En un seul  jour, deux grands meetings à l’acteur de deux grandes associations membres  de la société civile. Ce sont  Tabital Pulaaku (dans la matinée) qui a dénoncé haut et fort l’inaction et la complicité du Gouvernement face aux exactions et à l’impunité des coupables et le collectif des associations musulmanes (dans l’après-midi) qui a, à son tour, dénoncé l’abolition de la peine de mort dans notre pays pour rétablir le climat de paix et de sécurité d’antan. Tous ces meetings ont lieu le samedi 26 janvier 2018, au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah de Badalabougou, en Commune V  du District de Bamako.

Les deux meetings ont été marqués par une forte mobilisation. Celui de Tabital Pulaaku a enregistré la présence de plusieurs personnalités comme l’ancien Premier Ministre Issoufi Maïga, ancien Président de l’Assemblée, Ali Nouhoum Diallo, le Président du Haut Conseil Islamique, L’Imam Mahmoud Dicko, l’ancien Ministre Me Mountaga Tall, les Députés Soumaïla Cissé, Oumar Mariko, Mamadou Hawa Gassama Diaby et plusieurs autres hautes personnalités solidaires de la communauté peulh victime du phénomène d’épuration ethnique sur les berges de la Rive gauche du majestueux  fleuve Niger. Ce meeting tient lieu d’une tribune d’expression de colère contre l’immobilisme coupable de hautes autorités face au drame que vit la partie centrale de notre pays. Cette colère a été accentuée, après la projection d’un film de deux minutes  sur la situation et les témoignages de certains rescapés de Koro, Bankass et Djenné. La salle resta silencieuse et pleureuse. Depuis 2012, le Mali traverse une crise sans précédent de son Histoire. Cette crise politico-sécuritaire qui a commencé dans les régions de Nord du pays s’est progressivement déplacée dans les Régions du Centre, notamment à Mopti et à Ségou. La menace terroriste dans ces Régions présente une situation de troubles de plus en plus généralisée. Des forces obscures tentent désormais de communautariser la violence afin que le chaos qui en découle leur serve de rempart. C’est le cas dans le Cercle de Koro où des communautés Peulh et Dogon comptent quotidiennement leurs morts. Des actes de violations graves des Droits de l’Homme sont commis de part et d’autre. Furieux de cet état de fait, les Ressortissants de ces Régions avaient organisé, le 30 juin 2018, dans la matinée, une marche silencieuse de la Place du cinquantenaire au Monument de l’Indépendance.

En outre, les jeunes peulhs ont organisé un rassemblement, le 15 décembre 2018, devant la Bourse du Travail de Bamako pour dire non à l’amalgame. Le Mali a entamé l’année 2019 avec une attaque meurtrière la plus grave même dans le Centre (les massacres du village Koulongo-peulh), alors que les autorités ont engagé un semblant de dialogue intercommunautaire pour renforcer la paix et la sécurité dans la Région. Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le Centre du Mali du groupe jihadisme du Prédicateur peulh Amadou Kouffa, les violences se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambaras et Dogons, pratiquant majoritairement l’Agriculture. Ces violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon le dernier Rapport trimestriel de l’ONU. Plus grave, c’est que non seulement l’État malien ne fait pas son devoir d’assurer la sécurité de tous les citoyens sur le sol malien, mais aussi depuis que l’actuel PM, le Hérisson Soumeylou Boubèye Maïga, est arrivé à la tête du Gouvernement le phénomène ne fait que s’aggraver. Ce qui fera dire un Déclarant que «Boubèye sera tôt ou tard poursuivi devant la CPI pour crime contre l’Humanité et génocide».

Le deuxième acte fort de la journée c’est le meeting du Collectif des Associations musulmanes du Mali. Au cours d’une forte mobilisation, toujours au Palais de la Culture de Bamako, le Collectif des Associations musulmanes du Mali appelle à l’application « stricte » de la peine de mort au Mali. Cet appel est une réponse à l’assassinat de l’Imam Abdoul Aziz Yattabaré, Secrétaire Général du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI). 

Depuis l’avènement de la démocratie, les Présidents ATT et Alpha Oumar Konaré n’ont jamais fait mystère de leur opposition à l’application de la peine capitale dans notre pays.

D’ailleurs, la Constitution du 25 février 1992, en son Article 1er,ne consacre-t-il pas la sacralité de la vie humaine et la protection du Droit à la vie ? L’Histoire retiendra que, c’est sous IBK que le Mali a connu une insécurité et un laxisme sans précédent  au su et au vu des hautes autorités du pays et de la communauté internationale. Il ne se passe pas un seul jour, ces derniers temps sans que le front social ne connaisse une grève ou un mouvement de protestation populaire du genre meeting, sit-in et marches de protestations. D’un secteur à un autre, le mécontentement et le désarroi se font sentir avec force. Malgré la gravité de la situation, le Gouvernement qui a opté pour la répression sauvage et la restriction arbitraire des libertés démocratiques fait semblant d’ignorer que le désespoir du Peuple est l’épée de Damoclès suspendue sur la tête des tyrans déguisés en Démocrates des temps modernes. Un vrai tigre doit savoir qu’un chat désespéré peut se jeter sur ses yeux et le dévorer à la seconde.

Mahamadou YATTARA

LE COMBAT