La 24e édition de l’Espace d’interpellation démocratique (EID) a eu lieu, le mardi 10 décembre 2019, dans la grande salle du Centre international de conférence de Bamako (CICB). Au cours de cette session, encore une fois dominée par le foncier, sur 246 dossiers retenus par la Commission préparatoire, 38 interpellations ont été faites publiquement devant le Jury d’honneur et les 208 autres dossiers ont été livrés aux départements ministériels concernés pour une suite à donner. Et à noter que 219 autres dossiers n’ont pas été retenus pour défaut de conformité avec les critères définis par le règlement intérieur de l’EID.

Au fait, l’EID, institué sous la 1ère mandature de la 3e République, a pour objet d’informer l’opinion publique de l’état de la situation des droits humains dans notre pays. Ainsi, il a aussi pour mission de contribuer de manière active et pédagogique à l’installation d’une culture démocratique nationale et impulser de façon significative la politique de promotion et de protection des droits et libertés des citoyens. Certes, l’EID a rétabli de nombreux Maliens dans leurs droits, mais, le constat est que l’initiative perd de plus en plus d’engouement chez les Maliens du fait que certaines interpellations sont à leur 2è, 3è, voire 4è passage à l’EID sans que les recommandations ne soient appliquées par les agents publics.

 Selon le Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, la tenue de ce Forum annuel offre, sans nul doute, une occasion exceptionnelle pour apprécier l’efficience de l’Administration malienne dans la délivrance des services publics de qualité ; la protection des citoyens dans leurs droits et la prise en compte de leurs aspirations légitimes à un mieux-être ; la régulation de la vie publique au travers d’un cadre légal approprié ; la consolidation des institutions nationales républicaines et, enfin la préservation et la consolidation de la paix ainsi que la cohésion sociale au Mali.  Aussi, a-t-il exprimé son souhait de voir cette admirable initiative faire école ailleurs, dans d’autres pays de notre continent. « Car, ces sessions annuelles permettent aux citoyens de s’exprimer et de partager avec leurs dirigeants leurs préoccupations, leurs appréhensions, mais aussi leurs difficultés. Elles permettent aux pouvoirs publics d’être informés de la réalité du terrain et du quotidien des populations afin de trouver des réponses appropriées à leurs attentes ».

Par ailleurs, il est à souligner que cette année, le taux de participation des femmes a atteint 7,74% contre 7,26% en 2018. Une situation manifestement insatisfaisante, selon le Médiateur, qui a souligné la nécessité, pour l’avenir de renforcer les actions de proximité pour l’information et l’écoute de cette importance composante de la Nation.

L’invité spécial de cette 24ème édition de l’espace d’interpellation démocratique (EID), la commission nationale des droits de l’homme (CNDH), à travers son président, soutiendra que l’édition 2019 de l’EID, se passe dans son pays en guerre!

Une guerre asymétrique  imposée au Mali, par les forces obscurantistes ayant perdu toute humanité ignorant par conséquent tout sens de la dignité humaine. C’est la raison pour laquelle, le président de la CNDH Aguibou Baouré, soutiendra : « aussi, à son corps défendant, notre pays est-il devenu un terreau favorable à des violations et abus de droits humains multiples, récurrents souvent graves.

Ces atteintes aux droits fondamentaux concernent notamment le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique, le droit à la sûreté, le droit à la paix, le droit à la santé, à l’éducation, à la culture, au logement etc. »

 Selon le  président de la CNDH, le droit à la paix est au cœur des droits humains sur la foi de la Charte des Nations Unies et du Protocole de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de Gestion, de règlement des conflits, de maintien de la Paix et de la Sécurité.

Aussi fera-t-il savoir, qu’il est impérieux que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger connaisse des avancées significatives par le préalable de désarmement, démobilisation, réinsertion et le respect des nombreuses promesses d’assistance financière de la communauté internationale pour la mise en œuvre du volet développement économique dudit Accord.

Concernant la diaspora qui a eu à déposer 4 demandes d’interpellation, de son point de vue, cette participation leur parait trop faible et ne correspond certainement pas à l’état réel des difficultés administratives auxquelles les Maliens de l’extérieur peuvent être confrontées dans leurs relations avec les juridictions dont ils révèlent. Retenons que pour cette 24e session, le Secrétariat permanent de l’EID a enregistré 465 demandes d’interpellation, contre 454 en 2018.

Seydou K. KONE

Source: Bamako News