Pour la période 2018-2023, le gouvernement Soumeylou Boubèye MAIGA vient de concocter un ambitieux programme d’infrastructures économiques. La réalisation dudit programme nécessite de fonds colossaux dont le gouvernement n’a pas.  C’est pour cela qu’il a décidé de faire recours aux opérateurs économiques maliens. Pourquoi des privés maliens doivent investir au Mali ? Et dans quels secteurs ?

Ces questions parmi tant d’autres, étaient au centre d’une rencontre entre le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), présidé par Mamadou Sinsy COULIBALY et le gouvernement du Premier Ministre Soumeylou Boubèye MAIGA (SBM). Plusieurs orateurs se sont succédé au micro. Il s’agit du Premier Ministre ; du président du CNPM ; des ministres des Infrastructures et du Désenclavement, Mme TRAORE Seynabou DIOP ; Dr Boubou CISSE, ministre de l’Economie et des Finances ; DIALLO du CNPM ; Seydou COULIBALY, 1ervice président du CNPM.

Le Président Mamadou Sinsy COULIBALY, s’est réjoui de cette initiative du gouvernement. « C’est un réel plaisir de vous souhaiter la bienvenue dans la maison de l’entreprise. Un vaste chantier pour amener le Mali à la croissance. Le secteur privé, depuis ses différentes rencontres avec les candidats. Partenariat Public Privé. Les attentes sont immenses. C’est une formidable opportunité pour les opérateurs économiques, qui restent ouverts et disponible pour un nouveau départ ».

Lors de la rencontre, le Premier ministre Soumeylou a rappelé que pour réaliser un programme aussi ambitieux et important, il y a trois éléments indispensables si chères au président Ibrahim Boubacar KEITA. Ces trois éléments sont : la Paix, la Stabilité et la Volonté. Le Gouvernement s’efforce à promouvoir un environnement politique apaisé dans le respect des principes démocratiques. « Nous allons cristalliser ce programme dans une loi de programmation de manière à ce qu’il y ait une sorte de consensus sur le fait que ces réalisations soient indispensables pour le pays et qu’elles n’aient rien à voir avec les orientations politiques des uns et des autres. Le programme d’infrastructures économiques pour la mandature 2018-2023 doit constituer un patrimoine qui nous est commun. C’est un socle sur lequel notre économie doit se développer et prospérer », a martelé le Chef du Gouvernement. Il est important de trouver une ingénierie financière qui ne met plus le budget de l’Etat au cœur de ces financements. La responsabilité de l’État sera là, lorsqu’il s’agira de donner des garanties nécessaires, supportables et acceptables, de manière à rassurer les investisseurs.

« Nous ne voulons plus que ces infrastructures reposent sur le budget de l’État. Dans la réalisation du Programme d’infrastructures économiques, nous souhaitons que les acteurs nationaux occupent une position importante. Je ne crois pas que le pays pourra se développer en pensant que l’investissement extérieur doit être le plus important », a ajouté Soumeylou Boubèye MAIGA. Ainsi pour les prochaines années, le Gouvernement malien ambitionne d’investir un peu plus de 10 000 milliards de francs CFA dont 5 500 milliards dans l’ambitieux programme de développement des infrastructures. Il s’agira de faire de Sikasso, une zone économique spéciale avec de nouvelles routes qui la relieront notamment à Mopti pour assurer l’évacuation du cheptel, et à Ségou pour l’acheminement des produits agricoles frais ou transformés de l’Office du Niger. Le projet prévoit la construction et le bitumage de nombreuses routes dont celle de 1 075 km qui reliera Tombouctou à la Mauritanie en passant par Taoudenit. La réhabilitation et le renforcement des routes Bamako-Diboli, frontière avec le Sénégal en passant par Kayes (710 km). La route du mil et du sel Koro-Douentza-Tombouctou-Taoudéni) est une route extrêmement importante pour l’exploitation des ressources stratégiques du Nord et le Bassin du Taoudéni, de manière avérée, contient des ressources efficaces. À Gao, notamment dans le Cercle d’Ansongo, il y a du manganèse que l’Etat malien espère pouvoir exploiter, après avoir clarifié la situation actuelle des permis d’exploitations.

Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, le Mali, le Burkina et la Côte d’Ivoire et pourquoi pas d’autres sont dans une dynamique de partenariat Sud-Sud pour la création d’un projet de chemin de fer d’Ansongo-Tambao au Burkina Faso avec un raccordement sur la ville d’Abidjan. Le terrain est ainsi balisé. Il reste à amorcer le cycle des échanges de manière à finaliser un projet cohérent et fédérateur qui peut mobiliser toutes les entités du pays et susciter l’intérêt auprès des partenaires financiers.

Selon Mme TRAORE Seynabou DIOP, ministre des Infrastructures et du Désenclavement, il s’agira de doter le Mali d’un gigantesque réseau routier, avec le Programme d’amélioration de la mobilité urbaine, qui dotera la ville de Bamako d’un 4ème pont. Cinq autres ponts sont prévus à l’intérieur. Il y aura également la construction de port sec pour réduire la circulation de gros porteurs. Désenclaver les zones de production, faciliter l’écoulement des produits et des marchandises vers les grandes villes. Comment prioriser des actions chiffrées à 5 500 milliards de F CFA ?

Le ministre de l’Economie et des Finances explique : « Nous avons des éléments pour  10 000 milliards qui dépassent largement les capacités financières de l’Etat. D’où le recours aux opérateurs économiques. Tout ce qui vient du CREDD 2019-2023 sera validé par le Gouvernement. Il n’y a pas lieu de paniquer, puisqu’il s’agit d’un programme décennal. Le pouvoir public n’a pas la capacité de prendre tout cela en charge dans un environnement mondial où il subit de pression de limitation des dépenses. On pense pouvoir faire recours aux marchés financiers pour lever des fonds. L’Etat sera là pour soutenir les investisseurs privés maliens. Les opérateurs économiques maliens pourraient nouer des partenariats avec d’autres investisseurs. Les billets de trésorerie peuvent financer des investissements. Il faut aller vers la construction et l’exploitation des routes par des opérateurs économiques comme on le voit dans le domaine de l’énergie.

L’Etat créera une entité qui sera distincte du budget d’état. La Caisse de Dépôt et de Consignation pourrait être utilisée pour le financement des infrastructures sans le budget d’Etat. Ces derniers temps, le plateau technique de trois hôpitaux a été amélioré par un investisseur privé et l’ordre de virement permanant et irrévocable sur trois ans. Cette première expérience s’est bien passée. En tout cas, jusque-là, tout marche bien. L’Etat a des ressources limitées et des difficultés dans la collecte et la mobilisation des ressources privées sont récurrentes. Or, un taux de bancarisation faible, de l’ordre de 7 ou 8%, ne permet pas de développer un pays. Les transferts d’argent de la diaspora ne sont pas orientés vers l’investissement. Le taux de pression fiscal de 16% ne permet pas aussi de développer un pays comme le Mali ». Au boulot donc pour le financement de cet ambitieux programme du Gouvernement !

Salif Diallo

 Le Matinal