Chasser le naturel, il revient au galop, a-t-on coutume de dire. Le bout du tunnel n’est pas pour demain à l’Université de Ségou. Et pour cause, le manque de vision, la mauvaise gestion du personnel, la dilapidation des fonds de l’Etat et des partenaires par des responsables sans vertu ont encore de beaux jours devant eux ! A ces maux, viennent s’ajouter le mécontentement de certains agents qui attendent depuis deux ans d’être nommés à des postes à responsabilité, des enseignants qui ne sont pas les bienvenus dans les Fac et bientôt le round des étudiants. Le recteur, Pr Souleymane Kouyaté, saura-t-il redresser la situation et combler les espoirs placés en lui ?

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La nomination du Pr Souleymane Kouyaté a été accueillie avec beaucoup d’espoir par les travailleurs de l’Université de Ségou (US). Ce dernier, pensent-ils, est bien imprégné des réalités de la structure pour avoir été pendant cinq ans vice-recteur et saura tirer sur les bonnes ficelles pour redorer le blason de l’US. Mais hélas, les espoirs commencent à se dissiper !

Le clanisme et le favoritisme institués par le secrétaire général, Dr Métaga Coulibaly et son acolyte, Dr Tiéman Coulibaly, sont difficilement incontournables par le nouveau recteur. Un tour au rectorat de l’US et on comprend aisément pourquoi il défraie autant la chronique. La tension est au beau fixe entres certains travailleurs traités en princes avec tous les avantages : primes, formations, cartes téléphoniques, carburant, congés à l’extérieur et d’autres agents qui n’ont que le ciel pour se consoler.

L’équipe rectorale qui a été mise en place par le Pr Abdoulaye Traoré est une équipe sans vision, sans objectifs. Des enseignants et parents choisis par affinité pour «se faire un peu de chair». D’où la forte présence des Coulibaly au rectorat : Métaga Coulibaly (secrétaire général), Tiéman Coulibaly (chef de Service scolarité), Zoumana Coulibaly (chef de Division scolarité), Moussa Coulibaly (Assistant du Segal), Solomane Coulibaly (fils de Zoumana Coulibaly, responsable de la scolarité à la FAMA) et j’en passe.

Au rectorat : «c’est une affaire de familles, de clans et de copines», nous a lancé un agent très déçu par le comportement peu modeste des responsables. «A chacun sa chacune ou son chacun», renchérit un autre. Avec une telle équipe, quel objectif digne de ce nom peut-on réaliser ?

Des chefs de Services ou de Divisions qui sont tout le temps absent ou qui viennent quand ils veulent et rentrent à leur gré ! Certains n’ont aucun bagage intellectuel et sous d’autres cieux seraient de simples coursiers.

Un autre agent très révolté, nous tient cette confidence : «si vous assister à une réunion de nos chefs, vous ne vous croirez pas dans une structure universitaire. Même les responsables de l’AEEM sont plus responsables que nos chefs !»

Un des exemples le plus frappant de ce manque de sérieux et de vision a été le recrutement de plus de six cents (600) enseignants du fondamental en sociologie à la FASSO, à quelle fin se demande-t-on ?

Le chef de Service scolarité, Dr Tiéman Coulibaly, dans sa cupidité, a ainsi procédé à la fermeture d’écoles fondamentales dans la région.

Au rectorat, à partir de midi, tous les bureaux sont quasiment vides avons-nous constaté, lors de notre passage.

L’Université de Ségou a reçu, en 2015, vingt et un (21) agents qui, depuis, subissent les caprices des chefs pour être nommés à des postes à responsabilité alors que certains agents ont été nommés avant même leur prise de service. Certains de ces fonctionnaires cherchent à aller ailleurs.

Au moment où certains fonctionnaires désireux de se former voient leurs demandes rejetées, le «dieu» des finances, Mamadou Salif Diakité, pour narguer les «autres travailleurs», envoie ses agents pour des congés dorés au Maroc.

Il s’agit de : Sory Traoré, Lassina Keïta, Awa B. Traoré (la favorite), tous trois contractuels de l’Université et Alfousseyni Sissoko, chef de Division salaires, qui a failli s’octroyer une prime de ministre en décembre 2015 n’eut été la vigilance des agents de la Direction régionale du budget. L’US est malade, malade de ses responsables véreux !

La Faculté des sciences sociales (FASSO): une véritable mafia

S’il y a une autre structure de l’Université de Ségou qui se singularise en plus du Service des Finances en matière de mauvaise gestion, de prostitution intellectuelle et autres pratiques abominables, c’est bien la FASSO.

Gérée par des chefs de DER avides et cupides et aux mœurs légères, la FASSO est tout sauf une Faculté de formation soucieuse de la qualité des enseignements y dispensés. Les chefs de DER, Balla Doumbia (Communication des Entreprises) et Aliou Ibrahima Djitteye (Sociologie et Aménagement du territoire) y ont installé un réseau mafiosique pour leurs profits.

Tout y passe ! A la FASSO, c’est la foire aux larrons ! Aucun étudiant ne redouble surtout les filles si elles sont bien charnues. Certains étudiants sont étonnés de voir des camarades qui ne viennent jamais en classe passer au même titre qu’eux en classe supérieure. Et ces derniers leur lancent à la figure : «tout se gère». Que diantre!

A la FASSO, les étudiants, en plus d’être des copines et des copains, constituent un électorat de taille pour Balla Doumbia qui s’en est servi lors des dernières élections municipales puisque candidat au compte de son partie Adamadeya Ton. Toute la préoccupation des chefs de DER, nous a-t-on dit, porte sur l’enveloppe des heures supplémentaires et comment se tailler la plus grande part d’argent. Et toutes les stratégies sont les bienvenues.

Des amis sont programmés en contrepartie de ristournes qui varient entre 500.000 F CFA à un (1) million de nos francs. C’est seulement à la FASSO que des vacataires se taillent facilement 1000 heures sinon plus en heures supplémentaires.1.000 heures pour quel résultat ?

Au même moment, les enseignants affectés sont dépossédés des heures normales qu’ils doivent effectuer. C’est le cas de M. Karounga Keïta, ancien chef de DER Sociologie, relevé sur la combine de Balla Doumbia et de Aliou Ibrahima Djitteye, qui depuis bientôt deux ans, est abandonné à son triste sort. N’a-t-il pas droit aussi à «manger» les heures supplémentaires comme tout le monde ?

Le choix de ces vacataires échappe au recteur et au doyen. Et parmi ces vacataires, certains n’ont aucune compétence dans le domaine de leur intervention, ou ont dans la plupart des cas le même niveau que les étudiants. Ils font du copier-coller sur le net pour venir embrouiller les étudiants.

Sinon comment comprendre que des intervenants viennent de Bamako alors que les compétences requises pullulent à Ségou ? Comment comprendre que des vacataires soient plus chargés que les assistants affectés à l’US ? Balla Doumbia, juriste de son état, peut-il mieux gérer le Département Communication des Entreprises alors que l’Université regorge d’assistants en communication ? Si rien n’y est fait, cette faculté ne produira que des têtes bien pleines et non bien faites ! Nous y reviendrons.

En tout état de cause, le gouvernement dirigé par Modibo Keïta est interpellé à travers Mme le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour mettre de l’ordre au sein de cette administration.

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