Les autorités maliennes ont procédé au limogeage de plusieurs hauts gradés de l’armée et dissout une milice de chasseurs dogons. Mais ce nouveau drame marque l’impuissance de l’Etat à apaiser les tensions ethniques.

 

Dans un communiqué, le président de la Commission de l’Union africaine a fermement condamné cette attaque jugée ignoble contre des civils innocents et sans défense.

Le tchadien Moussa Faki Mahamat a souligné la nécessité d’identifier les auteurs et les traduire en justice.

Réaction similaire de l’Union européenne qui a appelé dimanche à des “mesures immédiates”, dont “le désarmement et le démantèlement de l’ensemble des milices qui sévissent” dans le centre du Mali.

Des mesures pas à la hauteur des crimes

La  France a salué l’engagement du gouvernement malien à dissoudre les milices qui alimentent la terreur dans cette région et qui doivent être désarmées.

Des mesures que juge insuffisantes Ulrich Delius, responsable Afrique de l’organisation allemande “Société pour les peuples menacés”.

“C’est trop peu pour calmer les esprits. Il faut avoir une meilleure représentation des forces de l’Etat dans la région. Ça a été promis depuis très longtemps, mais pas réalisé. Et aussi essayer de trouver un compromis, un traité de paix entre les Dogons et les Peuls.”

Le président malien s’est rendu lundi sur les lieux du drame dans le village d’Ogossagou-Peul. “Il faut la sécurité ici, c’est votre mission”, a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta au nouveau chef d’état-major de l’armée, le général Aboulaye Coulibaly.

Tout comme Ulrich Delius, le politologue Moussa Sidibé prône lui, une solution pacifique et négociée.

“Il faut qu’il y ait une vraie autorité politique sur place qui puisse permettre un dialogue intra-communautaire pour éviter vraiment qu’on aille plus loin. Parce que ce genre de massacres, il ne faut quand même pas oublier que ça crée un précédent. Il ne faut pas non plus écarter cela. C’est ce qu’il faut vraiment craindre.”

Depuis 2014, l’apparition dans le centre du Mali du groupe djihadiste d’Amadou Koufa, qui recrute notamment parmi les peuls, alimente un climat de suspicion à l’encontre des membres de cette communauté.

Des affrontements récurrents opposent les peuls et les ethnies bambara et dogon qui appartiennent à la milice “Dan Nan Ambassagou”. Selon l’ONU, ces violences ont causé la mort en 2018 de plus de 500 civils.

Deutsche Welle