Depuis le Stade du 26 mars où il avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2013, IBK a fait de la révision de la constitution une priorité de son quinquennat.

Pourtant, c’est cette réforme majeure qui a capoté au gouvernement. Depuis, le chef de l’État a radicalisé sa politique et a constitué sa majorité.

« Voilà une affaire réglée ». Cet aphorisme venant de M.  Issiaka Sidibé dit Isaac, président de l’Assemblée nationale, à l’issue du vote sur le projet de loi sur la révision de la constitution, illustre bien le soulagement qui fut le sien à l’issue d’une procédure lassante, conduite à pas de charge par le gouvernement. Le mois d’août 2017 avait été décrété par le garde des sceaux, « mois de la révision de la constitution ».

Le gouvernement qui croyait pouvoir réussir son coup, avait décidé de rabâcher les oreilles de ses citoyens avec le projet de révision et ses opportunités. C’est au terme de ce mois d’août 2017 mouvementé que la procédure s’est soldée par un échec en date du 18 août. On peut comprendre le soulagement du président de l’Assemblée, qui bien que soutenant les actions du gouvernement, avait été surpris par ce vote. Des députés, aujourd’hui rangés de force dans l’opposition, ont eu le courage de brandir un carton rouge contre le projet de révision de la constitution. À l’opposé de la campagne du gouvernement et de ses soutiens, des forces sociales dont le Front ‘’An té an bana’’ fraîchement créé, ont aussi organisé des séances d’explication sur les nombreuses dispositions attentatoires à la démocratie malienne. Elles avaient poussé l’engagement politique jusqu’à projeter d’organiser des sit-in nocturnes sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale, invitant les députés à rejeter simplement ce projet de révision de la constitution.

Que reprochaient-ils au projet ?

Le projet faisait la part belle au chef de l’État, qui s’est arrogé le pouvoir de nomination des membres de la Cour constitutionnelle. D’autres réformes comme la violation de l’article 118 alinéa 3 qui dispose qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire, la date erronée portée sur le projet et les insuffisances liées à la mouture présentée … sont autant d’éléments qui plaident, selon eux, en faveur du rejet. Pour avoir modifié une quarantaine d’articles, les pourfendeurs du projet pensent qu’une telle révision est purement et simplement une nouvelle constitution qui pourrait induire une nouvelle république.

Ce rejet a entraîné une vive colère du président de la république, qui l’a pris pour un échec personnel. Il a décidé de se venger en faisant désormais ‘’la politique’’. Et, il a de facto décidé de créer une majorité parlementaire avec les députés qui ont soutenu son projet, en excluant ceux qui ont voté contre. Ainsi, a commencé une nouvelle ère politique sous le régime-IBK, avec la bipolarisation de la classe politique.

Cet échec a été cuisant pour le régime du ‘’Mali d’abord’’. En 2016, il a installé une commission de relecture, au motif que la réforme constitutionnelle est l’une des plus importantes annoncées par le régime IBK.

Cyrille Coulibaly

 

Source:  Nouveau Réveil