Suite au communiqué d’appel à candidatures en vue du recrutement de 15 300 enseignants par le Directeur général du Centre National de Promotion du Volontariat au Mali (CNPV), ce 27 janvier 2020, la réponse des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ne s’est pas fait attendre. Ainsi, un préavis de 20 jours, soit 480 heures, a été déposé sur la table du ministre du Dialogue Social, du Travail et de la Fonction Publique, ce 28 janvier 2020. Jusqu’où iront les deux parties.

 

Dans une déclaration sur les réseaux sociaux ce mardi, la Synergie des enseignants confirme le dépôt d’un préavis de grève de 20 jours qui prend effet, à compter de ce 28 janvrier pour exiger l’application de l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut particulier. Par la même occasion, les enseignants appellent à une marche pacifique ce 13 février 2020 sur toute l’étendue du territoire.

Selon des sources concordantes, les enseignants signataires annoncent qu’ils encouragent le Premier ministre Boubou CISSE à donner de l’emploi à leurs jeunes frères chômeurs qui réclament ce droit fondamental depuis des années.

« Je ne comprends pas l’attitude inexplicable des enseignants maliens. Sincèrement, nous sommes dans un pays qui a les plus faibles taux d’éducation de la sous-région et vous continuez à grever sans aucune inquiétude pour vos enfants sachant que l’avenir du pays commence par vous. Si vous continuez dans cette situation, il vaut mieux démissionner. Dans les pays développés, on revendique les droits et se faire entendre hors les jours ouvrables. Mais au Mali, on prend des jours et voire des mois pour avoir des droits, mais votre conscience vous guidera », tempête un citoyen malien exaspéré par les grèves à n’en pas finir.

A l’opposé, cet autre citoyen, visiblement un enseignant, pense : « il faut être ennemi de ton pays pour accepter cette décision du PM. Parce que l’école est déjà foutue, ils n’ont pas été capables de gérer la situation que l’école traverse, ils vont en ajouter d’autres. Pour moi, personne ne doit répondre à cette demande comme ça, ils vont reconnaître que ce qu’ils font n’est pas bien ».

Pour rappel, cette réaction fait suite à la volonté annoncée du Gouvernement de recruter 15 300 enseignants volontaires, dont 10 300 pour l’enseignement fondamental 1 et 2 (premier et second cycle) et 5 000 pour l’enseignement secondaire pour une durée de 6 mois.

Contrairement à certaines informations qui ont circulé, contribuant à exacerber les clivages entre les parties (Syndicats et Gouvernement), ce recrutement ne ferme aucunement la porte au dialogue avec les enseignants grévistes. Il n’est pas non plus question de leur radiation des effectifs de la Fonction publique au profit des volontaires. Ce serait une violation du droit de grève consacré par la Constitution qui en son article 21 dispose : ‘’ le droit de grève est garanti. Il s’exerce dans le cadre des lois et règlements en vigueur’’.  Le dialogue se poursuivra. Pour cela, le Premier ministre a mis à contribution les partis politiques de la Majorité présidentielle, après l’échec des négociations le vendredi 17 janvier 2020 ; les organisations de la société civile qui viennent en appoint des efforts des médiateurs traditionnels.

Pour l’instant, le défi est lancé : celui de recruter 15 300 enseignants pour maintenir les enfants à l’école, en attendant d’arriver à un accord avec les syndicats grévistes. Comme le disent les Bambara : « N’i ko i bè Sama fèrèbo, i ye kuma ba fô. N’i y’a kè, i ye ko baa kè ».

Pour les enseignants, il n’y a point de doute que le gouvernement est de mauvaise foi. Aussi envisagent-ils d’engager une guerre sans merci jusqu’à la victoire finale. C’est d’ailleurs, le sens des derniers mouvements programmés : la grève de 20 jours et la marche pacifique du jeudi prochain.

PAR SIDI DAO

Source : Info-Matin