35 morts, des blessés, des disparus, des maisons et greniers incendiés, le drame survenu à Sobame Da dans le cercle de Bandiagara rallonge la liste des victimes dans le centre du Mali. Après Koulongo, Ogossagou et Sobame Da, quelle leçon tirée pour circonscrire le drame ?

Quelques heures seulement après l’attaque meurtrière survenue à Sobame Da, dans le Cercle de Bandiagara, le Chef du Gouvernement, Dr Boubou Cissé, à la tête d’une forte Délégation, s’est rendu sur les lieux pour apporter toute la solidarité du Gouvernement à la population endeuillée du village. Un peu plutôt, le Gouvernement avait informé d’ouverture d’une enquête pour rechercher et traduire les probables coupables devant les tribunaux compétents.

Au pays Dogon, dans le Centre du pays, des cas de tueries en masse des populations civiles sont devenus monnaie courante. Troisième après Koulongo et Ogossagou avec un peu moins de 200 morts en janvier et mars 2019, Sobame Da, dans le Cercle de Bandiagara, Région de Mopti, a été attaqué par des Hommes lourdement armés qui, selon le Gouvernement, seraient des terroristes faisant 35 morts, des portés disparus et des maisons et greniers incendiés.

Même si les victimes, cette fois ci, sont de la Communauté Dogon, il faut signaler que les procédures d’attaque utilisées par les meurtriers sont identiques. C’est-à-dire, ils viennent sur des motos, une dizaine voire une trentaine d’assaillants munis d’armes de guerre pour massacrer des populations innocentes.

En effet, l’attaque barbare de Sobame Da a été menée par des hommes armés entre 17 heures dimanche et 3 heures du lundi matin 10 juin mettant les Maliens sous le choc.

Aussitôt informées, les forces armées du Mali se sont rendues sur les lieux pour secourir les populations et faire le ratissage dans le secteur afin d’appréhender les probables coupables ou complices. S’en est suivi l’arrivée du Gouverneur de la Région avec d’autres équipes pour faire le constat, évaluer les dégâts causés et compter le nombre réel de morts contrairement à l’information erronée qu’avait donné le Maire de la localité.

35 morts et non 95

Ce travail minutieux mené par une équipe constituée d’éléments de la protection civile, des médecins légistes du Procureur de la République a permis de faire connaitre que le nombre de personnes tuées est de 35 (11 adultes et 24 enfants) et non 95 qui avait été véhiculé par le Maire de la localité.

Dans le témoignage du Chef de village de Sobame, il ressort que le chiffre 95 avancé un peu avant correspondait au nombre des morts et disparus combinés. Egalement, les premières investigations menées sur le terrain révèlent aussi qu’une centaine de femmes se seraient aussi réfugiées dans le village de Koundo.

Vingt-quatre heures après cette attaque barbare, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Dr Boubou Cissé, s’est rendu, le mardi 11 juin, sur le site pour constater de visu l’horreur de la situation et témoigner aux populations locales la compassion du Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Ibrahim Boubacar Kéïta, et du Gouvernement.

Pour ce déplacement, Boubou Cissé était accompagné du Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le Général de Division Dahirou Dembélé ; de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah et du Chef d’Etat-major Général de l’Armée, le Général de Division Abdoulaye Coulibaly ; du Président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale, l’Honorable Karim Kéïta et d’autres personnalités.

Sur place, lit-on sur la page de la primature du Mali, la Délégation a pu constater l’horreur que les populations de ce petit village ont eu à subir. Des hommes, des femmes et des enfants indistinctement et aveuglement éliminés, des habitations et des greniers éventrés et brûlés, des animaux froidement massacrés. La furie des assaillants a tout emporté.

«C’est une épreuve difficile qui endeuille notre Nation tout entière et même heurte la conscience humaine. Toutes ces victimes de l’horreur et de la barbarie nous rappellent la responsabilité qui nous incombe, en tant que dirigeants, de renforcer et d’accélérer les efforts sécuritaires, économiques et politiques entrepris en faveur de la paix et de la réconciliation », s’est exprimé le Premier Ministre.

La Délégation gouvernementale s’est rendue au cimetière du village où elle a prié pour le repos de l’âme des disparus. Toujours, sous le coup de l’émotion, le Premier Ministre a déclaré aux rescapés : « Puisse l’âme de ces innocentes victimes de la discorde et de la haine reposer en paix. Ceux et celles qui sont partis, froidement et lâchement assassinés, sont nos parents à nous aussi, nos frères, nos sœurs, nos enfants. Votre douleur est la nôtre aussi ».

Il faut noter que le Premier Ministre a, au nom du Gouvernement et au sien propre, réitéré ses condoléances aux familles des victimes, à tout le village, à toute la communauté et souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Il a aussi promis que les assassins et leurs commanditaires, où qu’ils se trouvent, seront traqués et poursuivis devant la justice. Il n’a pas occulté la responsabilité des pouvoirs publics ; car, a-t-il scandé : «Chaque Malienne et chaque Malien que nous n’aurions pas su protéger de l’insécurité est un mort que chaque Dirigeant, politique ou Ministre du Gouvernement, devrait avoir sur sa conscience ». Pour témoigner la solidarité du Gouvernement, le patron de l’Administration malienne a fait un don de 5 tonnes de céréales et une enveloppe de 3 millions de francs CFA.

Depuis la Suisse où il se trouvait, dans le cadre du centenaire de l’Organisation Internationale du Travail, et en marge duquel, des rencontres de haut niveau étaient prévues avec des organisations internationales sur les défis auxquels notre pays est confronté, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ayant été informé par cette énième tuerie dans le centre du pays, a décidé d’écourter son séjour et regagner son pays.

Les condoléances du Président IBK

« C’est avec une grande tristesse et une profonde consternation que j’ai appris les tragiques évènements survenus dans la nuit de dimanche à lundi, dans le village de Sobame Da, dans la Commune de Sangha, dans la Région de Mopti, qui ont coûté la vie à plusieurs de nos concitoyens », note le Chef de l’Etat présentant ses condoléances les plus émues aux familles endeuillées et souhaitant un prompt rétablissement aux blessés. Le Président de la République a condamné avec la plus grande fermeté cet acte lâche et barbare que rien ne saurait justifier.
Aussi, le Président de la République a engagé le Gouvernement, à prendre toutes les dispositions idoines en vue de poursuivre, arrêter et traduire devant les juridictions compétentes les auteurs de cette infamie. Le Président IBK a appelé au sens de responsabilité et de citoyenneté, de chacune et chacun, pour ne pas tomber dans l’amalgame encore moins dans la vindicte.

Mercredi 12 juin, dans le secteur où il y a eu lieu cette attaque barbare, six (06) personnes ont été interpellées suite à des contrôles de routine dont deux (02) par la MINUSMA, selon le communiqué du Ministre de la Communication, Chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement.

Le Gouverneur de Mopti révoqué

En Conseil des Ministres du mercredi 12 juin, le Président IBK a déclaré un deuil national de trois (03) jours, à compter du jeudi 13 juin 2019, à zéro heure, sur toute l’étendue du territoire national en hommage aux victimes de l’attaque terroriste perpétrée, le 10 juin 2019, contre les populations du village de Sobame Da.

A cet effet, les drapeaux sont mis en berne sur tous les bâtiments et édifices publics pendant toute la durée du deuil. A l’issue du même Conseil des Ministres, le Gouverneur de Mopti Sidi Alassane Touré a été révoqué de ses fonctions.

Ousmane MORBA

Source: L’Observatoire