Pour avoir introduit un couteau chauffé dans le vagin de la fillette Djeneba Ndiaye, Aminata Haidara a été condamnée à cinq ans de prison ferme, par le tribunal de la CVI. Cette affaire  vient de connaître un nouveau rebondissement le mardi 10 juin au niveau de la Cour d’Appel de Bamako. Sur l’Appel interjeté par les avocats d’Aminata Haidara suite à sa condamnation par le Tribunal de Première Instance de la CVI le 31 mars dernier, les juges d’Appel, à leur audience correctionnelle du 10 juin, avaient tenté de libérer la dame après un sursis banalisé qu’ils l’avaient accordé. N’eut été la vigilance du Procureur Général Daniel Amagoin Tessougué, l’affaire d’Aminata Haidara serait, en fait, étouffée ce 10 juin au niveau de la Cour d’Appel.

 FILLES VIOLENCE assassine MASSACRE VIOL MORT

Comme nous avions annoncé d’y revenir dans nos précédentes parutions (du mardi 11 mars sous le titre « l’épouse d’un maitre coranique introduit un couteau échauffé dans le vagin d’une fillette de 12 ans », relatif à la découverte des faits  et du mardi 1er avril 2014 sous le titre « Pour avoir introduit un couteau chauffé dans le vagin de la fillette Djeneba Ndiaye, Aminata Haidara condamnée à cinq ans de prison ferme ! »,), en raison de la gravité du double crime commis et des bras cachés pour les faire disparaître. Eh bien, l’affaire a connu un nouveau rebondissement, bien malheureux au niveau de la Cour d’Appel de Bamako.

Juste après la fin de l’audience,  qui avait accordé le sursis à la dame, on a fait monter le dossier d’Ordre de mise en liberté de la dame au secrétariat du Procureur général (parce que c’est lui qui signe l’Ordre de mise en liberté). Comme si l’on voulait vite étouffer cette affaire dont la victime n’est autre qu’une innocente de 12 ans, traitée d’esclave en plus.

Heureusement que le PG s’en est vite rappelé du nom d’Aminata Haidara dont les faits reprochés sont d’une extrême gravité et avaient touché toutes les bonnes consciences. Pour plus de clarté sur les faits, celui-ci sursît sa signature  et contacta immédiatement le procureur de la CVI qui fut le premier à connaitre le dossier  et orienter les PV. Comme au Parquet Général, au parquet de la CVI (tout comme au Tjikan), l’on suivait de près cette affaire. Du coup le doute s’est semé dans les esprits sur la sincérité de la suite donnée à cette affaire au niveau de la Cour d’Appel.

La hauteur d’esprit du PG Daniel Téssogué !

Le procureur de la CVI rappela aussitôt au PG que la procédure contre Aminata Haidara est une procédure en deux parties. Deux PV avaient, en effet, été orientés en même temps contre elle par le parquet de la commune VI. L’un sur des faits de coups et blessures volontaires sur la fillette, faits pour lesquels elle a d’ailleurs été condamnée à 5 ans par le Tribunal, et l’autre sur des faits de traite de personnes et pratiques assimilées (esclavage) contre Aminata et son mari, un dossier criminel qui n’avait pas encore fait l’objet d’instruction. Et séance tenante, au titre du second PV, le procureur de la CVI saisît le Président du Tribunal pour l’opportunité de l’ouverture d’une information judicaire contre dame Aminata Haidara et complices en l’occurrence son mari, pour des faits de traite de personnes et assimilées, prévus et punis par la loi N° 2012-023 du 12 juillet 2012 par la réclusion de 10 à 20 ans. Aussitôt le doyen des juges d’instruction fut désigné et celui-ci formalisa immédiatement un mandat de dépôt contre Aminata Haidara qui continuera à  séjourner en prison à Bollé. Quant à son mari, il reste introuvable pour l’instant.

Rappelons que l’affaire sur les premiers faits dont l’appel en est survenu avait été jugée par le Tribunal de la commune VI le lundi 31 mars. Prévenue de coups et blessures volontaires, Aminata Haidara a été condamnée à cinq ans de prison ferme (le maximum prévu par le code pénal pour les faits de coups et blessures). Le Tribunal l’avait condamnée en outre, à la prise en charge intégrale de la fillette jusqu’à la  guérison totale de ses blessures.

 Rappel des faits

Le crime odieux reproché à dame Aminata Haidara remonte au 28 février dernier quand la fillette Djeneba assujettie à l’esclavage avait uriné dans le même récipient réservé à l’enfant de Mme Aminata Haidara. Et du coup, cette dernière comme si elle avait un droit de vie et de mort sur sa victime, n’a pas  trouvé mieux que de chauffer son couteau de cuisine pour ensuite l’introduire dans le vagin de la victime. Après son forfait, l’auteur n’a pas daigné apporter les soins ni l’assistance pour sauver la victime qui était enfermée chez elle pendant trois jours. N’eut été la vigilance d’une voisine, la petite Djeneba succomberait certainement des suites de ses blessures et du manque de soins à temps.

Selon les informations, confirmées par le père de la victime, Djeneba est la fille de l’esclave du père de dame Aminata Haidara dans le village de Koniakari dans la région de Kayes. La fillette a été enlevée depuis l’âge de 6 ans pour servir de  servante à Aminata. Depuis la découverte des faits en mars dernier, l’affaire a coulé beaucoup d’encre et de salive au Tribunal de la commune VI.

En effet, depuis la survenance des faits, on ne cesse de s’intéresser, au niveau de la CVI, de savoir le sort réservé à dame Aminata Haidara qui avait porté ce coup dur à la féminité d’une innocente. Le Tribunal est parvenu à juger vite Aminata, en la condamnant au maximum de la peine prévue par la loi et ce, malgré toutes les formes d’interventions. La dame et sa famille marabout avaient défié quiconque  qu’elle ne restera pas en prison. Chapeau donc aux magistrats de la CVI pour la diligence dans le traitement de cette affaire, notamment au substitut Mahamane Agaly Maiga, un héro qui a résisté à plusieurs forces, politiques, religieuses et financières. Misent en branle pour accorder la liberté provisoire à la dame Aminata Haidara. C’était en mars.

Avec cette attitude des juges de la Cour d’Appel, qui avaient accordé une condamnation avec sursis occasionnant la mise en liberté de l’accusée, il sied aux organismes de protection des droits des enfants en particulier et des droits de l’homme en général de veiller sur cette affaire. Afin que sa retombée sert de jurisprudence, pour que les enfants innocents ne soient plus victimes de telle atrocité au nom d’un principe d’esclavage.

Nous y reviendrons.

Daniel Kouriba

SOURCE: Tjikan