Le décès du ministre de l’Education nationale, le Dr Timoré Tioulenta, des suites d’une maladie, a eu lieu au moment où l’école malienne connait une crise profonde. Cette situation préoccupe les acteurs de l’éducation, notamment les parents d’élèves, les étudiants et les élèves qui ont battu le pavé le lundi dernier dans plusieurs villes du pays pour exiger la reprise des cours.

Si le gouvernement se dit «soucieux» de la situation, et que la reprise des cours demeure une de ses « priorités» de l’heure, les syndicats signataires du 15 Octobre dénoncent un manque de «volonté» qui menace l’année scolaire.

D’aucuns diront que l’Etat est une continuité et que la disparition du Dr Timoré Tioulenta ne changera pas grande chose.  Toutefois, ils sont nombreux nos compatriotes qui reconnaissent à l’illustre défunt son engagement et son expérience pédagogique quant à la conduite des négociations qui ont permis de sauver l’année scolaire 2018-2019.

Par ailleurs, il n’est un secret pour personne que pendant longtemps, les acteurs de l’école malienne n’ont fait que déplacer le problème sans le résoudre, car ayant toujours à l’esprit de sauver l’année et non le « grand corps malade » qu’est l’école malienne elle même.

«Il faut sauver l’école et non l’année », disait le cardinal Jean ZERBO lors de la présentation des vœux au chef de l’Etat, en début janvier 2020.

Il est important de réformer le système éducatif malien pour l’adapter au temps et aux réalités du pays. Mais pour cet ancien parlementaire à la retraite résidant à Koro, les multiples réformes entreprises dans le domaine de l’éducation au Mali nourriraient d’autres intérêts, puisque selon lui, ce sont les bailleurs de fonds qui dictent les lignes à suivre.

Selon les spécialistes, la compétence de tout Etat se mesure à la qualité de son éducation. Au Mali, les responsabilités sont partagées. Le taux de qualification des enseignants du primaire, du secondaire, technique et de la formation professionnelle reste faible. C’est dire que l’impasse dans laquelle demeure notre système éducatif, depuis plus d’une décennie, est à la fois la responsabilité des apprenants, des enseignants, des syndicats, des parents, et des autorités.

La jeunesse sacrifiée sur l’autel des intérêts inavoués !

La situation de l’école malienne hante actuellement tous les esprits. Cette crise est une violation d’un droit fondamental qu’est l’éducation et hypothèque l’avenir de plusieurs générations d’enfants. Pas plus tard que le lundi dernier, ce sont les écoliers qui exprimaient leur colère face au silence des acteurs. Des centaines de manifestants composés majoritairement d’élèves du primaire et de parents d’élèves ont battu le pavé à travers une marche pacifique dans la capitale pour exiger la reprise des cours dans les écoles publiques.

Ces jeunes scolaires, le sac au dos, ont marché de Torokorobougou (en commune V  du District de Bamako) jusqu’à la Cité administrative, où ils  ont rencontré  le Premier ministre. Le message est on ne peut plus clair : « Nous réclamons notre droit à l’éducation. Si les parents ne parlent pas, c’est à nous de prendre notre responsabilité. Car c’est nous qui serons appelés à gérer le Mali de demain».

Ecole, véritable espace de revendications politiciennes !

Aujourd’hui, notre école est victime d’une instrumentalisation de certains de ses acteurs par les politiques, notamment certains syndicalistes et leaders de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). A ce rythme, il est clair que la fin de la crise n’est pas pour de si tôt. Et pendant ce temps, ce sont des milliers d’enfants surtout ceux des pauvres paysans qui, en plus de la crise sécuritaire, sont obligés de gérer celle de la formation de leurs enfants.

Andiè A. DARA

Source: Bamako News