Inculpés de séquestration, viol, vol qualifié, menace de mort et détention illégale d’arme à feu et d’arme blanche, Siaka Samaké, Siramakan Niaré dit Karamoko et Mahamadou Diallo dit Kirikou ont comparu le lundi 16 novembre 2020 devant la Cour d’assises. Ils ont vu leur dossier renvoyé à la session prochaine pour complément d’informations. En entendant ce procès, nous relatons les faits tels que présentés dans l’acte d’accusation.

Selon l’information, dans la nuit du 8 au 9 janvier 2017, aux environs de 2h du matin, des individus ont fait irruption au domicile de Dr Modibo Sangaré sis au Point G. Malgré le verrouillage des portes, les assaillants ont pu entrer dans toutes les chambres, y compris dans la chambre principale. Après s’être assurés de son identité, ils lui ont laissé entendre qu’une personne de son service, avec laquelle il ne s’entendait pas, les a envoyés pour attenter à sa vie, avant de lui demander de leur donner de l’argent. N’étant pas satisfaits des propos de Modibo Sangaré, les assaillants ont commencé à fouiller partout dans la chambre de celui-ci.

Au cours de cette opération, ils ont pris des téléphones portables, des habits, une caméra, un ordinateur portable, ainsi que les frais de condiments du mois de son épouse et beaucoup d’autres objets. Pendant que les autres fouillaient la chambre, un des assaillants pointait une arme à feu sur la nuque de Modibo Sangaré. Après, ils l’ont ligoté et bandé la bouche, avant de l’enfermer avec son épouse dans la chambre, pour ensuite se réfugier dans la chambre de ses enfants. Mais avant, ils avaient aussi enfermé le premier garçon et la fille de 4 ans de Modibo dans la toilette commune.

Lorsqu’ils sont entrés dans la chambre des enfants où se trouvaient les deux filles, ils les ont violées à tour de rôle et emporté des téléphones portables. Après leur forfait, ils les ont tous enfermés dans les chambres avant de se retirer vers l’aube. C’est la première fille de Modibo Sangaré qui a pu trouver le moyen d’ouvrir la porte de la chambre pour appeler son oncle qui logeait à côté afin qu’il vienne ouvrir la porte de la chambre où Modibo Sangaré et sa femme étaient enfermés.

Le lendemain, Modibo a porté plainte à la Brigade d’investigation judiciaire où les susnommés ont été interpellés. Sans un procès-verbal d’enquête préliminaire, le procureur de la République optait pour l’ouverture d’une information judiciaire au cours de laquelle les nommés Siaka Samaké, Siramakan Niaré dit Karamoko et Mahamadou Diallo dit Kirikou ont été inculpés pour les infractions précitées.

Tant à l’enquête préliminaire que devant le Magistrat instructeur, les inculpés réfutent tour à tour les faits qui leur sont reprochés. Siaka Samaké, dans sa stratégie de dénégation systématique des faits, explique qu’il ne faisait pas partie des individus qui ont agressé la famille de Modibo Sangaré, que les habits dont Sangaré parlait en disant que c’est les mêmes habits qu’il portait au moment des faits sont toujours avec lui et qu’il peut y avoir des ressemblances entre les personnes, mais que ce n’était pas lui. Aussi, affirme-t-il, qu’il n’a jamais tenu une arme à feu entre ses mains et qu’il ne pourra même pas pointer du doigt le domicile de Modibo Sangaré. Il va plus loin en expliquant que, le jour des faits, il a passé la nuit au CHU du Point G, précisément au centre Ebola, dans la salle d’attente avec d’autres travailleurs.

Quant à l’inculpé Mahamadou Diallo dit Kirikou, lui aussi soutient qu’il n’a jamais vu Modibo Sangaré si ce n’était le jour de leur confrontation et qu’au moment des faits, il n’était pas au Point G, mais plutôt à Daoudabougou pour les congés. Il ajoute que c’est à son retour qu’il a appris la nouvelle.

Siramakan Niaré dit Karamoko soutient également que, la nuit des faits, il était à son poste de travail car il était gardien de nuit au compte de Mali-sécurité et même pendant ses jours de repos, il ne sort pas la nuit.

Considérant que les allégations avancées par les inculpés ne sauraient prospérer puisqu’elles ont été battues en brèche par les déclarations cohérentes de la partie civile, qu’au moment où ils commettaient leur forfait, ils étaient à visage découvert et il y avait de la lumière, que cela a permis à la partie civile, Modibo Sangaré, de les identifier. Lors de la confrontation des parties civiles avec les inculpés, Sangaré a déclaré qu’à trois reprises le nommé Siaka lui a pointé son arme et portait les mêmes habits. Au même moment, Siramakan Niaré dit Karamoko était arrêté à la porte et a un trait particulier au visage qui permet de l’identifier.Quant au nommé Mahamadou Diallo di Kirikou, il s’était fait passer pour un étudiant arabisant revenant du Maroc et était en train de consoler l’épouse de Sangaré. Mieux, il s’était contredit lors de son interrogatoire sur le fond en date du 16 mai 2019, en disant dans un premier temps qu’au moment des faits il était à Daoudabougou pour les congés, pour ensuite dire qu’il était au Point G.

Ces différents actes prouvés constants, commis en connaissance d’éléments à charge tendent à établir contre les inculpés les crimes. Après plus de 2h à la barre, la victime Modibo Sangaré déclare que les assaillants étaient au nombre de quatre, mais qu’il ne sait pas pourquoi le quatrième n’a pas été arrêté et entendu.

Le ministère public signale qu’ils n’ont pas connaissance de cela, que ce n’est pas mentionné dans le dossier et que l’audience ne doit pas être suspendue pour ça.

L’avocat de la défense a pour sa part indiqué qu’après 3 ans de détention de ses clients, il serait préjudiciable de les garder encore dans la prison sans condamnation. Il a plaidé pour la liberté provisoire de ses clients en entendant la prochaine session en 2021.

Finalement, le président de la Cour a suspendu l’audience pour complément d’information tout en approuvant la demande de la défense.                              Marie DEMBELE

 

 

Source: Aujourd’hui-Mali