Vivre dans la fiction est une méthode efficace de trouver la solution heureuse aux problèmes de nous tous. Tous les Maliens ont adopté de s’enfermer dans le rêve pour se projeter dans l’avenir qu’ils souhaitent vivre dans la réalité. Ils répondent ainsi à la question de savoir pourquoi et comment leur pays a failli sombrer plusieurs fois dans le précipice ?

Je rêve de voir le futur «président de la République du Mali», après les élections de 2022, avoir la surprise d’être sauvé du désarroi par le filet de sauvetage invisible de l’État. Comme le fut le président français François Mitterrand le premier jour de son entrée en fonction? Ce battant qui avait surmonté dans le passé des épreuves très dures, aurait murmuré devant certains proches collaborateurs après sa prise de fonction officielle «enfin les difficultés commencent». Cet aveu surprenant ne traduisait-il pas sa détermination à réaliser son programme pour satisfaire le peuple français ? Mais le jour où il prit possession de ses bureaux, il aurait fait appel à sa sérénité légendaire.

Je me réfère à mon souvenir de lecture d’une page du tome I de «Verbatim» de Jacques Attali, conseiller spécial du président François Mitterrand. La nouvelle équipe socialiste aurait eu la désagréable surprise de prendre possession des bureaux, dont les meubles ne contenaient rien. Le vide absolu. Jacques Attali, après ce constat, demanda à Mitterrand de le recevoir. Il informa le chef de l’État de sa découverte paralysante. Le président lui aurait répondu que lui aussi n’avait rien dans ses tiroirs.

Quel bout tirer alors pour faire tourner la pelote des dossiers urgents ? Le président calmement aurait confié à son ami Jacques Attali son souhait de parler au Roi d’Espagne. Le conseiller spécial aurait soulevé le combiné du seul téléphone posé devant son patron. En le portant à son oreille, il aurait entendu une voix rassurante lui souhaiter une bonne journée. Le conseiller spécial aurait transmis à cette voix la demande présidentielle. «Vous aurez la communication dans quelques minutes», aurait répondu l’interlocuteur invisible. Le conseiller spécial déclarera à son chef : «L’État est là».

Les Maliens sont heureux de lire des mémoires d’anciens hauts serviteurs de l’État français, anglais, américains, etc, qui lèvent le voile sur la gestion de leurs pays au cours d’une période donnée. Paradoxalement ils sont sevrés en ce qui concerne les gestions des présidents Modibo Keïta (1960-1968), général Moussa Traoré (1968 -1991), général Amadou Toumani Touré (2002-2012).

Au Mali aussi «L’État est là». Mon peuple veut tout savoir sur les gestions passées des affaires de l’État malien. Il est temps de déclassifier des secrets d’État voire de voter une loi pour rendre des archives accessibles aux historiens. Il est vraiment temps de desceller la parole d’anciens généraux et d’anciens ministres.

La balle est dans le camp du Conseil national de Transition (CNT). Le peuple souverain du Mali n’attend-il pas depuis très longtemps des comptes rendus auxquels, il a droit ? Notre école de la vie politique a besoin de ce savoir essentiel pour éviter les errements.

Sékou Oumar DOUMBIA

Source : L’ESSOR