Quelques coups d’œil dans la cour l’a appris qu’aucune vie humaine ne veillait à cette heure tardive de la nuit. Et hop ! Il a escaladé le mur d’enceinte, du côté opposé au logement de deux pièces du gardien et a pris la direction du petit enclos fait en bois et tôles. S’il est arrivé à soulever une à une les perchettes qui ont servi de fermeture de la porte, par mégarde son pied a heurté une qui est effleurée la tôle clouée à la l’horizontale. Le bruit sec émis, suivi du bêlement des moutons, ont fait sursauter le gardien de son lit. De pas décidés, il a entrebâillé la porte. De son poste d’observation, il a vu au clair de la lune un intrus qui passait la corde autour du cou du plus beau bélier. Le gardien  s’est muni d’une torde puissante, s’est emparé de sa manchette et est parti à son abordage.

Le visiteur nocturne, qui n’a rien remarqué d’anormal, a pris la direction du portail qu’il a ouvert après son intrusion. Le gardien s’est placé derrière l’arbre sans être vu, mais vite trahi par ses éternuements. Le voleur désemparé a arrêté brusquement sa progression. Il a beau hoché la tête, regardé dans la direction où les éternuements sont partis, rien. Son cœur a semblé bondir de sa poitrine. Après au moins deux minutes d’arrêt, il a repris la marche, tenant deux cordes à l’extrémité desquelles deux béliers dociles. Peut-être que son cerveau a vite minoré cet incident. Arrivé à hauteur de l’arbre, un moins de trois mètres du seuil de la porte, contre toute attente, il a sentir l’enfer s’abattre sur lui. Vif comme l’éclair, le gardien lui a administré un coup de coupe-coupe qui a arraché l’oreille gauche, percé l’œil gauche. Le sang a giclé, trouant de peur le gardien qui s’en est débarrassé à la première intersection de la rue, le laissant pour mort.

Au lieu de regagner tranquillement sa chambre, le gardien s’est assis sur le toit de son logement. Il n’est pas donné à tout le monde la chance de trouver le sommeil après avoir donné la mort à son prochain quelque soit le mobile. Son observation a duré des heures jusqu’au premier appel à la prière du muezzin. Sous ses yeux étonnés, celui qu’il a cru mort s’est relevé doucement et disparu en tournant dans la rue qui conduit à la rivière jouxtant la mangueraie, sur la route de Mountougoula. Le gardien a poussé un ouf de soulagement, remis pied sur terre et reparait l’oubli de remettre  deux  béliers dans l’enclos.

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Les 10 bûcherons maliens: 

Recouvrent la liberté

Les tronçonneuses ronronnaient, le bruit de ces engins et le vacarme provoqué par la chute des arbres abattus alertaient une patrouille des agents des Eaux et forêts de la Cote d’Ivoire qui sans peine mettaient le grappin sur les dix bûcherons maliens. Ceux-ci étaient forts étonnés. Ils avaient requis et obtenu des chefs coutumiers du village de Sama, localité située sur le territoire malien, l’autorisation d’abattre des arbres. Un périmètre a été affecté à cet effet. Il était donc inadmissible que leur activité débouchât sur une interpellation. D’ailleurs, ils se trouvaient bel et bien sur le versant malien.

Mais voilà, ils étaient interpellés, puis conduits devant le procureur de Boundiali et écroués à la Maison d’arrêt et correctionnelle de la même ville. Des âmes généreuses, qui s’étaient lancées à leur recherche, apprenaient que l’issue du procès ne leur avait pas été heureuse, puisqu’ils étaient condamnés à trois mois de prison ferme et au paiement des dommages évalués à 15 millions de F CFA.  Le tribunal leur reconnaissait coupables d’intrusion et d’abattage clandestin d’arbres de la forêt classée.

Le chef de village, le maire et d’autres notabilités appelés à la rescousse opposaient une fin de non recevoir. Les 10 détenus criaient famine en se plaignant et de la quantité et de la qualité des repas distribués, en appelaient à la générosité de leurs compatriotes.

Finalement, la diplomatie malienne avait langue avec la partie ivoirienne afin de trouver une issue heure à cette affaire. Des efforts couronnés de succès, puisque la semaine dernière les cinq derniers incarnés ont été libérés, cinq l’ont été précédemment. Tous ont rejoint leur terre natale.

Source: Journal L’Informateur- Mali