes de liberté provisoire. Bien que les valets du régime aient opté pour cette démarche hasardeuse et dépourvue de toute logique, le vendredi 26 janvier la Chambre d’accusation s’est penchée sur le dossier, dit-on, sur instruction du président de la République pour écarter les deux généraux inculpés dans l’affaire des bérets rouges disparus.

Le Général Yamoussa Camara ne souffre d’aucune maladie

Ainsi, la mise sous contrôle judiciaire du Général Ibrahim Dahirou Dembélé a été levée et la liberté provisoire a été accordée au ministre de la Défense et des Anciens Combattants d’alors, le Général Yamoussa Camara pour raison de santé. Alors que, selon des indiscrétions, au cours d’une rencontre avec le Collectif des épouses des militaires détenus, le Général Yamoussa Camara a clairement dit à ses visiteuses qu’il ne souffre d’aucune maladie. D’ailleurs qu’il a même une santé de fer.

Alors qu’au même moment, d’autres inculpés continuent de croupir dans les geôles du Camp I de la gendarmerie en occurrence l’Adjudant-Chef Fousseiny Diarra qui a subi une intervention chirurgicale à l’Hôpital du Pont G. Aussi, malgré son état de santé très fragile, ce dernier est toujours détenu au Camp I où il continue à se tordre de douleur. Pire, le cas du défunt Capitaine Amassongo Dolo est assez illustratif de la politique de poids deux mesures du régime IBK dans la gestion de ce dossier. Car, bien que malade et d’ailleurs très malade, il n’a été transporté à l’Hôpital du Pont G pour y recevoir les soins qu’à la phase terminale de sa maladie où il finit par rendre l’âme le soir d’un 29 septembre 2016.

Selon les spécialistes, le dossier de l’affaire des bérets rouges est un véritable cinéma, car il est truffé de zones d’ombre et d’incompréhension parce que certains hauts gradés de l’armée qui en principe doivent être inquiétés vaguent tranquillement à leur affaire. Le cas le plus révélateur est celui du Chef d’État major général des armées (Cemga) d’alors, le Général Ibrahim Dahirou Dembélé qui a été inculpé pour complicité dans le dossier des bérets rouges disparus pour avoir apposé sa signature sur une liste des militaires devant être déployés sur le front, dont le mon des supposés bérets rouges disparus. Alors que, son Sous-chef d’État major des opérations au moment des faits et l’actuel Chef d’État major particulier du président de la République, le Général Oumar Daou dit Baron n’est pas du tout inquiété.

Les primes d’opération des bérets rouges jamais reversées par le Général Didier Dackouo

De sources proches de la grande muette, en principe, ce dernier après avoir reçu la liste des militaires devant être déployés sur le front des différentes unités doit faire la compilation et soumettre à son Chef hiérarchique, le Général Dahirou. En plus, le commandant d’unité de la Compagnie para, le Commandant Youssouf Traoré qui a été à l’origine de la liste des bérets rouges n’est pas non plus inquiété et d’ailleurs il bénéficie même de la promotion. Pire, après le visa du Chef d’État major général des armées et l’aval du ministre de la Défense pour débloquer les fonds y afférents, les différentes listes et les fonds ont été mis à la disposition du Commandant des opérations qui n’était d’autre que le Général Didier Dackouo qui continue à bénéficier de toutes les faveurs du régime IBK.

Alors qu’il doit être inquiété au même titre que les autres, car, précisent nos sources, pendant plusieurs mois, le Général Didier Dackouo percevait les primes d’opération de ces bérets rouges sans signaler leur absence ni reverser lesdites primes.

De sources généralement crédibles, pour éviter qu’il soit cité comme témoin dans le dossier et être entendu par le tribunal, le Commandant Youssouf Traoré, alors commandant d’unité de la compagnie para à l’origine de la liste contenant le nom des bérets rouges disparus a été envoyé à l’extérieur du pays pour une formation.

Quant au cas du Chef d’État major particulier du président de la République, le Général Oumar Daou dit Baron, nos sources nous indiquent qu’il bénéficie du soutien de son cousin, l’actuel directeur général de la Sécurité d’État, le Général Moussa Diawara. À les croire, tout a été mis en œuvre pour extirper le Général Dahirou qui était dans la logique de citer le Général Baron en témoin si jamais le procès venait à se tenir.

Le budget de fonctionnement détourné par le Général Poudiougou

Et de poursuivre que le Général Dahirou n’a jamais caché cette volonté, car, ajoutent-elles, lors de l’enterrement de la mère du Général Yamoussa Camara, le Chef d’État major particulier de IBK aurait dit au Général Dahirou : « Comment il s’est retrouvé dans l’affaire des bérets rouges ? » Naturellement, ce dernier répliqua que « je suis en train de payer pour la mauvaise liste que tu m’as soumise ».

Pour le cas du Général Yamoussa Camara, sa liberté serait due au fait qu’il détient plusieurs secrets. De sources dignes de foi, lorsque ce dernier était le Sous-Chef d’État major des opérations, il avait droit à un million de FCFA comme budget de fonctionnement. Pendant tout le temps qu’il a passé à la tête de département, il n’a pas reçu le moindre centime. Après sa nomination à la tête du ministère de la Défense et des Anciens combattants suite aux évènements de mars 2012, le Général Yamoussa Camara aurait découvert dans les archives qu’un million de FCFA était mis à sa disposition pour lui servir de budget de fonctionnellement en sa qualité de Sous-chef d’État major des opérations. Ce, tous les mois durant son séjour à ce poste. Selon nos sources, ledit fonds a été détourné par le Chef d’État major général des armées à l’époque, le Général Gabriel Poudiougou qui percevait pourtant 15 millions de FCFA par mois comme budget de fonctionnement.

Comme le ridicule ne tue plus au Mali, ce Général Poudiougou se voit encore confier le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), le volet le plus important de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Donc, la libération du Général Yamoussa Camara n’est ni plus ni moins qu’une façon de le faire taire.

Une fois de plus, voilà des indices que le dossier des bérets rouges disparus est non seulement vide, mais aussi il constitue un véritable scénario digne d’une série hollywoodienne concoctée par les caciques du régime pour divertir les Maliens et cacher ainsi leur vrai visage. L’avenir nous en dira davantage !

Mama PAGA

Le Pays