L’école malienne connait des perturbations depuis des semaines, syndicats d’enseignants et gouvernement sont à couteaux tirés autour de l’article dit 39 qui devient un sujet de bisbille. Toutes les tentatives de négociation ont échoué, ce qui de facto conduit désespérément vers une année blanche.

 

Malgré le cri de cœur des élèves, parents et partenaires, les deux parties restent campées sur leur position. Chacune essaye de toiletter devant sa porte tout en pointant un doigt accusateur sur l’autre.

Le gouvernement du Mali a accordé 29% d’augmentation sur la grille indiciaire annexée au statut général des fonctionnaires du Mali à travers un accord qu’il a signé avec l’Union Nationale des Travailleurs du Mali(UNTM) et le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM). L’application de ces 29% a été étalée sur 3 ans, dont 20% à compter de janvier 2019 et 9% en 2021, avec l’année 2020 comme année de pause.

Les enseignants du Mali à travers le directoire de la synergie des syndicats de l’éducation sont montés au créneau, sentant que le gouvernement allait procéder à l’application des 20% de 2019, pour exiger ces 20% au même titre que les autres fonctionnaires relevant du statut général, et cela à travers l’article 39 de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 qui stipule: « toute majoration des rémunérations accordée aux fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental, préscolaire et spécial » .

Cette loi est celle du statut particulier des enseignants, dont le projet de loi a été élaboré par les techniciens de l’État, voté par l’Assemblée Nationale du Mali, promulguée par le Président de la République et dont le décret d’application a été pris en conseil des ministres.

Ayant compris la mauvaise foi du gouvernement, la synergie des syndicats d’enseignants a écrit au ministre du dialogue social et de la fonction publique.  Ce dernier n’a pas daigné répondre. Une deuxième lettre lui a été adressée, à laquelle il dit avoir compris le souci des enseignants et qu’il va se référer à sa hiérarchie.

Dans le même souci d’éviter à l’école malienne ce qui lui est arrivé courant l’année scolaire 2018-2019, la synergie des enseignants a entrepris une démarche pédagogique et scientifique vers tous les partenaires de l’école, y compris certains partis politiques et la société civile. Tous ceux-ci se sont impliqués sur la base du fait que le gouvernement ne pourrait violer une loi et que ce n’était pas la peine de s’inquiéter. En août 2019, le gouvernement a procédé à l’alignement des 20% avec 7mois de rappels pour tous les fonctionnaires relevant du statut général, sans tenir compte de l’article 39 du statut particulier des enseignants.

Quand cela a été, le directoire de la synergie des enseignants a saisi le premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances par une correspondance, à laquelle il a répondu avec la volonté de rencontrer la synergie des enseignants. Cette rencontre a eu lieu le 04 Octobre 2019. Quand la synergie a posé le problème, le premier a répondu en ces termes : « Ne vous en faites, chers enseignants, ce que vous demandez est stipulé par l’article 39 d’une loi de la République du Mali, et donc le gouvernement n’a d’autre choix que d’appliquer la loi. Nous allons prendre toutes les dispositions pour procéder à l’application de l’article 39 avant fin 2019 ». Il a aussi profité de l’occasion pour faire le point des accords précédemment signés à la suite du mouvement de l’année 2018-2019, c’est-à-dire les 9 points d’accord signés entre l’État et la synergie des enseignants.

Le 05 Octobre 2019, le président de la République a reçu les enseignants à Koulouba pour célébrer la journée mondiale de l’enseignant. Dans son discours, il a rassuré les enseignants «chers enseignants ! Soyez convaincus qu’aucun de vos soucis ne sera laissé de côté.  Ni ceux qui figurent dans les cahiers de doléances souvent chargés, ni ceux non exprimés et qui sont d’ordre pédagogique. Je puis vous assurer que ce langage n’est ni opportunisme ni démagogie. J’engage le Premier ministre et les ministres en charge du secteur, avec l’accompagnement bien reconnu de tous les acteurs et partenaires, afin que soit progressivement redonné à l’enseignant sa valeur historique», a déclaré IBK.

Jusqu’à l’apparition des derniers bulletins de solde de l’année 2019, le gouvernement n’a affiché aucune action de bonne volonté pour prouver son intention d’appliquer le fameux article 39. C’est pourquoi la synergie des enseignants a déposé un premier préavis de grève de 5 jours qui a été reconduit et un deuxième préavis de 14 jours de grève, en cours et qui prend fin aujourd’hui. Un troisième préavis de 480 heures soit 20 jours est sur la table du ministre du dialogue social et de la fonction publique et qui doit normalement commencer le 17 février prochain.

A quand le retour de nos enfants à l’école?

A. Traoré

Source : La Priorité