Selon les experts du Système d’Information Forestière (SIFOR), les forêts du Mali souffrent énormément non seulement de l’exploitation humaine, mais aussi des feux de brousse. Aujourd’hui, le Mali est à 5 millions d’hectares brûlés rien qu’en 2019.

 

A travers le SIFOR, l’on retient essentiellement que les terres forestières sont à  la base de la production agricole. Les formations forestières et les forets ont longtemps servi de socle et d’abri pour la production alimentaire. Selon la Cellule du Système d’Information forestière, les terres agricoles qui représentent les 10% du territoire national, sont localisées dans les formations forestières ou sur des terres à vocation initialement forestière. « Notre production agricole, notamment céréalière et cotonnière, augmente d’année en année, et cette augmentation se fait également par défrichement de terres forestières d’année en année. La production de céréales et denrées alimentaires et les biens et autres pour le fonctionnement de l’économie nationale contribue à la création de la richesse nationale. Les terres forestières sont à la base de la production animale aussi.  Les formations forestières et les forêts ont servi des espaces pastoraux et terrains de parcours pour assurer aux bétails tels que les bovins, ovins, caprins, camelins, etc., de l’alimentation pour la production de viande et de lait. Cela contribue au fonctionnement de l’économie et de la société, à travers  la création de la richesse nationale. Aussi, les terres et ressources forestières constituent des gisements d’énergie. Le bois énergie (bois de chauffe et charbon de bois) représente 75 % du bilan énergétique au Mali (les hydrocarbures 17%, l’électricité 6%, le gaz butane 1% et les résidus agricoles et énergies renouvelables, le reste)», déclare CheickOumar Karamogô Traoré, Chef du SIFOR.

Par ailleurs, selon lui, le bois énergie remplit les 90% des besoins énergétiques des ménages, des boulangeries, des dibiteries, des teintureries et des restaurants Selon le chef du SIFOR, la consommation moyenne représente 0.999 tonne, équivalent bois par habitant et par an tandis que la capacité de renouvellement du stock des forêts en bois énergie est de 0.250 tonnes par hectare et par an. Ce qui veut dire, ajoute-t-il, que les prélèvements opérés dans le cadre de la satisfaction des besoins en bois énergie du pays représentent plus de deux fois la productivité des formations forestières. Une pratique qui traduit la forte pression énorme sur le produit (bois énergie) qui est aujourd’hui un Produit de Première Nécessité (PPN) tout comme le lait, le sucre, les carburants, le riz, la farine. Cheick Oumar Karamogô Traoré notera également que le paradoxe est que ce produit ne bénéficie pas de subvention du budget national pour financer son aménagement et sa gestion durable.

Les feux de brousse, potentiels ennemis de nos forêts !

Si l’utilisation du bois à des fins humaines est un danger à prendre au sérieux, les feux de brousse demeurent le même. A en croire les chiffres fournis par la Cellule du Système d’Informations Forestières, le Mali a perdu plus de cinq (05) millions d’hectares de forêts en 2019. Ce vaste espace a été décimé par les feux de brousse. « Les zones les plus touchées sont les cercles de Kita, de Bafoulabe, Bougouni et Keniéba »,a-t-il précisé. Certes, pendant l’hivernage la pluie éteint les feux naturellement, mais il faut déplorer une perte énorme des ressources énergétiques entre les mois d’octobre et mai.

Amadou Basso

Source : Ziré