Son apport est considérable dans l’éducation pour tous car il touche environ 800.000 de nos concitoyens dont 47% sont des filles.

« Enseignement bilingue franco-arabe, une opportunité pour une éducation inclusive et de qualité au service du développement », tel est le thème du premier Forum national sur l’enseignement bilingue franco-arabe qui se tient du 28 au 30 décembre 2019 au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Organisé par le secrétariat d’état chargé de la promotion et de l’intégration de l’enseignement bilingue, cette rencontre intervient après le forum sur les écoles coraniques organisé par le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) du 27 au 28 octobre 2008.
Le secrétaire d’état auprès du ministre de l’éducation nationale, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement bilingue, Moussa Boubacar Bah, a présidé l’ouverture des travaux, en présence des responsables des questions scolaires, des maîtres coraniques, des partenaires techniques et financiers (PTF) et de nombreux arabisants.
Il faut rappeler que l’introduction de l’enseignement arabo-islamique au Soudan français (actuel Mali) remonte au 8è siècle. Cet enseignement est l’expression d’une demande sociale par les communautés à travers les écoles coraniques. Il a connu avant la colonisation française un succès extraordinaire illustré par la célèbre Université « Sankoré » à Tombouctou. Son succès est attesté aussi par des milliers de manuscrits en langue arabe conservés à travers le pays.
L’enseignement arabo-islamique a continué à assurer sa mission de formation après l’indépendance de notre pays à travers les medersas à Kayes, Ségou, Kati, Touba (Cercle de Banamba), Baraouéli et Mourdiah (Cercle de Nara). Cela a favorisé le développement d’une masse importante de lettrés en langue arabe.
L’enseignement bilingue a pris plusieurs formes, de la première République à nos jours. Les arabisants ont été comptabilisés dans le taux national de scolarisation lors de la prise en main des medersas par le ministère de l’éducation nationale en 1985. Les écoles coraniques traditionnelles, franco-arabes publiques, privées et modernes sont de nos jours les principales variantes de cette offre éducative au Mali.
Selon les données provisoires de l’annuaire des statistiques du fondamental 2017-2018, le premier cycle de l’enseignement fondamental compte 2.346 medersas qui accueillent environ 399.706 élèves dont 189.104 filles. Le second cycle compte 745 médersas avec environ 54.777 élèves dont 22.201 filles. On compte 143 medersas au niveau secondaire avec un effectif de 36.142 élèves.

Selon les résultats de l’enquête réalisée par le Projet d’appui à l’éducation bilingue de base, on dénombre 4.019 écoles coraniques recensées entre 2017-2018 avec un effectif de 259.640 apprenants dont 66.669 filles. Les élèves de ces écoles coraniques et medersas sont encadrés par 22.000 enseignants. En définitive, l’enseignement bilingue franco-arabe touche environ 800.000 de nos concitoyens dont 47% sont des filles. Si la création des écoles franco-arabe publiques remonte à la reforme de 1962, le privé a été autorisé en 1997.
Le forum national a pour objectifs de réunir et de mobiliser tous les acteurs et partenaires intervenant dans le cadre de la promotion de l’enseignement bilingue franco-arabe afin qu’ils discutent de toutes les problématiques et proposent des pistes de solutions objectives et rationnelles. Il permettra aussi de mettre en harmonie tous les instruments juridiques, pédagogiques et structurels au service de l’enseignement bilingue pour l’atteinte des objectifs de l’éducation pour tous d’ici l’horizon 2030.
« écoles coraniques et medersas, évolution et difficultés de l’indépendance à nos jours au Mali » ; « Enseignement bilingue, une opportunité d’atteinte des objectifs de l’éducation pour tous » ; « Comment soutenir et développer l’enseignement bilingue ? » ; « L’appui technique, institutionnel, humain, moral et financier »,
les thèmes qui feront l’objet d’échanges sont nombreux.
Beaucoup d’enfants des écoles coraniques vivent de mendicité et mangent dans la rue qui est devenue la résidence de ces gamins sans protection, a déploré le secrétaire d’état auprès du ministre de l’éducation nationale à l’ouverture des travaux. Moussa Boubacar Bah a indiqué aussi que les enseignants des écoles coraniques et medersas vivent dans la précarité. Certains gagnent à peine 25.000 Fcfa de salaire par mois. Et rares sont ceux qui sont inscrits dans les services sociaux.
Pour lui, ce forum constituera un véritable catalyseur pour la réhabilitation de l’enseignement bilingue franco-arabe. Les autorités ont pris conscience de son apport à l’éducation pour tous.

Sidi Y. WAGUÉ

Source: Journal l’Essor-Mali