‘’L’éducation de l’enfant à la maison, à l’école et dans la communauté’’, tel était le thème retenu à l’occasion de la 2e journée thématique citoyenne organisée par le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, à travers la direction de la Cité UNICEF, hier, à la Cité à Nyamakoro. La conférence était animée par le Dr Abdoulaye SALL, Président de CRI-2002, ancien ministre des Relations avec les institutions ; en présence de Mme Amina CISSE COUMARE, Directrice de la Cité, de ses collaborateurs ; avec la participation d’enfants venus de différents établissements et structures.

 

Pour la Directrice affectueusement appelée Tanti Amina, si toutes les journées ont leur importance, celle d’hier revêtait un cachet particulier parce qu’inscrite dans le Programme d’Action Gouvernemental (PAG). Ce faisant, elle fera partie des éléments d’évaluation du Département de la Promotion de la femme.
Justifiant le thème, elle a évoqué les nombreux problèmes qui assaillent autant les parents que les éducateurs à l’école.
En faisant appel au Dr SALL, a-t-elle dit, c’est un cri de cœur qui est lancé pour que les enfants soient formés à la citoyenneté et au civisme, qu’ils deviennent de vrais patriotes. Elle a paraphrasé à cet effet Nelson MENDELA : « la meilleure arme pour charger le monde, c’est l’éducation ».
Dr SALL, dans ses propos introductifs, a fait savoir qu’en répondant à l’invitation, il s’est dit qu’il s’agissait plutôt de venir à l’écoute des enfants, parce que nous sommes au 21e siècle où les nouvelles technologies ont tendance à remplacer les parents qui passent de moins en moins de temps avec leurs enfants. Il souligne qu’il est nécessaire que ceux du 20e siècle posent un pied dans le 21e et ceux du 21e posent un pied dans le 20e siècle. C’est à ce prix qu’il sera possible de trouver une articulation entre le recours au passé et les nouvelles technologies. Il cite dans cette veine Félix Houphouët BOIGNY : « les us et les traditions s’adaptent, mais les coutumes demeurent ». Et d’ajouter : « il faut que nous retrouvions nos coutumes ».
Rentrant dans le vif du sujet pour l’éducation à la maison, le conférencier interroge : qu’est-ce qu’il faut pour nos enfants ? Une question qui renvoie, de son point de vue, à la problématique de la gouvernance au nom de laquelle notre pays a créé un ministère de la Refondation de l’État. Une refondation qui, a-t-il souligné, devrait intégrer 3 dimensions : politique, territoriale et de la population. Dans son développement, ces 3 dimensions doivent tourner autour de 3 axes. Qu’est-ce que c’est que la refondation politique ? Il interroge : « nous avons plus de 200 partis politiques, mais avons-nous 200 projets de société ? »
S’agissant de l’axe 2, le Dr SALL parle de la refondation de la citoyenneté et du civisme. A ce niveau, il fait le distinguo entre la citoyenneté qui s’acquière par la nationalité et le civisme qui repose sur des actes du citoyen, tels payer ses impôts, s’engager dans la communauté.
Quant au 3e axe, il porte sur la refondation des savoirs qu’il faut mettre au service de la nation.
Le Président de CRI-2002 a rappelé que l’enfant dont la personnalité se forme entre 0 et 7 ans, c’est d’abord la famille. D’où l’importance qu’il soit élevé par ses parents (frères, oncles, tantes, cousins…). Cela l’amène à poser une problématique : la famille est-elle une affaire publique ou privée ? Selon le conférencier, il est indispensable de régler cette problématique ; d’autant plus que si nous voulons revendiquer nos valeurs, il faut que la famille soit une affaire publique. Il argumente : « si le Mali tient encore, c’est parce que c’est une nation avant d’être un Etat ». Il fait un retour aux premières heures de l’indépendance avec le mouvement pionnier dont l’article 1er de la loi dit : ‘’le pionnier aime ses parents et se dévoue pour son pays’’. Aussi a-t-il rappelé que le village était la cellule de base du pays, contrairement à aujourd’hui où presque tout le monde se prend pour un Bamakois. Pour ce qui est de l’éducation à l’école, le Dr SALL pose deux problématiques.
D’abord, au niveau du recrutement, ce sont seulement 3 à 5 000 enfants qui le sont sur un total de 2 à 3 millions. Alors il s’interroge, faut-il aller vers des écoles traditionnelles, de formation entre les cycles ?
La seconde est relative aux programmes scolaires qui ont botté en touche la famille, contrairement à l’époque où on étudiait la famille DIAWARA.
Il a suggéré la réalisation de monographies à tous les niveaux : national, régional, communal.
En en venant enfin à l’éducation dans la communauté, il a martelé que l’identité se trouve dans la nation. Aussi exhorte-t-il les autorités à sévir contre le communautarisme qui n’a pas sa place dans notre pays.
En somme, selon le conférencier, il faut retenir 3 piliers de l’éducation : les valeurs (l’amour du travail, l’honneur de la famille…) ; l’exercice de la citoyenneté et du civisme ; la dynamique pour exercer correctement la citoyenneté et le civisme.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN