Tout a commencé le 27 août 2017 à Bamako avec le concours de rap féminin « Le Mali a des rappeuses ». À partir de la troisième édition, qui se tiendra du 23 au 28 septembre 2019, le projet s’enrichit et se transforme en festival, avec une large palette d’innovations, notamment des ateliers de formation en photographie, en écriture et en animation disc jockey.

 

Le désormais « Festival le Mali a des rappeuses » se positionne comme une plateforme de promotion du rap féminin et un lieu d’expression artistique et culturelle pour les amateurs de musique urbaine.

À la tête du projet, la rappeuse malienne Aminata Danioko, connue sous le nom de Ami Yerewolo, qui rêve de voir le rap féminin y écrire ses plus belles pages. Sous le label de communication Denfari Event, le projet est présenté avec ses points d’ancrage. Cette année, par exemple, une thématique a retenu l’attention des organisateurs. Il s’agit des « Causes et conséquences des discriminations des filles face à l’éducation ». Sur ce thème vont s’affronter les candidates du concours d’écriture et le prix sera remis au texte qui aura pris en compte toutes les exigences de la thématique retenue pour cette troisième édition du rap au féminin.

À la question pourquoi le choix de ce thème, la promotrice du festival répond « la société condamne la femme à la soumission. Il y a d’ailleurs une discrimination faite à l’endroit des jeunes filles. J’ai eu la chance de travailler avec des organisations où j’ai été dans des coins reculés du Mali, et j’ai vu que certaines filles âgées seulement de 14 ans étaient obligées d’abandonner les études pour le mariage. J’ai trouvé que c’était injuste, parce que les garçons continuaient leurs cursus scolaire. Moi, je trouve que c’est une discrimination, car toutes les filles ne veulent pas se marier à 13 ou 14 ans. Certaines filles aspirent à autre chose que le mariage à cet âge, mais la société les condamne d’avance. C’est pourquoi nous avons choisi ce thème sur les « causes et conséquences des discriminations des filles face à l’éducation ». À travers ce thème, nous visons l’éveil des consciences, la sensibilisation, mais aussi et surtout nous voulons dire que les jeunes filles ont aussi des rêves et des projets. »

Considérée comme l’expression d’une certaine liberté, le rap s’invite dans le quotidien des Maliens comme un cri, une sonnette d’alarme, une arme de sensibilisation à travers le rythme et les mots. Dans un rôle parfois de victime, d’avocat et de combattant, à travers des rimes ou des vers imbibés d’une rhétorique et d’une tonalité qui traduisent souvent l’engagement de l’artiste, le rap, qui se conjugue aussi féminin dans notre pays, est un art qui se construit au compte-goutte.

Passionnée de rap, Ami Yerewolo a mis sur pied cet événement annuel pour que les femmes puissent avoir une scène hip hop au Mali. Sa vision est de contribuer au dynamisme de ce style musical et d’accompagner les jeunes talents dans la maturation de leur projet musical. C’est dans cette optique que les organisateurs insèrent des ateliers de formation pour outiller les rappeuses. Lors de cette édition des artistes et formateurs viendront des pays voisins pour rendre plus belle cette vitrine édition qui dit haut et fort que « le Mali a des rappeuses ».

Journal du mali