L’avant-première du très attendu Nogochi, fresque cinématographique alliant fantastique et mystique, aura lieu ce soir au Ciné Magic. La sortie grand public, quant à elle, se fera le 10 octobre.

 

Quête de pouvoir, mysticisme, vengeance… La fresque fantastico-historique du réalisateur Toumani Sangaré nous plonge dans le Mali du début de la colonisation. Dans le petit village de Garalo (Mandé), Sibiri, ex-esclave, est recueilli par un chasseur donso qui lui fait intégrer la confrérie. S’en suit une série d’événements devant inexorablement aboutir au destin croisé des trois personnages principaux du film : Sibiri le chasseur, Waraba la vengeresse et le Colon avide de pouvoir. Présenté ainsi, ce tryptique ferait presque penser au cultissime « Le bon, la brute et le Truand ».

Le film emprunte à plusieurs genres. Esthétiquement parlant, il tient du western spaghetti, avec plusieurs plans sur les paysages, magnifiquement représentés. Les images, d’une rare beauté, sont d’ailleurs le vrai plus de ce film, fruit d’un méticuleux travail de deux ans et demi, qui aura permis d’arriver à ce résultat. Les décors sont splendides et les costumes d’époque bien dessinés. Sur ce point, Nogochi rappelle les productions de l’âge d’or cinématographique malien (1980 – 1990), Yeleen et la Génèse des grands maîtres Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko, dont l’influence se sent chez le jeune réalisateur.

Le film enchante également de par sa musique, loin d’être intrusive et pas du tout utilisée pour entretenir des suspens qui n’en seraient pas, comme on le voit ailleurs. Le jeu des acteurs est sobre et efficace. Les interactions sont pour la plupart faites en Bambara. Un point sur lequel le réalisateur a fait preuve d’intelligence.

Cette fiction, que le réalisateur a mis 10 ans à mettre en boîte, perd un peu en rythme au fur et à mesure que l’intrigue se déploie. Le rythme soutenu du début tranchant nettement avec le reste du film, plus cérébral. « Nous avons tendance à prendre la main du spectateur afin de lui expliquer toutes les scènes à la seconde. Nous voulions retourner à un cinéma sensoriel », confie le réalisateur, qui a travaillé avec une équipe à 90% malienne. On ne saurait lui en tenir rigueur, tant l’œuvre apparaît aujourd’hui comme une oasis doublée, d’une fontaine de jouvence, au milieu du désert.

Le film se permet même des effets spéciaux, terrain très souvent glissant pour des productions « low budget », mais ce coup d’essai est un coup de maître.

Journal du mali