Particuliers, chauffeurs de taxi, de transport en commun… les Bamakois ne se donnent pas trop de pein quand il s’agit de trouver un espace où se garer. D’où des bouchons monstres en permanence sur certaines voies.

S’il y a des phénomènes qui sont bien partagés au centre-ville de Bamako, c’est bien le stationnement et l’occupation anarchiques de la voie publique qui prennent de l’ampleur dans la capitale. Rétrécissement des voies et, par conséquent, ralentissement de la circulation routière, accidents souvent graves, les pratiques se sont généralisées, ces dernières années, surtout dans les quartiers où se concentrent des administrations publiques et des activités commerciales.
Au centre commercial, un quartier abritant beaucoup de services, des particuliers garent leurs véhicules en des endroits sans panneaux de stationnement réservé ou qui ne sont pas des parkings. Ils entrent dans leur bureau, pour y passer toute la journée. « On n’a pas d’autre solution. Nous sommes contraints de garer nos véhicules, ici, aux alentours de notre lieu de travail. Que voulez-vous qu’on fasse ? », éructe Monsieur X, qui ne veut pas décliner son identité et qui a stationné sa voiture, pratiquement sur la chaussée. Nous sommes devant un service, dans le quartier du Centre commercial. Et son véhicule doit rester en occupation anarchique de la voie publique durant toute la journée. Entre-temps, les usagers devront « se débrouiller », comme ils peuvent, pour se frayer un passage.
Parfois, des véhicules de transport public, surtout les gros-porteurs ou des véhicules de livraison, stationnent en dehors de leurs heures de circulation et des aires qui ne leur sont pas réservées. Ou très souvent, certains véhicules de transport public, sans autorisation, occupent des portions de voie, le temps plus ou moins long, de chercher et de trouver des clients et d’embarquer, hors d’une auto-gare ou un site réservé à cet effet. La scène se passe à longueur de journée dans la ville de Bamako.
Au Badialan III, en Commune III du District de Bamako, des auto-gares, au bord de la voie bitumée reliant la ville de Kati, incitent à des stationnements illégaux de taxis qui attendent des clients parmi les passagers des cars. Vers les soirs, aux heures d’arrivée des cars de l’intérieur du pays, les chauffeurs de taxi s’arrêtent devant les gares routières, au mépris de toute règle, provoquant des embouteillages. Des désagréments qu’ils causent aux autres usagers de la route, ils n’en ont cure. Les reproches et récriminations les laissent de marbre. « C’est agaçant, l’incivisme est à la base de tout dans ce pays. Les gens ont la critique facile contre les gouvernants, ils se permettent de mettre en cause l’autorité alors que les populations elles-mêmes ne sont pas sans reproche. C’est le laisser-aller…», déplore un usager qui en veut aux transporteurs au Badialan contre qui il exprime son dégoût.

Un autre visage de l’occupation anarchique de la voie publique et de ses désagréments dans la circulation routière : des épaves abandonnées devant des maisons, durant des années. Une scène qui n’est pas rare dans certains quartiers.

ASSAINISSEMENT – À la mairie du District de Bamako, on considère que le phénomène est illégal. « Un stationnement anarchique, comme son nom l’indique, est une occupation illégale d’une partie de la voie publique sans autorisation », définit Amadou Coulibaly, agent à la mairie principale de la capitale. « Pour pouvoir occuper une portion de la voie publique, il faut en milieu urbain, une autorisation du maire. Sans laquelle l’occupation ou le stationnement devient anarchique », soutient-il.
L’agent municipal reconnaît que des particuliers ainsi que des transporteurs en commun envahissent, de plus en plus, les voies publiques de la ville. « Or, prévient-il, il y a un arrêté municipal du maire du District par rapport à l’occupation anarchique du domaine public ».
Selon le commandant-major Adama Coulibaly, chef des voies publiques de la Compagnie de la circulation routière (CCR) du GMS (Groupement mobile de sécurité), l’occupation anarchique concerne toutes les parties de la voie publique réservées à la circulation des usagers de la route. « Normalement, les stationnements doivent se faire dans les parkings pour ceux qui travaillent sur les grandes artères. À chaque fois que le stationnement se fait dans la durée, dans un lieu autre qu’un parking, il devient anarchique », explique le chef de la voie publique au GMS, soulignant l’illégalité du comportement.
En la matière, rappelle-t-il, le maire du District a pris l’arrêté 014-DB pour gérer les cas d’occupation anarchique dans le District. «La contravention va jusqu’à 18.000 Fcfa », précise le commandant-major Adama Coulibaly.
D’autre part, l’officier de police de la circulation routière relève d’autres cas d’occupation anarchique de la voie. « En plus des cas des travailleurs qui garent devant les bureaux, il y a, souvent, les abords des garages de mécaniciens qui empiètent sur la voie publique. Ces garagistes occupent la voie publique avec des véhicules en panne pour une durée indéterminée. C’est une situation qui peut, à la longue, être source d’accidents », dénonce-t-il.
Pourtant, à en croire notre interlocuteur, la police  a toujours sévi contre ces comportements, chaque fois que l’occupation devient très gênante pour les usagers. «Normalement, on doit être appuyé par l’Agence nationale pour la sécurité routière (ANASER) et la mairie », indique-t-il.
Sur ce point, il dit que l’ANASER avait même envisagé des opérations de dégagement de la voie publique. Et d’ajouter : « À travers cet arrêté 014-DB, en collaboration avec la mairie, on doit procéder à des opérations coup de poing pour dégager la voie publique ».
« On dit qu’il n’y a pas de voie à Bamako, mais à y voir de près, en luttant contre les occupations anarchiques de certaines voies, on peut bien obtenir une fluidité sur ces tronçons », analyse le chef de la voie publique au GMS. Pour ce faire, il plaide pour un appui de la mairie et de l’ANASER « parce que souvent, ces opérations demandent des moyens mécaniques pour pouvoir dégager les engins encombrants ».
Oumar DIAKITÉ et
Moussa DIARRA

Source: Journal l’Essor-Mali