Les promoteurs en pisciculture et en production laitière font de leur mieux pour produire du poisson et du lait. Ils ont, cependant, besoin de soutien à l’instar de Soumaïla Diakité qui a investi dans l’amélioration génétique bovine

Le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Mme Kané Rokia Maguiraga, s’est entretenue samedi dernier avec les éleveurs et les pêcheurs des localités de Touba et de Kiban avant d’avoir une rencontre avec les cadres des services relevant de son département et les acteurs des deux-sous secteurs (élevage et pêche) dans la salle de conférence de la mairie de Banamba.
Pour ce déplacement, le ministre était accompagné des membres de son cabinet et des directeurs régionaux des services vétérinaires, de la Pêche, de la Production et des industries animales, des responsables de projets et programmes. A Touba, Mme Kané Rokia Maguiraga a visité la ferme de Mahamadou Diaby qui élève des bœufs et des petits ruminants, en plus de la volaille. De là, le chef du département s’est rendu sur la ferme agricole de Morou Diaby Gassama qui, dispose, lui de deux étangs piscicoles et de poulaillers, où il élève de la volaille locale améliorée et d’autres types de volatiles comme les pigeons. La ferme dispose également d’orangeraies et de parcelles de maraîchage. Mme Kané Rokia Maguiraga a échangé avec ces fermiers de taille certes modeste, mais qui contribuent à l’approvisionnement de leurs localités en produits piscicoles et animaux (lait et viande). A l’instar d’autres collègues, ils éprouvent des difficultés à écouler leurs produits et ont besoin d’appuis techniques et financiers conséquents et de formations pour améliorer, d’une part, leurs productions, et d’autre part, pour accéder aux marchés de Koulikoro et de la capitale.
En route pour Kiban, le chef du département a été chargé par les femmes de la localité de transmettre la principale doléance de leur périmètre maraîcher à son collègue en charge de l’Agriculture. Ces femmes souhaitent bénéficier d’un forage de plus grande capacité afin d’alimenter le château d’eau qui permet d’irriguer leurs parcelles. A l’état actuel des choses, cette infrastructure n’est pas capable d’irriguer toutes les parcelles de ce périmètre de deux hectares. Une fois le château ouvert, seules les parcelles proches de l’infrastructure ont des chances d’être irriguées, les autres qui sont un peu éloignées devant patienter jusqu’à ce que les premières soient gorgées d’eau. Cette contrainte a commencé à décourager les exploitantes qui ne savent plus que faire. D’où leur cri de détresse à l’endroit de l’autorité de tutelle pour qu’elles soient « dépannées » comme l’a souhaité la présidente de la coopérative des femmes qui exploitent ce périmètre. Mme Kané Rokia Maguiraga a promis de transmettre la doléance à qui de droit. A Kiban, ce fut un accueil grandiose qui fut réservé à l’hôte de marque par Soumaïla Diakité qui dispose de 147 têtes de bovins et d’une dizaine de petits ruminants. La visite guidée de sa ferme a fait comprendre au chef du département que l’homme est un adepte de l’amélioration génétique des races bovines. En effet, Soumaïla Diakité a, avec une fierté légitime, montré tout le travail de croisement qu’il a accompli avec des races exotiques bovines comme la montbéliarde et la normande qu’il a réussi à faire croiser avec les races locales peule et maure. Il a expliqué que la plus productive de ses vaches donne 35 litres de lait par jour, et la moins productive, 25 litres. De ce fait, il produit ainsi près de 150 à 160 litres de lait frais par jour qu’il transporte à Banamba, voire jusque dans la capitale pour approvisionner les unités de transformation.
La difficulté principale à laquelle reste confronté Soumaïla est justement l’approvisionnement de la capitale, de Koulikoro et Banamba en lait frais.
Une de ses contraintes majeures étant l’inexistence de véhicule réfrigéré pour transporter le lait frais jusqu’aux consommateurs éloignés, Soumaïla Diakité a demandé l’appui du département afin de pouvoir acquérir un tel type de véhicule tout en ayant la possibilité d’accès à la subvention des intrants animaux comme l’aliment bétail et les semences animales. L’alimentation en herbe sèche et en tourteaux de son parc lui coûte 14 millions Fcfa par an qu’il n’arrive pas à rentabiliser en raison des pertes subies sur le lait. Si cette situation perdurait, elle est susceptible de décourager ce téméraire éleveur qui a décidé de s’installer dans sa localité d’origine pour offrir de l’emploi aux jeunes.
Mme Kané Rokia Maguiraga a assuré l’éleveur en lui affirmant que son département envisageait la réalisation d’une mini-laiterie pour la transformation du lait local. Ce qu’il faut souligner c’est que cet éleveur contribue, de par ses activités et prestations diverses, à offrir une dizaine d’emplois directs aux jeunes bergers et une vingtaine d’emplois indirects. Son travail permet, en outre, de fixer les jeunes sur place en leur offrant un emploi décent tout en les détournant de l’émigration qui a provoqué une énorme fuite des bras valides et causé d’importantes pertes en vies humaines au village.

Moriba COULIBALY

ÉCHANGES FRUCTUEUX ENTRE Mme KANÉ ET LES ACTEURS DE LA PROFESSION ÉLEVAGE ET PÊCHE

Le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Mme Kané Rokia Maguiraga, a rencontré à Banamba les éleveurs et les pêcheurs du cercle de Banamba autour de leurs préoccupations qui se résument, notamment, au manque de parcours pastoraux et de gîtes d’étapes. Pêcheurs et éleveurs de la localité ont aussi affirmé être confrontés à l’empiètement des pistes de transhumance par les agriculteurs, ce qui serait à l’origine de conflits récurrents.
Ils ont, par conséquent, souhaité la réalisation de points d’abreuvement pour les animaux. Faute de quoi, les animaux partent très tôt pour la transhumance vers le sud où les bergers sont également confrontés aux difficultés de parcours pastoraux et de pâturage pour faire paître le bétail. Aussi ont-ils souhaité une promotion plus large de l’insémination artificielle afin de sortir progressivement de l’élevage de prestige que pratiquent les éleveurs pour aller vers un élevage plus rentable avec des vaches laitières et l’embouche pour la production de viande. Un vœu des bouchers de la localité a porté sur la réalisation d’un abattoir moderne car la zone est plus de vocation pastorale qu’agricole, selon Lassina Traoré.
Or, Banamba ne dispose pas d’une aire d’abattage digne de ce nom, a-t-il déploré. Les pêcheurs, tout en formulant le voeu d’un plus grand accès aux alevins et aliment poisson, ont souhaité l’organisation de sessions de formation en vue de la promotion de l’aquaculture dans le cercle.
Cheickna Coulibaly, un des participants à la rencontre, a fustigé le comportement peu civique de certains habitants qui mettent le feu aux herbes sèches, contribuant ainsi par leurs actes à prolonger la souffrance des animaux qui ont besoin de fourrage pour s’alimenter.
Il a proposé une verbalisation plus sévère des fautifs par les services techniques. Alpha Gouro Diall, coordinateur d’un projet d’élevage qui intervient dans la zone a, lui, donné en exemple le cercle de Nara où la ressource a pu être sauvegardée grâce à l’action de brigades de surveillance. Avant l’avènement de ces brigades, 180.000 hectares de pâturage partaient chaque année en fumée. Grâce aux efforts de sensibilisation et de mobilisation de ces brigades, ce chiffre est tombé à 5970 hectares.
Tiesson Diarra, maire de la commune rurale de Benkadi a, pour sa part, fustigé le comportement peu civique des éleveurs qui dissimulent le nombre de têtes qu’ils détiennent pendant la période de recensement, ce qui rend difficile et même aléatoire toute initiative de programmation d’activités en leur faveur.
Mme Kané Rokia Maguiraga a conclu la rencontre en réitérant le soutien de son département à la promotion des deux sous-secteurs que sont l’élevage et la pêche.
M. C.

 

Source: Essor