C’était le 19 mai dernier au Parc des Expositions de Bamako  après des mois de contacts, de tergiversations et de « conciliabules » obtenus aux forceps dans un climat délétère que des frondeurs n’ont cessé de dénoncer et montent au créneau accusant le ministre Moulaye Ahmed Boubacar, de complicité. C’est avec l’arrivée de celui-ci après plusieurs tentatives qu’enfin, le renouvellement du bureau du CMTR a été effectif le weekend dernier, sans incident certes et malgré une fonde emmenée par M. Malick Boubou Diallo et ses camarades qui ont tenté en vain d’empêcher la tenue de cette Assemblée Consulaire puisque dénonçant la façon dont elle a été convoquée. Et pourtant !

La salle de conférence du Parc des Exposition a refusé du monde ce matin du samedi pour cause de l’élection des membres du bureau du CMTR.Cela en présence du Ministre des Transports et du Désenclavement, Moulaye Ahmed Boubacar, qui tenu un discours de rassemblement pour la cohésion du secteur dont il est membre.

De l’avis du président sortant, M.Youssouf Traoré, non moins Président Directeur de « Bani Transport », sur 364 délégués, 277 sont venus de tout le pays, à Bamako pour participer à l’Assemblée Consulaire des 19 et 20 mai dernier, qui a été convoquée par le Ministre de tutelle.

Trois candidats étaient en lice, Mme Koumaré Mariam Simaga, Directrice Générale Adjointe de la « SOMATRA », membre du CGTTF, Kalifa Camara, deuxième vice-président du CFCG, membre du Syndicat des Entreprises de Transport (SET) et Youssouf Traoré, président sortant, membre du FNTRM, qui brigue un second mandat.

Vote sans incident

Si l’unique femme candidate au poste de président du CMTR, une première dans ce secteur, n’a pas fait le déplacement, ni envoyé une procuration comme cela se doit, selon nos informations, le vote a eu lieu sans aucun incident, ni une tension perceptible dans la salle,  entre le président sortant, Youssouf Traoré et Kalifa Camara. Le premier candidat cité a eu 255 voix contre 38 au second du SET. Ainsi, un bureau de 15 membres a été élu pour un mandat de cinq ans et acclamé par les délégués.

Au paravent, dans son discours d’ouverture, le Ministre de tutelle, a salué les délégués pour avoir effectué le déplacement à cette Assemblée Consulaire élective du bureau du CMTR et aussi, rappelé toute l’importance que le Président de la République accorde au secteur des transports. « Vous n’êtes pas sans le savoir que le besoin de nos concitoyens évoluent considérablement et le secteur des transports doit s’adapter à cette évolution afin d’apporter sa contribution à la cohésion sociale et au développement des échanges commerciaux. Pays continentale, fait que l’essor économique du Mali est tributaire du dynamisme du secteur des transports », a rappelé le ministre de tutelle.

Unité du secteur

Poursuivant ses propos, Moulay Baba Ahmed a rappelé de la: « nécessité d’unir tous les acteurs des transports et de fédérer leurs efforts en plaçant le secteur privé au premier niveau, explique la création du CMTR, en vue non seulement d’avoir un seul interlocuteur parmi les transporteurs mais aussi, et surtout d’assurer un meilleur approvisionnement de notre pays ». L’orateur a parlé « d’organisation du secteur de la chaîne de transporteur; la suppression de certains postes contrôle pour assurer la fluidité du transport au niveau des différents corridors; renouvellement du parc de transport de véhicules marchandises et des personnes ». Parlant de réussite, d’atteinte des objectifs, le Ministre de tutelle  a insisté sur « la nécessité absolue de travailler en équipe, d’innover les méthodes et procédures orientées vers l’amélioration continue et le respect des règles qui pourront impulser le développement du secteur des transports ».

Enfin, le ministre a souhaité qu’au sortir de cette Assemblée Consulaire, sortira « un bureau qui bénéficiera de l’ensemble de la communauté des transporteurs et des recommandations pertinentes qui permettront de répondre aux attentes de l’ensemble des transporteurs routiers de notre pays ».

Bilan du bureau sortant passé au crible

Pour le président sortant, M. Youssouf Traoré, a d’abord demandé une minute de silence en la mémoire des camarades décédés ; ensuite, il a félicité le Ministre au nom de tous les transporteurs, pour sa nomination au poste du département des Transports et du Désenclavement. L’orateur a ensuite rappelé les missions du CMTR qui sont entre autres : – l’organisation et la représentation professionnelle des transporteurs routiers ; l’information et la formation des transporteurs routiers et la défense de leurs intérêts. Aussi, Youssouf Bani a rappelé que les transporteurs étaient soumis à des contraintes  dont l’insuffisance de l’organisation administrative du secteur ; la faiblesse des moyens de transport ;  le manque de formation et d‘information qui les a emmené à créer des syndicats, des associations pour défendre leurs intérêts afin de répondre aux besoins quotidiens à l’importation et à l’exportation. « C’est pourquoi, la création du CMTR et ses démembrements mérite d’être salué, un espoir et une force de discussions et de négociations au service des opérateurs économiques du Mali », a dit le président sortant Youssouf Traoré.  L’occasion était propice pour Youssouf de rappeler la création de représentations régionales, dans le District de Bamako et dans les ports de transit. Pour la réussite de ces démembrements, dira le président sortant, « a été la bonne circulation de l’information ;  et la formation des acteurs aux techniques des transports, tâches auxquelles, le CMTR s’est fortement engagé », a ajouté l’orateur longuement applaudi par la salle. Il a aussi rappelé de séries formations organisées par le son  bureau avec l’appui des partenaires techniques et financiers qu’il a remercié vivement.

Parlant de la logistique, selon le président Youssouf Traoré, « toutes les délégations régionales et les antennes portuaires ont été équipées en véhicules neufs, matériels de bureau sur fonds propre du CMTR ».

Appui de l’Etat

Aussi, le président Traoré a demandé l’appui de l’Etat afin d’éliminer toutes les tracasseries par l’application de la Directive N°08/2005/CM/UEMOA ; construction de  parkings de stationnements à Diboli, Bamako et la zone aéroportuaire ; de renouveler le parc auto; d’éliminer la concurrence déloyale afin d’avoir des prix de transport rémunérateurs; des mesures d’accompagnement relatives à l’application de la charge essieux ; relecture des textes du CMTR afin de les adapter aux besoins du moment.

Au sortir de cette Assemblée Consulaire, un bureau de quinze membres a vu le jour. Youssouf Traoré, a été reconduit à son poste avec 255 voix contre 38 à Kalifa Camara (SET) ; vices présidents : – Yaya Koïta ; Amadou Maïga ; Aly Bocoum et Gaoussou Traoré. Trésorier Général : Ousmane Kamissoko ; Trésorier général adjoint : Daouda Traoré. Secrétaires à l’Organisation : Dramane Traoré ; Adjoint : Mohamed Fatogoma Camara. Secrétaires aux Relations Extérieures : Adama Kanté, adjoint : Issa Diallo. Secrétaires à la Communication : Mamadou Sow, adjoint : Modibo Doumbia. Secrétaires aux Conflits : Yacouba Koné, adjoint : Abdoulaye Tolo.

Les récriminations des frontistes

Parler du CMTR, c’est rappeler une crise profonde qui oppose le président sortant bien que plébiscité samedi dernier, à des frontistes « drivés » par Malick Boubou Diallo, deuxième vice-président démissionnaire depuis 2013 et qui avait à ses côtés, Kalifa Camara du SET, deuxième vice-président du CFRCG Koutiala et Abooubacrine Ag Almaouloud de Niono, troisième vice-président du CMTR, délégation de Ségou. A quelques heures du renouvellement du bureau du CMTR samedi et dimanche dernier, Malick Diallo et ses camarades ont animé un point de presse au cours de laquelle, il dénonce l’Assemblée Consulaire convoquée par le président  sortant au lieu que cela soit par le ministre de tutelle conformément à la Loi 359 qui stipule dans son article 13 que : « Le collège électoral pour l’élection des membres de l’Assemblée Consulaire du CMTR est convoqué par arrêté du Ministre chargé des transports, dans les cent vingt jours qui précède la fin du mandat de l’Assemblée Consulaire en place ».

Alors, martèle Malick Diallo : « C’est le président sortant Youssouf Traoré qui a convoqué l’ASSEMBLEE Consulaire, cela n’est aps normale. Une lettre sans date, ni numéro où il parle de l’élection des membres du bureau ; adoption du projet de règlement intérieur ; adoption du projet de budget 2018 et divers ». « Youssouf peut convoquer l’Assemblée générale consulaire pour parler du budget et non de renouveler le bureau. Il n’a pas cette qualité. La loi 359 est claire sur ce sujet. Mieux, nous avons attaqué la convocation de l’ASSEMBLEE Consulaire prévue pour le 05 mai dernier, devant le Tribunal Administratif, qui s’est déclaré incompétent de trancher. C’est ainsi que cette Assemblée Consulaire a été reportée au 12 mai dernier où le juge a pris un référé pour se déclarer incompétent de juger».

Des listes de délégués tronquées !!!

Selon l’orateur, pendant que le juge se déclarait incompétent de trancher, le Ministre Moulaye publie la liste des membres consulaires dans un journal sans que les délégués de Dioïla, Ségou, San, n’apparaissent pas. Pire, certaines localités vu ont leur liste tronquées comme par exemple à Koutiala au lieu de 24 délégués, passe à 34 ; Kolokani de 2, passe 12 ; Bougouni de 4, passe à 7, ainsi de suite. Le département a essayé de corriger ces erreurs avec le président Youssouf, sans succès », accuse le conférencier.

Pire, la rencontre de Malick avec le ministre Moulaye vendredi dernier, (8h à 10h) à quelques heures de l’Assemblée Consulaire, a tourné court puisque cela « a été un vrai dialogue de sourd», a martelé le porte-parole des frontistes.

En somme Malick et ses camarades dénoncent une violation flagrante du  décret puisque confondant l’élection consulaire et l’élection d‘Assemblée consulaire. « Le ministre est impliqué dans cette mascarade électorale qui ne dit pas son nom puisqu’il a laissé Youssouf la convoquée en violation de la Loi. De ce fait, nous nous retirons du processus et prenons actes ! », a prévenu Malick Diallo tout furieux.

Faire tout pour empêcher la tenue de l’Assemblée Consulaire…

Pour Kalifa Camara et ses camarades, ils ne seront pas d’accords avec la tenue de cette Assemblée Consulaire et feront tout pour l’annuler samedi puisque les enjeux sont l’Assemblée Consulaire et l’élection d’un nouveau bureau. « Nous n’irons pas à cette assemblée pour mettre un nouveau bureau en place. Nous l’empêcherons avec notre Huissier parce que Youssouf a convoqué le collège électoral en violation des textes. S’agissant de l’aspect technique, c’est-à-dire l’organisation de l’Assemblée, elle ne pourra avoir lieu en un jour où chaque délégué doit voter quinze fois. Cela est impossible», a martelé Kalifa Camara.

« Le jour J, en réalité, le bureau sortant a prévu de tenir l’Assemblée Consulaire en deux jours, ce que els frontistes ignoraient. Ceux qui nous combattent aujourd’hui, connaissent bien les textes. Seulement, il y a eu dans cette convocation, des critères d’éligibilité qui ont irrité nos camarades. Le Ministre a convoqué l’Assemblée Consulaire et le Collège électoral. Tous les membres consulaires ont répondu présent. Le quorum est atteint, sans incident. Ceux qui parlent pour la plupart, n’ont pas qualité de parler, seule Mariam Simaga, a le droit puisque membre du Conseil d’Administration. Sur 364 délégués attendus, 277 ont répondu présents plus sept procurations. Donc, il y a eu 340 présents sans compter les neuf décès. Enfin, l’Assemblée s’est bien déroulée», s’est confié Youssouf Traoré à la presse.

L’affaire de la Lettre de voiture

Sur cet aspect, les frontistes sont montés au créneau  en accusant le président sortant d’avoir détourné plus d’un milliard sur le fonds de la Lettre de voiture. Selon Malick Diallo et ses camarades, une plainte contre le président Youssouf Traoré a vu celui-ci condamné par la justice pour détournement et perception de taxes illégales à hauteur de plus d’un Milliard de FCFA. «Informé sur ce scandale, le PM, Moussa Mara demande sa suspension par lettre N°2129/PM-CAB du 07 novembre 2014 et demande la mise en place d’un Collège transitoire pour l’organisation d ‘une élection dans le respect strict des textes du CMTR», a dit Malick Diallo.

En réaction à ces accusations gravissimes, le président Youssouf Traoré qui vient d’être réélu martelé ceci : « Je viens d’être blanchi début mai, par la Cour Suprême. Pensez-vous que si les accusations portées contre moi et mon équipe étaient fondées, je vais circuler librement de la sorte ? Quand même, nous sommes dans un Etat de droit. Soyons sérieux ! Ce dossier est clos !», a-t-il précisé.

Au moment où nous bouclons cette édition, les frontistes envisagent des actions pour affirmer leur refus de reconnaitre la réélection de Youssouf Traoré au poste de président du CMTR et du coup enfoncent le clou en accusant le Ministre Moulaye d’avoir tout mis en œuvre pour faciliter la réélection du PDG de « Bani Transport », devenu puissant puisque fin connaisseur du secteur et de ses rouages.

En attendant, le président réélu, s’attèle à son nouveau mandat dont les maîtres mots demeurent la cohésion du secteur et sa modernisation.

Bokari Dicko

 Mali Demain