La Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains(COMADDH), en partenariat avec son partenaire, ABA ROLI, a organisé un panel sur l’esclavage par ascendance. C’était sous la présidence du représentant du ministre de la justice garde des sceaux, Dr Contin Marie Thérèse Dansoko, du directeur Pays d’ABA ROLI, Alain Kissomboye, des représentants de nombreuses structures de Droits de l’Homme de Bamako et de l’intérieur du pays, le lundi 25 mars 2019 au grand Hôtel de Bamako.

Face à son ignominie, la communauté internationale s’est engagée à éradiquer l’esclavage pour rendre à l’être humain sa dignité qui lui est un du. Selon le président de la COMADDH, M. Mohamed El Moctar Mahamar, le phénomène de l’esclavage est estimé aujourd’hui à plus de 800.000 personnes qui sont dans l’asservissement dans notre pays. Il a indiqué que ce panel rentre donc dans ce cadre, à savoir accompagner le Mali dans le processus de mise en place d’un cadre juridique spécifique de répression du phénomène sous toutes ses formes. Toutefois, pour y arriver, il a fait savoir qu’une approche s’impose.

C’est pourquoi, va-t-il indiquer, son organisation travaille sur le sujet, en consortium avec trois autres organisations, à savoir l’Association des Juristes Maliennes(AJM), l’Association au Regard des Couches Vulnérables(ARCV) et l’Association pour la Consolidation de la Paix, le Développement, la Protection et la Promotion des Droits Humains(TEMEDT). Le président de la COMADDH, a rappelé que le panel s’inscrit également dans la double perspective de la commémoration de la Journée internationale pour le Droit à la Vérité. Pour sa part, le directeur Pays ABA ROLI a indiqué que le but de ce projet pour son organisation est d’appuyer les structures juridiques, communautaires et intentionnelles nécessaires aux efforts soutenus et menés au Mali pour lutter contre l’esclavage par ascendance.

Selon lui, l’un d’objectifs du projet vise donc, à renforcer le plaidoyer mené par les organisations maliennes des sociétés civiles en faveur de l’adoption d’une loi portant répression de l’esclave par ascendance et des pratiques assimilées. Pour lui, il s’agit de cerner les avancées, les défis et les éléments de proposition pour l’adoption d’une législation nationale réprimant l’esclave par ascendance ; la mise en place d’un groupe de plaidoyer pour l’adoption d’une législation nationale de lutte contre le phénomène. Il a rappelé que son organisation intervient dans notre pays depuis septembre 2010, année à laquelle, elle a lancé le programme de lutte contre l’esclavage par ascendance dans notre pays.

Et, depuis, le directeur Pays d’ABA ROLI dira que son organisation travaille au côté des autorités Maliennes dans l’élaboration des stratégies de justice transitionnelle afin de soutenir, aux côtés de la Commission Vérité, Justice, et Réconciliation et des Organisations Maliennes de la Société Civile, les victimes de violations des Droits Humains lors du récent conflit dans notre pays. Le représentant de l’Etat, Dr Contin Marie Thérèse Dansoko, a rappelé la Charte de Kurukanfuga en 1236 pour indiquer que le Mali est une vielle terre des Droits de l’Homme, bien avant la déclaration française des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, bien avant le « Virginia bill of right » de 1776 qui est la source du Droit Américain et bien avant également la déclaration universelle de 1948 qui fixe l’idéal commun que la Communauté Internationale d’aujourd’hui doit s’efforcer d’atteindre.

Elle a signifié toute sa satisfaction du fait que notre pays est déjà sur la bonne voie dans la lutte contre ce phénomène. Selon elle, le Mali a renforcé davantage les actions de sensibilisations pour renforcer tous les acteurs concernés par la question (pratiquants de l’esclavage, esclavagistes, esclaves, antiesclavagistes de tout bord) afin qu’intervienne dans une démarche volontariste l’abandon du phénomène et que la loi ne soit que le couronnement de ce processus. Elle a encouragé la COMADDH pour son initiative et a rappelé les différentes conventions que notre pays a ratifiées par rapport au phénomène.

Elle a rassuré que depuis un certain temps, son département travaille à mettre en place un cadre juridique de répression de l’esclavage au Mali. C’est dire que la question révèle une importance capitale pour son département, a-t-elle indiqué. Le représentant du ministre de la Justice Garde des sceaux, a invité l’ensemble des organisations des Droits de l’Homme à s’approprier du cadre juridique et institutionnel que programmatique au triple niveau international, régional et national en vue de jouer efficacement leur rôle, celui d’accompagner le processus de mise en place d’un cadre performant de lutte contre l’esclavage.

Fakara Faïnké

Source: Le Républicain