Circuler à Bamako est devenu un véritable calvaire. Un exercice difficile, risqué voire dangereux. Pourtant la circulation routière est régie par un code appelé «Code de la route». Mais dans la pratique ses dispositions ne sont pas respectées par la majorité des usagers de la route. Le Code de la route exige un permis de conduire pour tout conducteur de véhicule. Concernant les engins à deux roues, leurs conducteurs circulent sans permis au Mali en toute impunité.

La circulation à Bamako est devenue presqu’une jungle. Personne ne respecte personne. Conducteurs mineurs, majeurs sans permis, voitures sans plaques d’immatriculation, véhicules poids lourds au centre ville en pleine journée, tel est le spectacle qu’on peut observer dans notre capitale. Les plus dangereux sont les conducteurs de minibus de transport en commun Sotrama, de taxis et poids lourds.
Tout le monde est pressé. La plupart ignorent la réglementation et chacun roule comme bon lui semble. Par exemple, les Sotrama qui assurent le transport en commun urbain circulent dans l’impunité totale. Le nombre d’usagers qu’ils doivent prendre est fixé entre 20 et 23, la vitesse maximum à 50 Km/H. Mais aucune de ces dispositions n’est suivie à la règle. Par ailleurs, les points d’arrêt pour Sotrama ne sont point respectés.
Les chauffeurs de Sotrama qui, pour la plupart sont très agités, s’arrêtent aux tournants et démarrent n’importe comment. Il suffit qu’un client fasse signe pour qu’ils s’arrêtent brusquement sans clignoter.
C’est pareil chez les taximans qui ne voient aussi que « leur cible », (le client). A ce désordre total s’ajoute le cas des propriétaires de motos djakarta, de véhicules poids lourds et des «Kata Kata ni» (tricycles) qui sont de plus en plus nombreux dans la circulation. Dans cette situation, certains policiers, censés réguler la circulation, s’adonnent à des pratiques malsaines. Moussa Camara, chauffeur de Sotrama, confie qu’il a l’habitude de corrompre les policiers de la circulation. Il a déploré le fait que personne ne fournit d’effort pour aller vers la normalité.
Sous couvert de l’anonymat, un policier a reconnu le désordre dans la circulation à Bamako. Il a spécialement pointé du doigt les conducteurs de Sotrama et de taxi. Il a aussi déploré le comportement des motocyclistes et des propriétaires de « Kata Kata ni ». Le policier explique que les infractions couramment rencontrées dans la circulation sont : la violation du feu tricolore, l’excès de vitesse, la conduite du véhicule sans permis ou sans plaque, le stationnement interdit.
Issa Diallo est détenteur d’une moto djakarta. Il exhorte les autres motocyclistes à plus de prudence et de patience dans la circulation. Selon l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER), l’oubli d’allumer un clignotant cause au moins 27 accidents par jour dans notre pays. Le site web de l’Agence précise que le mauvais comportement des usagers cause 85% des accidents. Au Mali, les accidents corporels ont coûté la vie à 541 personnes en 2016 contre 569 en 2015, selon les statistiques de 2016 du régulateur de la route.
Dans la même période, selon l’ANASER, il y a eu 5.532 accidents corporels en 2016 contre 5. 944 en 2015. En 2017, l’Agence affirme au compte de sa dernière session avoir formé 5.000 usagers sur des sujets comme le port du casque, de la ceinture de sécurité et autres.
Selon une étude de la Banque mondiale, la route tue dans le monde 1,25 million de personnes chaque année. Au Mali, il importe de mettre en place une véritable politique de communication et d’information de l’ensemble des acteurs pour diminuer les accidents de la circulation.

Amadou B. MAIGA

L’Essor