L’extraction du sable et de gravier à Bamako est un travail rentable pour bon nombre de gens mais difficile, voire dangereux.

Le Mali est un pays riche en sable et en gravier depuis. L’extraction de ces matières attire beaucoup de gens qui y gagnent leur pain. A Bamako et environs, la plupart des constructions sont faites à base de sable, gravier et du ciment. Le sable et le gravier ne sont pas seulement utilisés pour construire des maisons, on les utilise pour faire des pavées et des carreaux.

A Kabala, l’extraction du sable et de gravier est pratiquée majoritairement par des saisonniers. Le travail n’est pas facile et ceux qui sont dans le domaine courent des risques reconnait un ouvrier : « dès 13h nous rassemblons 6 à 10 pirogues et les attachons à un seul moteur. A 14h nous partons à la recherche du sable à Djoliba. Dans chaque pirogue, il peut avoir quatre personnes ou plus. Il y’a les plongeurs, ceux qui le remontent ainsi que le conducteur. On apporte aussi à manger », explique-t-il.

« Après tous ces préparatifs nous partons vers 14h à la recherche du sable et des graviers. Nous arrivons à destination qu’aux environs de 20h. Sur place, chacun détache sa pirogue et nous descendons sous l’eau. Souvent l’eau peut arriver jusqu’au niveau du cou ou la poitrine selon la crue et la décrue. Ensuite nous nous donnons rendez-de-vous pour rattacher les pirogues. Le départ est fixé à 23h, pour arriver au point de départ à 3h du matin ».

Après une fatigue générale, les ouvriers se reposent toute la matinée. A midi, c’est l’heure où ils se frottent les mains. Chacun peut gagner 6 000 F CFA voire jusqu’à 10 000 F selon les saisons.

La vente du sable et du gravier varie en fonction des périodes aussi. Il y a des moments où les prix montent ou chutent, témoigne ce commerçant de sable : « la fraîcheur nous arrange beaucoup car l’eau monte à un niveau stable et nous transportons beaucoup de sables et de graviers. La rémunération des employés augmentent en ce moment ».

Dans la zone de Kabala, plusieurs jeunes exercent l’extraction du sable pour son côté lucratif. C’est un travail harassant qui demande de la force et de l’énergie. Les femmes aussi ne restent pas en marge de ce travail. Leur journée commence dès 6h. Elles déchargent les sables dans les pirogues en groupe de 5 à 6 personnes. Une fois le travail fini, elles se partagent l’argent. En fin de journée, chacune peut gagner 6 000 F CFA ou 7 000 F CFA, selon la quantité du sable. Des fois, elles peuvent décharger plus de 5 pirogues par jour.

D’ouvrier au chef d’équipe

Avec les économies tirées de l’activité, certains franchissent le pas : d’ouvriers, ils montent leur équipe. Amadou Adiango, chef d’équipe se souvient de ses débuts, il y a plus de 7 ans de cela : « Au départ, je n’étais qu’un simple ouvrier. J’ai dû faire des petites économies pour m’acheter une pirogue car je voulais être indépendant. Aujourd’hui, j’ai mes propres pirogues, un moteur et j’emploie mes propres frères et cousins. Chaque jour, j’envoie ces jeunes qui vont extraire le sable. Les femmes aussi jouent un rôle en les déchargeant. Chaque jour, nous pouvons prendre 75 000 F CFA ou 100 000 F de carburant pour la navette aller et retour. Je paye mes employés en fonction du travail qu’ils font. Par exemple, je paye le conducteur entre 20 000 F à 25 000 F CFA. Les ouvriers gagnent 6 000 F CFA, souvent plus. C’est en fonction de la quantité de sable qu’ils amènent. Et si le sable vient, les femmes sont payées selon la quantité de sable soit 6 000 ou 7 000 F CFA par groupe. Je cherche des clients pour payer le sable ou le gravier. Un chargement de camion de sable est vendu à 75 000 F CFA ou plus selon les besoins du client ».

Si l’extraction du sable et de gravier fait vivre des jeunes et femmes aujourd’hui, des jours sombres guettent beaucoup d’entre eux.

En quête de bien-être, certains y laissent leur vie des suites d’un accident sous l’eau. Dans certains cas, les vagues emportent toute une pirogue. A cela, s’ajoutent des blessures causées par des tessons de bouteilles jetées dans l’eau ou des maladies infectieuses. Très souvent, ils sont obligés de donner de l’argent aux superviseurs.

Ahmed Sagara

(stagiaire)

Source: Mali tribune