Moussa* a été accueilli à Malte en mai après un périple de plusieurs jours en mer Méditerranée. Le jeune homme de 27 ans, originaire d’Afrique de l’Ouest*, est depuis son arrivée enfermé en centre de rétention. Une situation difficile à vivre pour celui qui a connu la prison en Libye.

 

« Je suis arrivé à Malte en mai après avoir été secouru en mer. J’ai passé plusieurs jours sur un navire en quarantaine, où j’ai été testé négatif au coronavirus.

Après le débarquement sur l’île, j’ai été transféré dans le centre de rétention d’Hal Safi. À mon arrivée dans la structure, le personnel a pris mon téléphone, mon argent et mes affaires personnelles. Ils m’ont ensuite posé quelques questions sur les raisons de ma venue puis ils m’ont menotté et m’ont envoyé en cellule.

Nous étions un peu moins d’une centaine dans chaque pièce qui comprend des lits superposés, des douches et des toilettes insalubres. Il y a très peu de lumière dans les cellules car les fenêtres sont petites et entourées de barreaux. Ce lieu est en fait une prison pour étrangers : vous ne pouvez pas sortir de votre chambre et quand vous sortez, accompagné par les gardiens, ils vous passent les menottes.

« On ne s’attendait pas à cette vie en Europe »

Au bout de quelques semaines, je suis tombé malade, je vomissais tous les jours et je n’arrivais plus à me nourrir, je n’avais plus d’appétit. J’ai été soigné à l’hôpital puis renvoyé à Hal Safi. Mais de retour au centre, mes troubles alimentaires ont rapidement repris. J’ai été transféré une nouvelle fois à l’hôpital puis j’ai finalement rejoint un autre centre de rétention.**

Je suis encore dans cette structure, les conditions de vie y sont meilleures même si je suis encore emprisonné. Mais ici au moins, je peux sortir de ma chambre et me promener à l’intérieur du bâtiment. Mon état de santé s’améliore, je suis mieux pris en charge.

Cependant, je ne comprends pas pourquoi nous sommes enfermés ! Nous n’avons pourtant rien fait de mal. Je sais que Malte est un petit pays avec des capacités d’accueil limitées mais les autorités utilisent leurs prisons pour mettre les migrants dedans.

Ici, beaucoup disent que Malte et la Libye, c’est la même chose. Je suis d’accord car je connais bien la Libye. Nous sommes privés de nos libertés sans raison, comme lors de notre voyage. On ne s’attendait vraiment pas à cette vie en Europe.

Je ne sais pas ce que je vais devenir. Lorsque je suis arrivé à Malte, j’ai raconté mon histoire à des agents français mais depuis je n’ai aucune nouvelle. Je veux vivre en France car je parle la langue et je pourrai reprendre mes études là-bas. »

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé. Par peur des représailles, Moussa ne veut pas non plus préciser son pays d’origine.

**Afin de préserver l’anonymat, Moussa ne veut pas mentionner le nom du centre dans lequel il se trouve.

InfoMigrants.net