Après 3 mois de gestion communale, l’actuelle équipe intérimaire de la mairie est en train de faire le changement de vocation d’espaces réservés pour la construction des écoles, medersas, des places publiques en maisons à usage d’habitation ce, en violation des textes en la matière.

 

 Au moment où la population commençait à croire en la décentralisation, le maire Tiécoura H. Diarra et certains de ses collaborateurs, dont le 3e adjoint chargé des questions financières, ont été incarcérés à la Maison centrale d’arrêt pour de “nombreuses infractions” relevées par l’unité d’enquête du Pôle économique et financier de Bamako, suite à une plainte introduite par le 1er adjoint, Hamala Sidibé qui, désormais est aux commandes de la mairie.

Dans ce bras de fer, le plaignant au Pôle économique a reçu le soutien de certains cadres de l’administration versés dans le foncier, tapis dans l’ombre. Ces derniers avaient juré de faire la peau au maire pour ses positions radicales dans la gestion domaniale.

Querelle de succession ou vengeance politique dans cette Commune rurale convoitée ? L’actuelle équipe n’est pas du tout en phase avec la population. Il nous revient que les chefs coutumiers de la Commune ont refusé de recevoir les nouveaux dirigeants assoiffés de pouvoir, de méchanceté et qui agissent uniquement dans leurs seuls intérêts. C’est cela qu’ils ont montré dès le lendemain de leur prise de service. Ils se sont partagé les véhicules (quatre Toyota Hilux) achetés à l’époque par l’équipe du maire Tiécoura Diarra pour les besoins de recouvrements, d’assainissement et d’urbanisation comme véhicules personnels. Toutes choses que le maire Diarra a toujours refusées et combattues. (A la descente, tous les véhicules de la mairie étaient immobilisés dans la cour jusqu’au lendemain).

L’absence de M. Diarra est en train d’impacter sur le développement de la Commune. Aujourd’hui, le pire, c’est l’abandon de tous les projets d’investissement entrepris par la mairie, notamment la construction de 6 salles de classes et de 6 centres d’état civil, des actions qui figuraient en bonne place dans le plan de passation 2020 de la Commune, au profit des dépenses de fonctionnement, qui n’ont aucun impact sur le développement de la Commune.

La population crie au désespoir, ne voyant aucune perspective de la réalisation d’autres activités auxquelles elle s’attendait. Il s’agit entre autres : la réhabilitation de 35 km de route, d’une trentaine de salles, dont 6 avaient déjà été attribués, la réhabilitation de certains marchés prévues par le plan 2020 de la Commune. Dans cette lancée, un chef secteur de la Commune n’a pas caché son indignation. Pour lui, ce que le maire a réalisé en deux et demi, certains n’ont pas pu le faire en 17 ans. “Nous savions où allaient nos recettes à travers les nombreux investissements que nous voyons autour de nous. A la fin de chaque année, il nous rendait compte avec toute son équipe”. Cet autre notable de Gouana (un quartier de la Commune) de laisser entendre que “depuis plus de 20 ans, nous avons toujours soumis notre projet de réhabilitation de routes aux différentes équipes communales qui se sont succédé, c’est seulement le maire Tiécoura H. Diarra et son équipe qui ont pu résoudre ce problème”. Jadis véritable cauchemar pour les populations, les transports en commun qui avaient abandonné ce village à cause de l’état de dégradation avancée de la route, sont revenus. La piste a été refaite et est très bien pratiquée grâce au maire Diarra.

A Tiebani, les caniveaux étaient pratiquement confondus à la route, puisque remplis de boue et d’ordures, le maire Diarra et son équipe ont pu créer une dynamique avec la jeunesse pour faciliter le ruissellement de l’eau à travers des ouvrages.

Morcellement des places publiques

Bref, l’on ne cesserait de citer toutes les réalisations de la mairie en si peu de temps, à travers lequel on pouvait dire que le développement était en marche dans la collectivité.

Ce n’est nullement pas par complaisance si le maire Diarra, aujourd’hui incarcéré pour des fautes administratives, a été élu par les observateurs parmi les meilleurs maires de la Cédéao et de l’Union Africaine (l’UA). Si le maire a commis des infractions, où étaient alors les autorités administratives au moment des faits ? Elles sur lesquelles pèsent une obligation de contrôle des actes des autorités municipales. Une question très facile à répondre si l’on sait que celles-ci, principalement dans le cercle de Kati sont plutôt intéressées par les ressources domaniales, ce qui est le principal point de discorde entre ces autorités et le maire qui s’est toujours battu pour la préservation des espaces publics. C’est pourquoi, il a été combattu par le Préfet de Kati et sa mafia de spéculateurs fonciers. Le maire s’est toujours opposé à leurs avances sur le changement de vocation des espaces dédiés aux écoles, aux espaces verts et places publiques.

Justement, c’est par rapport à la préservation de ses espaces que le désespoir est aujourd’hui grand dans la Commune, après l’incarcération de l’édile communal. En effet, la spéculation foncière, l’accaparement des équipements publics par des particuliers a atteint son paroxysme. Ce bradage du bien public est encouragé par l’actuelle équipe dirigeante de la mairie qui, en violation des textes en matière de changement de vocation des biens fonciers publics, les soumets à l’approbation du conseil communal. La même pratique que faisait l’ancien maire Issa Ballo.

C’est ainsi que lors des deux dernières sessions communales intervenues après l’arrestation du maire, le conseil a décidé plusieurs changements de vocations d’équipements publics : écoles, mosquées, medersas en maison à usage d’habitation, au détriment de la communauté. Selon nos informations, afin qu’il n’y ait pas une opposition, l’argent aurait parlé.

 

Karim Sanogo

Mali Tribune