Le plus grand évènement consacré à la photo en Afrique -et un des rendez-vous culturels majeurs du continent- a ouvert ses portes ce samedi 30 novembre dans la capitale malienne.

Lors de la cérémonie d’ouverture, il a été question d’art, bien sûr, mais aussi de la menace jihadiste. C’est dans les jardins du Musée national du Mali, quadrillé par les forces de sécurité, que le président malien a pris la parole. Ibrahim Boubacar Keïta vient d’être nommé coordinateur de l’Union africaine pour les Arts et la Culture.

La culture, un rempart contre l’obscurantisme, affirme Ibrahim Boubacar Keïta. « La photo, c’est la lumière. La lumière, dans ce temps où certains voudraient nous faire accroire que c’est le contraire, le temps de l’obscur que nous vivons. Non, non, non. Ce temps obscur, nous le refusons. »

Pour les artistes, l’heure est venue de découvrir l’accrochage de leurs œuvres. L’émotion est palpable pour la plus jeune photographe sélectionnée, Godelive Kasangati Kabena, 23 ans, de RDC.

« J’ai fait partie d’une master class à Kinshasa pour former douze des étudiants de l’académie des beaux-arts en photographie. Et aujourd’hui, en venant, je me suis dit : “ouah, c’est fantastique !” C’est comme si je regardais l’exposition de quelqu’un d’autre, d’une autre photographe. »

25 ans de rencontres

Les Rencontres, qui ont vu le jour en 1994, fêtent aussi leur 25è anniversaire. Malgré la menace jihadiste et l’insécurité dans le Nord du pays, les organisateurs n’ont pas revu leurs ambitions à la baisse.

Pour cette édition anniversaire des Rencontres de Bamako, le nouveau directeur artistique, Bonaventure Ndikung, a vu grand avec 85 artistes dans 12 lieux d’exposition, du musée national à un lycée de jeunes filles ! C’est deux fois plus que les années précédentes.

 

Le commissaire d’exposition camerounais, qui vit à Berlin, a choisi comme thème « Courants de conscience », car ce qui intéresse Bonaventure Ndikung, c’est « la circulation des idées, mais aussi des êtres humains, la circulation des formes, la fluidité de la photographie ».

Les Rencontres de Bamako, portées par une équipe rajeunie et venue du secteur privé, se jouent des frontières. « Nous avons invité des artistes qui viennent de partout, poursuit Bonaventure Ndikung, le directeur artistique. On ne peut pas réduire l’Afrique à un espace géographique. Par exemple, c’était important d’inviter la photographe Ketaki Sheth qui travaille depuis des années sur les afro-indiens. Les liens entre l’Afrique et l’Asie remontent au moins au IVème siècle. Donc je voulais voir les liens entre l’Afrique et ses diasporas ».

Galeries, musées et même cinémas désaffectés, les vernissages vont s’enchaîner jusqu’à la fin du week-end, dans les 12 lieux d’expositions retenus pour les Rencontres de Bamako.

RFI