Présent à la Conférence internationale sur la protection des manuscrits anciens en zone de conflit qui s’est tenue les 14 et 15 mars à Bamako, Al Boukhari Ben Essayouti, chef de la mission culturelle de Tombouctou, revient sur les actions entreprises dans la ville.

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Pourquoi une conférence sur la protection du patrimoine culturel en temps de crise au Mali ? Le cas malien fait-il école ?

Le patrimoine culturel du Mali a été sérieusement éprouvé par la crise de 2012. Depuis 2013, nous travaillons à sa réhabilitation. Cette conférence internationale est l’occasion pour nous de réunir des experts venus du monde entier. D’abord pour constater les résultats que nous avons atteint pendant les quatre années de travaux, afin qu’ils se l’approprient ensuite. Cette conférence est un véritable partage d’expériences. Nous partageons donc les résultats que le Mali a atteint et évoquons les insuffisances parce que tout n’a pas été rose.

Quel bilan faites-vous de la première phase du projet de reconstruction du patrimoine culturel du Mali ?

Nous nous sommes rendu compte qu’il y a eu plus de destruction qu’on ne se l’était imaginé. Les études avaient certes révélé le niveau de destruction, mais pendant l’exécution du projet nous avons dû faire face à d’autres problèmes qui dataient d’avant la crise. Je veux dire que le patrimoine du Mali n’était vraiment pas entretenu. Nous avons donc impliqué la communauté locale. À l’heure actuelle, tous les mausolées ont été reconstruits. Ce qui reste, c’est la sécurisation de ce patrimoine qui a été vandalisé par les djihadistes, dont certains sont encore présents dans la ville de Tombouctou.

Est-ce à dire que le patrimoine culturel de Tombouctou est toujours en danger ?

Nous vivons avec la peur au ventre parce les djihadistes peuvent resurgir à tout moment. Les mausolées sont pour la plupart dans les cimetières qui sont en dehors de la ville. Ils sont très exposés. Il faut donc faire extrêmement attention. Nous restons cependant confiants car la deuxième phase du projet sera axée sur la sécurité de ces lieux. Nous prévoyons d’élever les murs, d’engager des vigiles, de mettre des portails dans les cimetières et de procéder à l’éclairage des sites. Par ailleurs, les grands édifices tels que les mosquées ont besoin de travaux de grande envergure. Certaines mosquées subissent les effets de l’ensablement auxquels il faut faire face.

Quid de la numérisation des manuscrits anciens ?

C’est difficile de dire exactement combien de manuscrits ont été archivés aujourd’hui parce qu’avec la crise, ils ont été dispersés. Beaucoup ont été amenés à Bamako. Avec l’aide de la MINUSMA et de l’UNESCO, on a reconstruit une dizaine de bibliothèques de manuscrits. Le système de numérisation des manuscrits n’a pas encore atteint le résultat escompté.

 

Source: journaldumali