Ils (thérapeutes) se baladent pour vendre des produits qu’ils prétendent être des remèdes à tous les maux. On les appelle les « Haoussas » à Bamako : certains sont honnêtes, d’autres des charlatans.

Ce jour-là, à la veille du Ramadan 2019, je rentrais du travail vers 14 heures, très épuisé, sous un soleil de plomb.  Un homme élancé, tenant un sachet plastique en main contenant des petites boules de poudre de toutes couleurs m’a suivi, jusqu’à la maison. Il m’a abordé en me tendant un sachet de couleur verte tout en m’expliquant que c’était la solution à tous mes problèmes.

Pour le chasser sans le vexer, j’ai répondu que j’étais bien portant et qu’en plus, je n’avais pas d’argent sur moi. C’est alors qu’il m’a fait comprendre que le paiement se ferait à ma convenance. Alors, j’ai pris le sachet en lui remettant 100 francs CFA afin qu’il me laisse en paix.

L’arme de la réthorique

Beaucoup de ces commerçants de produits traditionnels sont, pour la plupart, des oiseaux de mauvais augure. Ils sont spécialistes de tous les maux. La rhétorique est leur véritable arme de combat. Il leur suffit d’un trajet d’ascenseur pour te prendre dans leur piège, si tu ne fais pas preuve de vigilance. Je veux parler de ces colporteurs de médicaments venant du Niger et du Nigeria, communément appelés les « Haoussas », appellation renvoyant à l’ethnie dont ils sont issus.

A Bamako, il n’est pas rare d’en croiser dans les rues, qui apostrophent tout passant, hommes et femmes, en leur proposant des produits relevant de la pharmacopée traditionnelle, y compris des aphrodisiaques. Pour beaucoup, il s’agit de vrais charlatans. Dans la capitale, les années 97 ont été les plus folles : la rumeur sur les Haoussas « rétrecisseurs de sexes » battait son plein, et a même débouché sur des lynchages.

Mauvais sort

Une amie de ma femme, qui a arrêté son commerce depuis un accident dont elle a été victime, était assise en train de faire du thé. Comme par miracle, le jeune pseudo-guérisseur lui a fait comprendre que son  mal est la résultante d’un mauvais sort. Voyant la dame surprise, il lui a demandé un peu de sucre qu’il a mis au milieu d’un papier. Sur le papier, je pouvais voir des écritures ressemblant à de l’Arabe. Il a ensuite fermé le papier sur le sucre en récitant des incantations avant de l’ouvrir. Surprise : le sucre est devenu une poudre jaune. Il lui demanda de garder cette poudre soigneusement, car bientôt elle allait être la source de son bonheur.

Cela a tenté ma femme. Elle qui, d’habitude, se méfie de ces choses a fini par lui faire confiance. Le jeune « magicien » lui a demandé de la cendre et une bague en argent qu’il a mis au milieu de la cendre avant de recouvrir ce mélange, toujours en récitant des incantations. Il le tendit à ma femme en lui interdisant de l’ouvrir avant une semaine.

Trois pagnes et une bague

Le prix : trois pagnes wax. Malgré mon opposition, elle me supplia de la laisser faire. J’ai fini par donner le feu vert, malgré moi. Le délai arrivé, une autre surprise : ni la bague ni la cendre ne se trouvaient dans le sachet. Or, le jeune homme lui avait signifié de porter sa bague après la date butoir afin de voir tous ses vœux se réaliser. Confuse, elle ne savait plus quoi me dire.

J’avais compris qu’au fond, il s’agissait de cette affaire de « charlatan », puisque malgré toutes ses tentatives pour me faire croire qu’il était un grand guérisseur, je ne lui avais pas fait confiance. Raison pour laquelle j’ai jeté la poudre qu’il m’avait remise, dès qu’il est reparti.

Aïssata, une amie à ma sœur, m’a confié que son père les chasse de chez lui à chaque fois qu’ils se présentent. Mais, selon elle, il n’a jamais voulu en dire les raisons. Tout ce qu’il donne comme argument, c’est qu’ils sont mauvais.

Beaucoup disent d’eux plus de mal que de biens. La seule personne qui s’est montrée bienveillante à leur égard est une vieille dame de mon quartier. D’après elle, c’est le produit d’un « Haoussa » qui lui a permis de marcher lorsqu’elle était clouée au sol par la paralysie.

Comme dans toutes choses, cela prouve qu’ils ne sont pas tous les mêmes. À charge pour nous d’être prudents.

Source: benbere