Mon ancien collègue de l’Institut des Sciences Humaines, M. Seydou Camara vient de mettre en librairie un texte sous forme d’auto biographie dont j’avais entendu parler mais pas encore lu. A sa lecture récemment, je regrette fort de n’avoir pas été présent à sa présentation à l’ISH, je ne sais quand encore.

Le livre lui-même, intitulé Au cœur de l’effort”, paru à La Sahélienne en juin 2019, accompagne l’auteur de sa naissance à Bankoma à sa retraite administrative survenue il y a peu. Après près de 40 années passées dans la Fonction publique malienne et en autant de temps de ballade dans le pays, on se demande comment l’auteur a fait pour garder en mémoire tous ces détails de sa vie, de son environnement naturel et de son milieu familial. Il est vrai qu’il fut enseignant-chercheur et pour l’avoir côtoyé pendant plus de 30 ans, je suis bien placé pour juger de sa capacité de mémorisation.

L’œuvre porte du début à la fin la marque de l’histoire car la description qu’il fait de son village et de sa localité ne peut l’être que par un professionnel qui a du métier. On y trouve aussi les traces du chercheur par le goût de la recherche du détail et la rationalité qu’il veut trouver à toute chose, à chaque phénomène. Là, réside la différence avec Camara Laye dont le texte, L’enfant noir” fut écrit à peu près dans la même veine. Mais autant celui-ci est rempli d’un lyrisme complaisant à l’égard des traditions rétrogrades, autant celui de Seydou est critique et allume des contre-feux.

J’ai lu avec plaisir et intérêt ce texte de 146 pages et je dois dire que cela m’a ramené en arrière de 30 ans lorsque j’étais avec l’auteur au Département Histoire-Archéologie de l’ISH.

Pour en revenir au texte lui-même, les scènes villageoises sont soigneusement décrites, de même que le cursus scolaire et universitaire dans un style sobre, uni et dépourvu de tout artifice.

En lisant, suivant les paragraphes relatifs à sa mère ou à sa famille, on se demande si l’auteur ne confond pas prose et poésie tellement les deux genres sont emmêlés. J’ai retrouvé ma mère dans celle de Seydou avec les mêmes qualités, la même place au sein de la famille. Pour le père, je n’ose pas me prononcer car je n’ai pas connu physiquement le mien. Les relations familiales sont décrites dans un style qui renvoie au sociologue et, l’auteur, sans se laisser aller à une admiration plate du milieu, s’autorise des coups de canif dans le tissu social, même s’il se dit nostalgique de ces temps-là

Toutes les scènes décrites, à des détails près, me rappellent mon enfance à Tiétiguila dans les marges du Méguétan : chasse aux lézards, pêche collective, initiation, etc. A croire que la culture mandingue a essaimé un peu partout dans cette partie de l’Afrique occidentale.

Facoh Donki Diarra

(écrivain domicilié à Konibabougou)

Source: Mali Tribune