Les hivernages se suivent et se ressemblent, depuis quelques années, dans le Cercle de Ténenkou. Cette année, il s’annonce dans une situation difficile.


Après une période de très grande chaleur, les paysans et éleveurs de Ténenkou ont, désormais, les yeux levés au ciel, espérant une bonne pluviométrie pour assurer leur sécurité alimentaire dans un contexte d’insécurité.
Après une campagne agricole 2018-2019 en demie teinte dû à une faible pluviométrie observée l’année dernière mais aussi à la forte crue qui a inondé plusieurs champs, les paysans du cercle s’apprêtent à braver le soleil pour pouvoir subvenir aux besoins de leur progéniture.
Cette campagne 2019-2020 s’ouvre à un moment où il est difficile pour certains paysans de labourer leur champ du fait de l’insécurité. Néanmoins, ceux qui ont la chance de le faire s’activent.
Selon le chef du casier rizicole de Ténenkou, Youssouf Dembélé, la campagne agricole s’annonce dans des conditions peu favorables, compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontés les paysans. Il s’agit de la faiblesse des bœufs de labour, à cette période de l’année, mais aussi de l’insuffisance des semences chez les paysans.
Sur le plan technique, les paysans souffrent du manque de matériels de labour mais aussi de l’insuffisance d’engrais subventionnés. Pour cette campagne 2019-2020, M. Dembélé espère pouvoir donner plus d’engrais subventionnés aux producteurs que la saison précédente.
Il espère, également, attribuer le maximum de parcelles pour atteindre les objectifs. En labour de fin de cycle (LFC), la prévision est de 240 ha et, déjà, on a constaté une réalisation de 420 ha soit 175%. En labour de début de saison (LDS), la prévision est de 4760 ha pour une réalisation de 155 ha soit 0,03%.
Tous les paysans du cercle n’ont pas, pour le moment, l’opportunité de labourer leur champ du fait de l’insécurité. Le cas le plus le plus emblématique est celui de Toguéré Coumbé, qui, depuis plus d’une année, vit sous perfusion alimentaire, entrainant un départ massif de la population.
Pour l’instant, les pluies sont en retard par rapport à l’année précédente. Les cumuls du mois de mai et de juin, pour cette campagne, sont de 37mm pour 4 jours contre 30mm pour 2 jours, la campagne 2018- 2019.
Autre communauté qui attend avec beaucoup d’impatience les pluies, ce sont les éleveurs du cercle. L’arrivée tardive des pluies, l’année dernière, doublée de la forte crue a eu comme conséquence la faible production de ‘bourgou’. Ce pâturage, qui est l’aliment crucial et essentiel pour les animaux du cercle, est aussi source de convoitise pouvant créer des frustrations entre les différents acteurs sur le terrain.
Cette insuffisance de ‘bourgou’ entraine une ruée vers l’aliment bétail dont le sac de 40 kg varie entre 7000 et 7500 Fcfa, au-dessus des moyens financiers des populations.
Pendant l’hivernage, les animaux du Cercle de Ténenkou et d’autres des régions de Mopti, Ségou et Tombouctou se retrouvent dans le Méma (Kareri, Nampala et Farimaké) ou dans le Sahel, entrainant une forte concentration de bêtes sur un espace réduit.
A quelques jours du départ des animaux vers la montée, les éleveurs, selon le président de la Coopérative des éleveurs de Ténenkou, ont des appréhensions en raison de la situation sécuritaire. Il espère un dialogue avec tous les acteurs sur le terrain comme ce fut le cas l’an passé pour que tout se passe bien jusqu’au retour des animaux.
Il invite chacun (agriculteurs et éleveurs) à respecter les droits des uns et des autres
En attendant l’arrivée des pluies, les communautés s’activent et des prières pour une bonne pluviométrie et le retour définitif de la paix sont prévues à la grande mosquée de Ténenkou, lors de la grande prière du vendredi.
Ténenkou, située dans le delta intérieur du Niger, est une zone de plaine propice à l’élevage. Ici, l’élevage occupe une place prépondérante dans le quotidien des populations.
Pour certaines communautés, les bovins, ovins, caprins constituent non seulement la principale richesse mais aussi un facteur d’identification. Le cheptel du cercle est reparti sur les vastes aires géographiques.
L’élevage se pratique de façon extensive alors qu’il dépend essentiellement des conditions climatiques pour son épanouissement.
Le cercle de couvre une superficie de 12 209 km2 pour une population estimée à 217.796 habitants. Située dans la zone inondée de la Région de Mopti, Ténenkou est une zone agro-pastorale par excellence. Cette activité occupe plus de 80% de la population active.
L’agriculture et l’élevage dépendent, ici, largement des conditions climatiques qui influent considérablement sur l’issue de la saison et sa couleur verte, blanche ou noire.
AS/MD 

Source: AMAP