A la suite de l’avènement de la démocratie, les autorités de notre pays ont engagé une vaste opération de réforme du système éducatif  à travers un projet dénommé PRODEC.

Dans l’exécution de ce projet, une partie de l’opinion nationale a  assisté  impuissant  à la suppression de nombreux programmes dont l’épreuve orale au Bac, le CEP, les examens en 3èmeannée dans certaines écoles professionnelles  et l’introduction de nouveaux manuels scolaires  en lieu et place du livre Syllabaire et de la collection Mamadou et Bineta. Sommes toutes, des programmes d’évaluation et des manuels  qui avaient largement contribué à forger la renommée de notre école. L’annonce du ministre de l’éducation nationale d’abord relative au retour de l’épreuve orale au Bac, bien que salutaire pour  le rehaussement du niveau des apprenants, n’est ni plus ni moins que l’arbre qui cache la forêt au regard des nombreux défis qui assaillent notre école publique depuis fort longtemps. Devant de nombreuses écoles fermées, le manque de salle  de classe, l’instabilité du milieu scolaire et la fuite des sujets d’examen, la réintroduction de l’épreuve orale au Bac passe pour une préoccupation secondaire. Au regard de la mesure préconisée par le ministre de l’éducation  nationale, Témoré Tioulenta, pour désengorger les salles de classe et préserver les «  maigres ressources » de l’Etat, on résisterait difficilement à la tentation de dire qu’il cherche à distraire l’opinion nationale. En effet, lors d’une rencontre tenue avec les responsables d’académie du pays la semaine dernière, il a exhorté les responsables d’académies à prioriser les établissements publics pour l’orientation des admis aux examens afin de faire le plein et éviter par la même occasion les orientations en masse vers les écoles privées. « Il faut faire le plein des établissements publics », disait-il. Pour un pays aux ressources limitées qui consacre 30 milliards de nos francs pour l’orientation des élèves vers les établissements privés, cette mesure parait économique n’eut été la découverte de 700 milliards d’irrégularité décelés sans trace par les  audits effectués dans les administrations publiques de 2013 à nos jours. Au lieu de veiller au bon usage des ressources afin d’orienter les élèves vers des établissements  privés dans les meilleures conditions, le ministre de l’éducation nationale envisage de faire des économies en préconisant d’entasser les apprenants comme des sardines dans les établissements publics déjà saturés. Pour rendre service à l’école et au peuple du Mali,  l’actuel ministre de l’éducation nationale gagnerait à revoir l’ordre de ses priorités si toute fois son objectif est de redonner à l’école publique son lustre d’antan. La réintroduction des épreuves orales au Bac est une bonne chose qui doit cependant s’accompagner par la lutte sans répit contre la fraude  et les indélicatesses dans la gestion des fonds alloués à l’orientation des élèves dans le privé. En plus de ces priorités, il devra trouver une réponse adéquate aux multiples grèves des enseignants et enfin, diligenter la réouverture des écoles fermées dans un bref délai. Pour redonner à l’école son lustre d’antan, le ministre de l’éducation nationale  doit être plus imaginatif pour proposer des reformes et innovations qui répondent aux préoccupations de l’heure et non pas faire la diversion en dépoussiérant les vieilles recettes dont la suppression ne  se justifie que par le désir de paraitre comme certains cadres de l’époque qui n’ont trouvé mieux que de vider notre système éducatif de son substance.

Bouba Sankaré

Source: Le Forum