Les jeunes maliens viennent de perdre l’espoir d’un lendemain meilleur avec l’annonce de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de 3 ans. Au même moment, le gouvernement ferme les portes de la fonction publique à des milliers de jeunes diplômés formés dans des universités publiques. Cette contradiction ne laisse pas le choix à la migration aux jeunes maliens dont un nombre important a perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée, à la recherche d’un meilleur avenir.

En augmentant l’âge de départ à la retraite de 3 ans, le gouvernement malien fauche l’herbe sous les pieds des jeunes qui attendent impatiemment un emploi dans la fonction publique comme dans le secteur privé. Des milliers de travailleurs vont devoir attendre trois ans à compter de 2020 pour prendre leur retraite, ce qui représente un manque à gagner en matière de recrutement dans la fonction publique de l’Etat particulièrement.

Plus scandaleux, le gouvernement n’a donné aucune explication pertinente à cette politique qui avait déjà fait l’objet d’une protestation de la part du Conseil national de la jeunesse(CNJ). Pour apaiser la colère de cette organisation représentative de la jeunesse malienne, le gouvernement a annoncé le recrutement en 2019 d’une dizaine de milliers de jeunes dans la fonction publique de l’Etat et dans celle des collectivités.

Le gouvernement doit expliquer aux Maliens les dessous de sa décision. On ne peut pas comprendre que seulement une dizaine de milliers de jeunes soit recrutée alors que l’on maintient dans la fonction publique des travailleurs ayant servi l’Etat pendant longtemps. C’est donc il est une obligation pour le gouvernement de communiquer le nombre de travailleurs censés aller à la retraite à la fin de 2019 si elle veut que les jeunes comprennent sa décision.

Le motif fallacieux de la baisse du niveau des jeunes que certains analystes ont avancé ne saurait tenir la route. S’il y a plein de cancres parmi les jeunes maliens, il y en a aussi qui savent mieux se défendre que certains cadres de la vieille école. Mieux, l’habileté à s’exprimer en Français ne saurait non plus être un critère dans un monde dominé par les Chinois et bien d’autres pays asiatiques qui ont ouvert des alternatives.

La migration reste la seule voie du salut pour les jeunes maliens qui sont par ailleurs écartés de certains concours de recrutement organisés par le gouvernement. Et c’est ce même gouvernement qui a décidé d’orienter les jeunes dans des universités dont les diplômes ne représentent plus un atout dans la fonction publique. On assiste à la création d’une catégorie de jeunes frappés par des mesures discriminatoires alors qu’il est aussi de la responsabilité de l’Etat de créer des conditions pour l’employabilité des citoyens.

A.D

Source: La Sirène